Les combats dans le nord-ouest de la Syrie ont rendu de vastes zones de la région d'Idleb inhabitables pour les civils, déplacés en masse dans un secteur de plus en plus restreint et vivant dans des conditions désastreuses, selon un rapport publié mercredi.
Le centre de recherches Harvard Humanitarian Initiative (HII) a analysé des images satellite de villes et camps dans la province d'Idleb, où le régime syrien, soutenu par des bombardements russes, mène une offensive d'envergure depuis décembre, avec pour conséquences collatérales des heurts avec l'armée turques toute proche.
"Dans les zones examinées, les chercheurs ont estimé qu'environ un tiers des bâtiments ont été endommagés de manière significative ou détruits", selon un communiqué accompagnant le rapport écrit par le HII, le centre de l'université américaine Harvard, avec les ONG Save the Children et World Vision.
"Après la fuite d'une majorité des habitants de ces zones avant ou durant l'offensive, les destructions de maisons et d'infrastructures vitales rendront quasiment impossible un retour des familles dans un futur proche", affirme le rapport.
Les images satellite analysées dans le rapport montrent aussi des champs agricoles se remplir en quelques mois de camps pour les déplacés, ainsi que des villes et villages détruits.
Le régime de Damas, appuyé par des raids aériens russes, et ses alliés ont repris de vastes pans de territoires depuis décembre, provoquant un des plus importants déplacements de civils depuis le début de la guerre en 2011.
En proie aux bombardements quasi quotidiens d'écoles et d'hôpitaux, les civils ont déserté les villes pour rejoindre des secteurs plus au nord, frontaliers de la Turquie, où vivent trois millions de personnes, dont un tiers ont été récemment déplacées.
La partie de la région d'Idleb, dernier bastion insurgé, encore contrôlée par les rebelles, soutenus par Ankara, et les jihadistes, fait à peine la superficie de Majorque.
"Dans le meilleur des scénarios, qui est un cessez-le-feu immédiat, cela prendrait des mois, sinon des années, pour d'abord reconstruire les infrastructures civiles détruites et ensuite rétablir la confiance avec ces communautés pour qu'elles rentrent chez elles", affirme Joelle Bassoul, porte-parole de Save the Children.
Dans un autre rapport publié lundi, la Commission d'enquête internationale sur la Syrie (COI) de l'ONU a estimé que le régime avait intentionnellement ciblé des infrastructures civiles pour faire fuir la population et faciliter une reconquête.
"Des attaques menées par les forces progouvernementales ont visé des infrastructures civiles", dénonce le rapport. "Des zones civiles sont ainsi devenues inhabitables", accuse la COI, évoquant les villes de Maaret al-Noomane et Khan Cheikhoun.
Selon la COI, la destruction de ces villes a été menée "dans une tentative d'accélérer la conquête d'autoroutes stratégiques".
L'offensive depuis décembre a tué plus de 470 civils, selon l'OSDH, et poussé à la fuite près d'un million de civils, dont plus de la moitié sont des enfants, d'après l'ONU. Des dizaines de milliers d'entre eux dorment dehors, en plein hiver.
Les présidents russe et turc doivent se rencontrer jeudi à Moscou pour discuter de la situation à Idleb.
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