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Plusieurs dizaines d'habitants sont morts de famine à Madaya, en Syrie: la ville reçoit enfin des vivres

Plusieurs dizaines d'habitants sont morts de famine à Madaya, en Syrie: la ville reçoit enfin des vivres
 
 

Les premiers camions remplis de nourriture, de médicaments et de couvertures ont pénétré lundi à Madaya, ville syrienne assiégée depuis six mois par l'armée et dont la population souffre de famine.

"Depuis 15 jours, nous ne mangeons que de la soupe. J'ai vu de mes propres yeux un jeune homme tuer des chats et présenter aux membres de sa famille la chair comme étant de la viande de lapin", a témoigné Hiba Abdel Rahmane, 17 ans, interrogée par une journaliste de l'AFP entrée dans Madaya. "Il y a des gens qui se nourrissent dans les poubelles et d'autres qui ne mangent que de l'herbe. Nous avons demandé aux hommes armés de la nourriture mais ils ont refusé de nous en donner", a ajouté cette jeune fille qui attendait avec cinq membres de sa famille de quitter la ville.


"Il ne faut pas en rester à une seule distribution"

Deux camions transportant de la nourriture et deux autres remplis de couverture sont entrés à Madaya, a annoncé à l'AFP un responsable du Croissant rouge syrien (SARC). Au même moment, trois camions pénétraient à Foua et trois autres à Kafraya, deux localités chiites encerclées par les rebelles à plus de 300 km de Damas dans la province d'Idleb (nord-ouest).

"L'opération devrait se prolonger pendant quelques jours. C'est une ouverture très positive, mais il ne faut pas en rester à une seule distribution. On doit avoir un accès régulier à ces zones", a expliqué Marianne Gasser, qui dirige le CICR en Syrie. "Il faut savoir qu'il y a plus de 400.000 personnes qui vivent dans des zones assiégées en Syrie, et leur situation est désespérée", a-t-elle ajouté.


42.000 habitants bloqués à Madaya: plusieurs victimes de la faim

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, la Grande Bretagne et la France ont réclamé chacun de leur côté un accès humanitaire "complet" aux villes assiégées en Syrie. L'arrivée de l'aide était attendue avec impatience par les 42.000 habitants de Madaya, située à 40 km à l'ouest de Damas.

Des informations sur une famine dans la ville avaient provoqué un tollé international et poussé le régime à y autoriser l'accès. Médecins sans frontières (MSF) a fait état de 28 personnes mortes de faim depuis le 1er décembre. "Il n'y a ni électricité, ni chauffage, ni nourriture. Les prix sont exorbitants (...) mais nous n'avons plus d'argent", a renchéri Ali Issa, âgé de 61 ans et père de huit enfants.

Une telle opération a été extrêmement complexe à organiser entre les différents acteurs syriens et internationaux concernés. Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU a fait parvenir de la nourriture, notamment du lait pour enfants, tandis que le CICR fournissait des médicaments en quantité suffisante pour trois mois ainsi que du matériel chirurgical pour soigner les blessés et des couvertures.


Presque trois mois sans convoi humanitaire

Ces derniers jours, les réseaux sociaux avaient diffusé des photos et vidéos montrant des enfants décharnés à Madaya. Mais les partisans du régime ont affirmé qu'il s'agissait de photos truquées. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), la situation était moins dramatique à Foua et Kafraya, situées à plus de 300 km de Damas, car l'aviation du régime a pu y larguer de la nourriture.

La dernière fois que des convois humanitaires avaient pu atteindre ces villes remontait au 18 octobre, à la suite d'un accord entre les belligérants.


Plusieurs écoliers auraient été tués dans un raid russe dans une autre ville syrienne

Par ailleurs, au moins 12 écoliers et cinq adultes, dont une enseignante, ont été tués lundi en Syrie dans un raid de l'aviation russe contre une école d'une localité rebelle dans la province septentrionale d'Alep, selon un dernier bilan l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

De violents combats opposent les forces du régime du président Bachar al-Assad appuyées par l'aviation russe et les rebelles, au cours desquel 23 membres des forces du régime ont été tués et 18 rebelles.

La Russie a démenti lundi bombarder des civils tandis que le négociateur en chef de l'opposition syrienne Riad Hijab a averti que celle-ci ne pourra pas engager de négociations avec le régime tant que des "forces étrangères" bombardent la Syrie.


 

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