Deux élus américains ont présenté jeudi au Congrès un projet de loi visant à rayer le cannabis de la liste des substances dangereuses aux Etats-Unis, dénonçant une politique anti-drogue "archaïque" alors qu'une trentaine d'Etats ont légalisé sa consommation.
Ces politiques de pénalisation du cannabis ont mené à "la surcriminalisation et aux incarcérations de masse", a affirmé la démocrate Tulsi Gabbard, élue de Hawaï à la Chambre des représentants.
Avec le républicain de l'Alaska Don Young, co-auteur du projet, elle a fustigé les "milliards de dollars (dépensés) en mettant des gens sous les verrous pour des délits non violents" liés à cette drogue.
Selon la parlementaire, une ancienne militaire, la loi laisse "les nombreux vétérans souffrant de syndromes post-trautamiques ou de douleurs chroniques à cause de blessure de guerre sans autre choix que d'utiliser des opiacés hautement addictifs" plutôt qu'un traitement à base de cannabis.
La consommation de cannabis pour raison médicale est légale dans 33 des 50 Etats américains ainsi qu'à Washington, et dans 10 Etats et la capitale fédérale pour un usage récréationnel.
Mais il reste placé sur la liste des drogues dangereuses de l'agence fédérale de lutte antidrogue (DEA), comme le LSD, la cocaïne ou l'héroïne.
Et l'administration Trump a annulé en janvier 2018 cinq directives émises sous la présidence Obama, selon lesquelles les autorités fédérales s'abstenaient de poursuivre les acheteurs de cannabis ou les officines de vente pour se concentrer sur les trafiquants.
Le texte veut résoudre la "contradiction entre les lois des Etats et la loi fédérale, qui créent du désordre dans l'économie, laissant les banques et les entreprises dans la confusion et l'incertitude", a-t-elle ajouté.
La loi actuelle freine cette industrie en pleine expansion, qui génére plusieurs milliards de dollars de revenus et emploie plus de 200.000 personnes, selon l'organisation NORML, principal lobby pro-légalisation.
Les professionnels du cannabis n'ont ainsi pas accès au système bancaire et sont susceptibles d'être poursuivis par l'administration fiscale, a souligné le républicain Don Young.
Les deux élus ont également présenté un texte sur la collecte des données sur le cannabis. Il autoriserait les études sur les effets des politiques locales de légalisation sur la santé, la criminalité ou l'économie. Certaines de ces recherches sont actuellement interdites quand d'autres sont "conduites sur des ouï-dire", a dit M. Young.
Les deux textes devront être votés à la Chambre des représentants puis au Sénat, et être ensuite validés par la Maison Blanche pour entrer en vigueur.
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