Cinq premiers avions de combat Rafale commandés par New Delhi ont décollé lundi matin de France vers l'Inde, où ils doivent être très rapidement "pleinement opérationnels" selon l'armée de l'air indienne, quelques semaines après un incident frontalier avec la Chine.
Les cinq appareils frappés de la cocarde verte, blanche et orange et pilotés par des équipages de l'Indian Air Force (IAF), ont décollé du site de Dassault Aviation à Mérignac, dans le sud-ouest de la France, annonce l'avionneur dans un communiqué.
Les cinq avions doivent rejoindre mercredi la base aérienne d'Ambala, dans le nord du pays, à environ 200 km des frontières pakistanaise et chinoise.
Ils doivent faire l'objet de plusieurs ravitaillements en vol et faire escale à Al Dhafra, aux Emirats arabes unis, où la France dispose d'une base aérienne.
Pendant leur périple, ils sont accompagnés de deux avions-ravitailleurs A330 Phénix MRTT de l'armée de l'air française, dont un transporte 70 respirateurs, 100.000 kits de tests et une équipe de 10 experts sanitaires afin d'appuyer l'Inde dans sa lutte contre l'épidémie de Covid-19, selon le ministère français des Armées.
"Le personnel navigant et le personnel au sol de l'IAF ont suivi une formation complète sur l'avion, y compris ses systèmes d'armement très avancés, et sont maintenant pleinement opérationnels", n'a pas manqué de faire savoir l'armée de l'air indienne.
C'est un avion "rapide, agile, polyvalent et très meurtrier", a salué sur place l'ambassadeur indien en France, Shri Jawed Ashraf. Il "va renforcer considérablement notre puissance aérienne et notre préparation défensive, mais c'est aussi un symbole puissant du partenariat stratégique entre la France et l'Inde", a-t-il ajouté.
Le premier Rafale, commandé en septembre 2016 à 36 exemplaires, a été officiellement livré à l'Inde en octobre mais les appareils et les équipages sont restés jusqu'ici en France, le temps de former pilotes et mécaniciens.
Les livraisons des appareils restants doivent s'étaler jusqu'en 2022.
"On a réussi à livrer les avions, à former les pilots et mécaniciens à l'heure", malgré l'épidémie de Covid-19, s'est réjoui auprès de l'AFP le PDG de Dassault aviation, Eric Trappier."Tous les engagements sont tenus, y compris en termes de compensations industrielles", a-t-il ajouté.
L'an passé, l'opposition indienne avait accusé le gouvernement d'avoir favorisé le conglomérat privé, Reliance Group, comme partenaire de Dassault, aux dépens de l'entreprise publique Hindustan Aerospace Industries (HAL). Reliance Group est dirigé par l'homme d'affaires Anil Ambani, réputé proche du Premier ministre Narendra Modi.
Il était donc important de montrer que "face aux polémiques qui ont pu exister, l'avion existe" et va permettre aux Indiens "de montrer qu'ils sont train de monter en puissance", selon M. Trappier.
Le Rafale est attendu avec impatience par New Dehli en raison du vieillissement de la flotte disparate d'avions de combat indiens et de tensions frontalières récurrentes avec Islamabad et Pékin.
En février 2019, l'Inde et le Pakistan se sont livrés à des combats aériens, faisant craindre un nouveau conflit entre les deux voisins, qui se sont déjà livré trois guerres, dont deux pour le Cachemire.
Le 15 juin, une confrontation meurtrière, la première en 45 ans, a opposé militaires indiens et chinois au Ladakh (nord de l'Inde), le long de leur frontière contestée, coûtant la vie à au moins 20 soldats indiens.
L'avionneur, dont l'Inde a été le premier client international dès 1953, espère vendre des Rafale supplémentaires à New Delhi. Le géant d'Asie du Sud avait formulé en mai 2017 une demande officielle d'informations pour la fourniture de 57 avions de combat destinés à la marine indienne et une autre en juillet 2018 pour 110 appareils destinés à l'Indian Air Force.
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