Le mouvement "Black Lives Mater" est né dans la ville de Minneapolis. Le mouvement a fait le tour du monde. Va-t-il convaincre les Noirs de se rendre aux urnes ? Les chiffres le montrent depuis des décennies: lorsque les noirs votent en masse, c’est un démocrate qui gagne. Nos journalistes Julien Modave et David Muller terminent leur série de 4 reportages aux États-Unis dans la ville de Minneapolis où la méfiance entre la communauté noir et le police est immense.
En arrivant, on constate qu’il y a encore des larmes. Et que c’est un matin comme les autres depuis 5 mois. Puis on se dit que dans 20 ans, s'il y a encore d’autres carrefours comme celui-ci, alors le petit Syllas devra recommencer le travail éducatif de Paul, son père:
- Ils nous ont tué sans raison… qui est le "Ils" selon toi ?
- La police
- Oui la police
- Mais ça je le sais papa.
- Et qui est le nous ?
- Les Noirs
Paul et son fils habitent à quelques rues à peine. "J’ai grandi en restant toujours méfiant de la police. Elle n’est pas vraiment là pour aider. Attention, c’est juste ce que je constate. On n’a besoin de la police que quand les choses tournent mal ! Si on n’en a pas besoin, surtout ne leur parlez pas. Certains Blancs disent 'Je vote pour Trump, parce que j’en ai besoin pour mon business'. Et ce que je me dis, c’est que : 'Votre envie de faire de l’argent est plus forte que mon raison d’exister'. C’est là qu’est le problème."
Ici, vous ne trouverez aucun supporter de Donald Trump. Mais, ne vous y trompez pas, il n'y a pas énormément de supporters de Joe Biden.
De jeunes danseuses vont pouvoir voter pour la première fois. Angel, de son nom de scène, est bien décidée à marquer ce monde dans lequel elle entre avec un statut de minorité à défendre. "Personnellement, Je n’aime pas tant que ça Biden… Mais franchement je le préfère à Trump"
Des nombreux anonymes volontaires donnent de leur temps pour convaincre d’aller voter. Ici ce n’est pas compliqué, ils sont là par conscience politique. Mais, comment pousser la communauté noirs pauvres et loin de ses préoccupations ? Ushshinia, nous a donné rendez-vous devant ce supermarché ou elle tente de mobiliser le plus de monde possible. Elle est avocate et surtout était dans l’équipe rapprochée d’Hillary Clinton, lors de sa défaite il y a 4 ans. "Je ne pense pas que le pays dans son entier, était prêt pour avoir une femme présidente. Et il y a avait du ressentiment pour cette candidate, pas toujours justifier, enfin bref... Mais je pense que cette fois c’est différent car les gens voient et ressentent le manque de sérieux, que le président peut avoir à faire son travail… et à quel point ça nous affecte", dit-elle.
Durant plusieurs jours encore après la Mort de George Floyd, des émeutiers ont incendié la ville. L’immense commissariat, des bâtiments officiels et des grandes surfaces. Depuis, la police, se fait discrète dans les quartiers. Elle tente de se faire oublier un peu. Mais ici, même si on chante Jésus, personne n’a pardonné ce qu’il s’est passé. D’ailleurs, ça a fait remonter de très vieux et mauvais souvenirs. C’est particulièrement dur d’être noir aux Etats-Unis. Freeman Roquemore 3e du nom et les membres de son église auraient bien laissé tout ça au 19e siècle: "La police a recréé cet esprit d’attrapeurs d’esclaves. Des policiers qui rattrapaient les esclaves qui s’évadaient et les punissaient pour avoir voulu devenir libres."
Donald Trump a affirmé dans un tweet avoir fait plus pour la communauté noire que n’importe quel autre président. Hormis Abraham Lincoln lui-même. Ici il n’a pas convaincu grand monde…
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