L'expression de "loup solitaire" souvent employée pour désigner Larossi Abballa et Omar Mateens ne convient pas tout à fait pour qualifier les deux tueurs, d'après Claude Moniquet.
Ces derniers jours, deux attaques revendiquées par des terroristes ont été perpétrée à 7.000 km de distance. La première, la nuit de samedi à dimanche, visait une boite gay d'Orlando, faisant 49 morts. L'autre attaque visait un couple de policiers, près de Paris : ils ont tous les deux été tués et leur enfant est traumatisé.
À priori, il n'y a aucun point commun entre ces deux actes barbares, si ce n'est le profil des tueurs, auquel nous n'étions pas habitués. On connaissait les profils des combattants entrainés, la plupart du temps dans un camp d'une organisation terroriste, au Yémen, ou sur des champs de bataille en Syrie ou en Irak. On connaissait aussi les combattants qui agissent à plusieurs, et qui bénéficient des conseils et de l'ordre d'un cadre de Daesh ou d'Al-Qaeda avant d'agir. Mais ici, à Orlando comme à Magnanville, les deux tueurs n'ont pas fait de voyage initiatique : ils ont frappé relativement seuls.
Pas des loups solitaires
On les décrit souvent comme des "loups solitaires", mais pour Claude Moniquet, expert en contreterrorisme, l'expression est mal choisie. "Elle donne l'impression que quelqu'un se lève un matin et décide de commettre un acte terroriste. Ce 'est pas comme ça que ça se passe", a-t-il expliqué ce matin sur Bel RTL à Céline Praile.
Pour Larossi Abballa en France et pour Omar Mateens aux Etats Unis, on ne peut pas tout à fait dire qu'ils ont agi tout seul. "Les gens auxquels on est confrontés aujourd'hui sont des gens qui ont été radicalisés par d'autres, rappelle l'expert. Parfois directement, parfois à distance, mais il y a déjà une interaction. Dans beaucoup de cas qui ont été analysés ces dernières années, on voit aussi qu'il y a des complicités avant de commettre l'acte, dans la fourniture des moyens, la fourniture des armes, etc."
Une sorte de "combattant local"
Leur référence à un groupe terroriste s'est faite très tard et la radicalisation, sur internet, de façon isolée. On peut donc parler d'une sorte de combattant local, qui passe plus facilement entre les mailles des services de renseignement, et qui nécessite très peu de débauche d'énergie, pour le prétendu Etat islamique. D'après Claude Moniquet, il faut scinder ce type d'attaque et de profils des attentats que nous avons connus.
"Une attaque comme celle de Paris ou comme celle de Bruxelles le 22 mars, c'est un an de préparation, il faut acheminer les hommes en Europe, les faire rentrer sous la couverture de réfugiés ou par d'autres moyens, trouver des armes, trouver des explosifs, des logements, des voitures, les véhiculer d'une villa à l'autre, les faire agir… Ça prend du temps. Et donc autant d'étapes qui augmentent le risque d'être repéré", estime-t-il encore.
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