La COP26 de Glasgow doit officiellement s'achever à 19 heures, heure belge, mais les négociateurs des 197 pays membres pourraient bien, comme souvent, devoir jouer les prolongations. Quel bilan peut-on déjà tirer de cette édition ? Quelques avancées sur les énergies fossiles, le méthane et la déforestation. Et voilà… Autant dire pas grand-chose et clairement pas suffisant pour maintenir le réchauffement à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, comme prévu dans l’accord de Paris.
"Dans les raisons de se réjouir il y a quelques annonces importantes sur le méthane, sur la déforestation, sur le charbon, sur les financements", explique François Gemenne, politologue et membre du Giec, le groupe d'expert sur le climat de l'ONU. "Pour la première fois on a réussi à nommer l’éléphant qui est dans la pièce, qui sont les énergies fossiles", se réjouit Carine Thibaut, porte-parole de Greenpeace Belgique. "Pour la première fois depuis 26 ans était clairement mentionnée la sortie du charbon et la fin des subsides aux énergies fossiles et ça c’était déjà un grand pas en avant."
Une annonce conjointe forte des deux plus gros pollueurs
Autre raison de voir le verre à moitié plein : l'accord de dernière minute entre la Chine et les Etats-Unis pour réduire leurs émissions de méthane, 2ème cause de réchauffement climatique après le CO2. "Politiquent c’est un geste assez fort", analyse M. Gemenne. "Pour le moment c’est uniquement une déclaration de principe mais depuis le début de cette COP, la Chine et les Etats-Unis n’ont pas cessé de s’envoyer des petites piques. On sait qu’il y a des contentieux entre les deux pays sur le plan commercial ou par rapport à Taiwan. Et donc quelque part cette déclaration commune indique que la Chine et les Etats-Unis sont d’accord de mettre leurs différents de côté sur la question du climat." En tout, ce sont plus de 80 pays qui se sont engagés à réduire leurs émissions de méthane de 30% d'ici 2030. Et une centaine d'États ont promis de ralentir, arrêter et inverser la déforestation.
On va toujours vers un monde avec une augmentation de la température de 2,4°C
Voilà pour les réjouissances. Place maintenant aux constats d’échec. "Là où ça restera une déception, c’est que les engagements nationaux ne sont toujours pas alignés sur les objectifs de l’accord de Paris. Et donc pour atteindre cet objectif de hausse maximale des températures de 1,5°C, là clairement le compte n’y est pas et c’est certain que si c’est le seul juge de paix à l’aune duquel on juge le succès ou l’échec de cette COP, à ce moment-là il faudra bien constater que c’est un échec sur ce plan qui reste malgré tout le plus important", tranche clairement François Gemenne.
Il est rejoint par Carine Thibaut : "Il n’y a malheureusement pas encore assez d’engagements concrets et précis, ni de dates. En fait ce sont les heures qui viennent qui vont compter parce que là ce sont les négociations qui vont compter et on jugera de l’ambition de la décision finale sur la COP26 en fonction de la réalité. Mais la réalité actuellement, c’est qu’avec les nouveaux engagements qui ont été pris au début de cette COP, on va toujours vers un monde avec une augmentation de la température de 2,4°C alors qu’on s’est engagé dans le cadre de l’accord de Paris à rester en deçà des 1,5°C."
De plus, "il y aura certainement beaucoup de reproches à faire à cette COP, y compris en termes de logistique et d’inclusion de la société civile", rajoute M. Gemenne.
Le mauvais exemple belge
En Belgique, on n’a pas montré l’exemple. Avec notre impossibilité de parler d’une seule voix, la faute à la Flandre. Gemenne : "C’est sûr que c’est tout à fait lamentable. Évidemment ça n’aura pas eu d’impact sur l’issue finale de la COP mais il est certain qu’on peut se poser la question. Comment peut-on espérer que 197 pays se mettent d’accord si au niveau des entités fédérées d’un petit pays on ne parvient déjà pas à se mettre d’accord ?"
"On n’y arrive pas et du coup on ne rejoint pas la coalition des pays pour la plus haute ambition. On n’arrive pas à augmenter notre financement climat. Donc il faut continuer à mettre la pression sur nos responsables politiques pour l’obtenir", estime Mme Thibaut.
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