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Les responsables musulmans affichent l'unité contre le terrorisme

Les responsables musulmans affichent l'unité contre le terrorisme
Un drapeau tricolore est hissé en haut de la Grande Mosquée de Paris, le 27 novembre 2015PATRICK KOVARIK
 
 

Un dimanche d'unité à marquer d'une pierre blanche: pressés et désireux de "crier haut et fort" contre le jihadisme, près de 400 responsables musulmans de sensibilités très diverses se sont réunis dimanche à Paris, deux semaines après les attentats qui ont fait 130 morts.

Faute de pouvoir manifester sur la voie publique en raison de l'état d'urgence, comme cela avait été prévu la semaine dernière devant la grande mosquée de Paris, le Conseil français du culte musulman (CFCM) avait opté pour un rassemblement à l'Institut du monde arabe (IMA).

Le CFCM, souvent critiqué pour sa faiblesse et son manque de représentativité auprès des quelque 2.500 lieux de culte, a réussi à réunir pour l'occasion presque toutes les fédérations et la plupart des grandes mosquées, jusqu'aux prosélytes rigoristes du Tabligh, en passant par les Frères musulmans de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF).

Le président du CFCM, Anouar Kbibech, a évoqué un "rassemblement historique" dans un islam de France qui échoue le plus souvent à parler d'une seule voix, deux semaines après des "actes barbares qui ne peuvent se réclamer d'aucune religion, d'aucune cause, d'aucune valeur humaine".

"En nous réunissant tous, nous voulons crier haut et fort notre condamnation de ces actes", a-t-il déclaré.

Ce rassemblement sous-titré "tous ensemble contre le terrorisme" s'est ouvert par la lecture en arabe de quelques versets du Coran et s'est conclu par une Marseillaise.

Le CFCM, dix fédérations et cinq grandes mosquées ont proclamé en fin d'après-midi un "manifeste citoyen des musulmans de France", symboliquement par la voix d'un jeune, Rachid Sekkour. Le texte exprime un "attachement profond au pacte républicain et aux valeurs universelles qui fondent notre République".

Le ministre de l'Intérieur y a vu "une déclaration d'amour à la République et à la France".

Bernard Cazeneuve a justifié devant son auditoire, au sein duquel un intervenant avait critiqué des "perquisitions musclées", les "mesures nouvelles" mises en œuvre dans le cadre de l'état urgence. Le ministre a ainsi précisé que deux mosquées avaient été fermées depuis le 13 novembre - sans compter des "lieux de prière clandestins" -, une vingtaine ayant fait l'objet de perquisitions, et plusieurs imams ou prédicateurs ayant été assignés à résidence.

Il a défendu "une autre forme d'intransigeance" nécessaire à l'égard de "certains discours obscurantistes" qui, sans appeler à la violence, "sont incompatibles avec les valeurs républicaines, le respect de l'autre, la laïcité, l'égalité homme-femme".

Il a promis une "même détermination sans faille" à l'égard de ceux qui pourraient "s'en prendre à nos compatriotes musulmans", relevant que 35 actes antimusulmans avaient été enregistrés dans les dix jours qui ont suivi le 13 novembre, un nombre "heureusement" plus faible que ceux (116) constatés dans le même temps après l'attentat contre Charlie Hebdo.

"Il n'est pas tolérable pour moi que de jeunes femmes se fassent agresser parce qu'elles portent un simple foulard, il n'est pas acceptable que des mosquées soient profanées", a souligné le ministre.

- "Gravité de la situation" -

Bernard Cazeneuve a aussi annoncé que la deuxième réunion de l'"instance de dialogue avec l'islam" place Beauvau serait anticipée et aurait lieu "au tout début de l'année" 2016, avec comme thème principal la "lutte contre la radicalisation des jeunes".

"Qu'est-ce qui a mené notre société à s'entredévorer ?", s'était interrogé le recteur de la grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, plus tôt dans l'après-midi.

"Il faut accélérer le dialogue interreligieux et intergénérationnel, donner la place aux jeunes, aux femmes" dans l'islam, avait souligné le président de la fédération de sensibilité turque CCMTF, Ahmet Ogras, pour qui "il n'y aura pas d'unité" du pays "sans dialogue".

"Il y a ici dix fédérations représentées, cinq grandes mosquées. Dommage que nous soyons encore séparés entre mosquées et fédérations, chacun agissant selon son intérêt propre", a toutefois regretté le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane.

"C'est beau, c'est très joli, et ce que nous entendons est important", a-t-il poursuivi, "mais je souhaite que notre responsabilité ne s'arrête pas à la sortie de l'Institut du monde arabe, et que ça continue demain".


 

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