Jason Day et Rory McIlroy en tête, le gotha mondial du golf boude les JO-2016 de Rio par peur du virus Zika, compromettant ainsi le label olympique, à peine retrouvé et contesté par beaucoup, de leur discipline.
Après 112 années d'absence, le golf a raté son rendez-vous olympique, avant même que le premier coup soit frappé sur le spectaculaire parcours de Barra da Tijuca, tracé en bord de mer.
Quatre des dix meilleurs joueurs de la planète, dont le N.1 mondial Jason Day, ont fait une croix sur le rendez-vous de Rio (5-21 août). Et ce n'est sans doute pas fini: l'Américain Jordan Spieth, N.3 mondial, s'interroge toujours sur sa participation.
Le responsable de cette épidémie de forfaits, touchant également le circuit féminin, s'appelle Zika, ce virus qui sévit actuellement au Brésil. Transmis par des piqûres de moustiques, le Zika peut être responsable de fièvre, de douleurs articulaires et dans certains cas beaucoup plus rares de problèmes neurologiques et, pour les femmes enceintes, de malformation grave du foetus.
Le risque était trop élevé aux yeux de Jason Day: "Des médecins ont confirmé que décider de concourir à Rio signifie forcément prendre un risque, même peut-être faible, pour ma santé et celle de ma famille", a-t-il résumé.
- Comme le tennis dans les années 1990 -
Les raisons invoquées par Day, McIlroy et consorts passent mal parmi les autres sportifs, notamment aux Etats-Unis.
"Les JO pour l'athlétisme, c'est notre Super Bowl", a résumé le champion olympique 2012 du 110 m haies Aries Merritt qui a subi une greffe de rein en septembre et ira à Rio, s'il se qualifie ce week-end, contre l'avis de ses médecins.
La star de la natation Michael Phelps qui espère agrandir lors de ses 5e JO son impressionnante collection de 22 médailles olympiques, dont 18 en or, a assuré la semaine dernière qu'il sera encouragé à Rio par sa future femme et leur nouveau-né, Boomer: "Zika ou pas, ils seront bien là".
Comme les joueurs de tennis dans les années 1990, dont le sport est revenu dans le concert olympique en 1988 après une longue absence, les meilleurs joueurs de golf du monde ne considèrent tout simplement pas l'échéance olympique comme un rendez-vous important.
"La plupart des autres sportifs rêvent toute leur vie de gagner un titre olympique, on rêve, nous, du +Claret Jug+ ou du blazer vert", a admis McIlroy, en référence respectivement au trophée remis au vainqueur du British Open et à la veste que reçoit chaque lauréat du Masters d'Augusta.
"Des JO, j'en ai quatre par an, ce sont les tournois du Grand Chelem", a-t-il poursuivi.
- Tokyo, rendez-vous capital -
L'ancien N.1 mondial va plus loin et laisse entendre que voir des joueurs de golf qui accumulent des millions de dollars sur les parcours du monde entier, se disputer un titre olympique, était incongru.
"C'est injuste pour les sportifs qui s'entraînent pendant quatre ans, qui doivent, pour certains, vendre leur voiture ou leur maison pour pouvoir s'entraîner en vue des JO", a relevé le Nord-Irlandais qui, à 27 ans, a déjà gagné 28 millions de dollars (25,2 M EUR) en gains et primes de victoire.
L'Ecossais Colin Montgomerie n'a pas caché sa déception: "C'est vraiment dommage qu'autant de joueurs du top niveau décident de renoncer", a regretté l'ancien N.2 mondial qui avait défendu la candidature de son sport devant le Comité international olympique (CIO) en 2009.
"Il est clair que l'avenir olympique du golf est moins bon maintenant qu'il y a six mois", s'est inquiété Spieth.
Réintégré par le CIO le 9 octobre 2009 (63 votes pour, 27 contre), le golf joue gros à Rio et plus encore à Tokyo dans quatre ans lors des JO-2020.
"Il faut regarder plus loin si on veut faire grandir notre sport: le golf doit rester olympique, ce qui se passe maintenant est une péripétie, j'aimerais participer aux JO à Tokyo", a espéré Day.
Vos commentaires