La guerre en Ukraine a aussi des conséquences religieuses. L'Eglise orthodoxe d'Ukraine a annoncé cette semaine qu'elle rompait ses liens avec l'Eglise de Russie. Le patriarche de Moscou a plusieurs fois apporté son soutien à l'invasion russe en Ukraine. En Belgique, cette attitude est rejetée par les Ukrainiens, mais aussi les fidèles russes.
Vendredi soir, la branche moscovite de l'Eglise orthodoxe ukrainienne a rompu ses liens avec la Russie à cause de la position du patriarche moscovite Kirill, qui soutient Vladimir Poutine.
A l'issue d'un concile, consacré à "l'agression" russe, a été prononcée "la pleine indépendance et l'autonomie de l'Eglise orthodoxe ukrainienne", selon un communiqué, qui précisé que les relations de l'Eglise ukrainienne avec sa direction moscovite étaient "compliquées ou inexistantes" depuis le début du conflit. Quant à Kirill, "non seulement il n'a pas condamné l'agression militaire de la Russie, mais il n'a pas non plus trouvé de mots pour le peuple ukrainien qui souffre", s'est indigné un porte-parole.
Il a été en prison, il aime les jeunes filles, il aime le ski, il aime les montres en or
Notre équipe s'est rendue à l’église orthodoxe d’Uccle ce dimanche, au moment de la sortie de la messe. Elle est dans toutes les conversations: la décision des orthodoxes d’Ukraine de rompre tous liens avec la Russie. "C'est magnifique. C'est tout ce qu'on veut", nous confie un couple.
Pour ces fidèles, c’en est trop. Ils n’ont pas de mots assez durs pour parler du patriarche Kirill, leur chef spirituel. "C'est devenu n'importe quoi", nous dit la dame. "Ce sont des anciens KGB'istes. Il a été en prison, il aime les jeunes filles, il aime le ski, il aime les montres en or. C'est pas un patriarche ça! C'est loin d'être un religieux!", ajoute son mari.
A la tête de 150 millions de fidèles depuis 13 ans, Vladimir Goundiaïev de son vrai nom partage beaucoup avec le président russe. Outre le prénom, le patriarche est lui aussi originaire de Léningrad, et lui aussi un ancien agent secret du KGB. De quoi nouer une amitié solide et faire sauter les barrières entre politique et religion. Kirill, le patriarche va-t-en guerre, est partisan de l’invasion russe en Ukraine. "Nous ne pouvons pas permettre à des forces extérieures sombres et hostiles de se moquer de nous", a-t-il déclaré publiquement le 27 février dernier à Moscou.
Il y a évidemment une très grande fragilisation de Moscou
Le jour de Pâques, alors que Vladimir Poutine célèbre la fête religieuse avec le patriarche Kirill, les frères Ukrainiens sont bombardés. "L'Église orthodoxe ukrainienne n'accepte pas, condamne et se dissocie complètement des déclarations du patriarche Kirill sur l'agression russe en Ukraine", déclare aujourd'hui Kliment, évêque de l'église orthodoxe d'Ukraine.
Le divorce entre orthodoxes ukrainiens et russes était devenu inévitable. "Il faut savoir que, d'une certaine façon, l'orthodoxie russe est née à Kiev, c'est-à-dire en Ukraine. Si maintenant toute l'orthodoxie qui se trouve en Ukraine se désolidarise du patriarcat de Moscou, il y a évidemment une très grande fragilisation de Moscou", explique Tommy Scholtès, spécialiste belge des informations religieuses.
On le surnomme l’oligarque en soutane. L’homme a bien tenté de gommer sa montre à 30.000 euros sur cette photo officielle, mais il a été trahi par le reflet sur la table en bois verni. L’Eglise russe a fini par reconnaître une grossière erreur.
Un patriarche bling bling que rejettent de plus en plus de fidèles où qu’ils soient. Le patriarcat de Moscou vient de perdre 40% de son église, sans compter les joyaux architecturaux d’Ukraine.
Un second schisme
L'initiative de la branche moscovite de l'Eglise orthodoxe ukrainienne est le second schisme orthodoxe en Ukraine en quelques années. Une partie de l'Eglise ukrainienne, représentée par le patriarcat de Kiev, avait déjà rompu avec Moscou en 2019 à cause de l'ingérence du Kremlin dans le pays.
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