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Résidus de médicaments: les risques pour la santé encore méconnus

Résidus de médicaments: les risques pour la santé encore méconnus
Ces résidus de médicaments proviennent des industries pharmaceutiques, des médicaments jetés dans les déchets ménagers, des eaux usées des foyers et des hôpitaux, mais aussi des élevages industriels JEAN-PHILIPPE KSIAZEK
 
 

Les effets des résidus de médicaments présents dans l'environnement ne sont pas encore suffisamment évalués, ont averti vendredi des participants à une conférence internationale sur le sujet.

"Les évaluations de risque (pour la santé, NDLR), dans l'état actuel des connaissances, montrent que le niveau est ou faible ou négligeable, mais avec un gros volet d'incertitude", a expliqué Yves Lévi, professeur de santé publique et d'environnement et membre du comité d'experts sur l'eau de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

Si la présence de résidus de médicaments dans l'eau, à très faible dose, est aujourd'hui avérée, l'éventail des molécules présentes, le niveau d'exposition et les effets sur la faune, la flore et la santé humaine restent largement méconnus, a-t-il expliqué devant la presse à Paris, à l'occasion de la première conférence internationale sur le sujet, organisée par l'Académie nationale de pharmacie avec le soutien des Ministères de l'Écologie et de la Santé.

Ces résidus proviennent des industries pharmaceutiques, des médicaments jetés dans les déchets ménagers, des eaux usées des foyers et des hôpitaux, mais aussi des élevages industriels et des boues d'épandage.

Prolifération des bactéries résistantes aux antibiotiques dans certains cours d'eau, reproduction perturbée des poissons: les effets observés sur l'environnement sont préoccupants.

Mais dans l'eau potable, les concentrations retrouvées sont beaucoup plus faibles, du moins dans les pays développés, a souligné Yves Lévi. Pour ce qui est de l'alimentation, les données manquent encore, a-t-il toutefois observé.

"On n'arrivera peut-être jamais à prouver le lien de cause à effet entre la dose et l'effet toxique, il faut donc prendre des mesures de précaution", a de son côté jugé Klaus Kümmerer, directeur de l'Institut de chimie durable et environnementale de l'Université de Leuphana, près de Hambourg (Nord de l'Allemagne).

Les technologies existent: traitement à l'ozone - c'est la voie choisie par la Suisse - ou nanofiltration de l'eau.

Mais leur coût est très élevé et leur généralisation n'est pas forcément justifiée, selon Laure Souliac, chargée de la lutte contre les pollutions à la direction eau et biodiversité du ministère de l'Écologie.

Au ministère, qui vient de lancer son 2e plan de lutte contre les micropolluants, on préfère miser sur des actions ciblées, lorsque la pollution d'un bassin est avérée, et sur la prévention.

Parmi les pistes évoquées: baisser les doses prescrites quand c'est possible, généraliser le recyclage des médicaments ou encore pousser les laboratoires pharmaceutiques à donner davantage accès à leurs données toxicologiques et à adopter des processus de fabrication moins polluants.


 

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