En raison de l'épidémie de coronavirus en Belgique, de nombreux coiffeurs voient une baisse importante du nombre de leurs clients. Calogero, patron de trois salons de coiffure en Wallonie, lance un appel de détresse au gouvernement. L’habitant de La Louvière demande un reconfinement total avant qu’il ne soit trop tard pour le secteur.
"Je suis au bord du gouffre!", débute Calogero via le bouton orange Alertez nous, donnant directement le ton. Le coiffeur indépendant suffoque. Patron de trois salons de coiffure, il donne du travail à 40 personnes dans ses salons de Louvain-la-Neuve, Nivelles et Tournai. Et derrière ces 40 coiffeurs, il y a presque autant de familles, dit-il.
Depuis la crise du coronavirus, les clients se font rares dans ses établissements, surtout dans ses établissements de Nivelles et Tournai qui sont localisés dans des shoppings quasi désertés, déplore l’habitant de La Louvière.
© Calogero I. - Shopping de Nivelles
Ce dernier est angoissé et craint pour son avenir et celui de ses équipes. "La nuit, je ne dors plus ou je fais des cauchemars en me demandant comment je vais faire pour payer mon personnel. J’ai 40 familles à nourrir", confie le patron, lui-même père de trois enfants.
© Calogero I. - Shopping de Nivelles
"Après le confinement, nous avons ouvert fin mai. On a travaillé comme des fous durant trois semaines, mais ensuite, on n’a fait que dégringoler. On s’est retrouvé dans une situation où on perdait 20 à 30% de chiffre d’affaires. Puis cette seconde vague est arrivée. Depuis lundi passé, quand le gouvernement a pris de nouvelles mesures en serrant la vis, on est tombé à 50% de chiffre d’affaires en moins", raconte l’homme de 52 ans.
A Louvain-la-Neuve, c’est dimanche tous les jours
Pour Calogero et son personnel, cette situation est devenue intenable en raison de la baisse de clientèle. Il pense que cela est dû au fait que les gens ont changé leurs habitudes depuis la crise sanitaire. "A Louvain-la-Neuve, nous sommes entourés de bureaux, mais ils sont vides, car tout le monde fait du télétravail. Un de mes clients, qui venait avant sur le temps de midi et qui habite à 30 km, ne va pas venir chez moi pour me faire plaisir. À force de faire peur aux gens, de leur dire de ne plus sortir et de faire attention, les gens ne sortent plus. On fait sa couleur soi-même comme lors du premier confinement et on coupe ses cheveux soi-même", regrette le coiffeur.
"Depuis trois jours, c’est dimanche tous les jours à Louvain-la-Neuve", lâche-t-il avant d'enchaîner: "J’ai 18 coiffeurs qui travaillent pour moi dans ce salon-là. Comment puis-je tenir? Il faut qu’ils m’expliquent. Je suis en rage, je n’en peux plus. Avant la crise du coronavirus, nous avions 900 passages par semaine dans ce salon. Je pense qu’on n’en est même plus à la moitié aujourd’hui", détaille le Louviérois.
© Calogero I. - Shopping de Nivelles
"Il faut reconfiner"
Face à la gravité de la situation, la seule issue pour le patron est un reconfinement "total"... "Il faut que le gouvernement réalise que ce n’est pas possible de continuer comme ça (…) Égoïstement, je leur demande solennellement de prendre leurs responsabilités. Il faut reconfiner s'ils veulent nous sauver (…) Ça serait beaucoup plus facile. Je pourrais mettre tout le monde au chômage et on aurait des aides pour nous soulager un tout petit peu. Aujourd’hui, on est dans le rouge", explique Calogero.
"Il est facile de dire qu’un reconfinement serait catastrophique, mais je pense que si on ne reconfine pas, là, la catastrophe va arriver, car ce n’est plus tenable", précise-t-il.
Je vais devoir me reconfiner moi-même, car on ne peut plus travailler 6 jours pour le peu de clients qu’il nous reste
"Il n’y a plus assez de travail"
Si cette situation s’éternise, Calogero craint le pire pour son activité. Il envisage même une solution radicale. "Si le gouvernement ne prend pas cette histoire au sérieux et ne reconfine pas au plus vite, je vais devoir me reconfiner moi-même, car on ne peut plus travailler 6 jours pour le peu de clients qu’il nous reste aujourd’hui. Il n’y a plus assez de travail pour ouvrir du lundi au samedi", insiste le patron.
"Je plains les restaurateurs car leurs établissements sont fermés depuis une semaine, mais leur personnel est au chômage. Nous, nous devons continuer avec un chiffre d’affaires raboté, on n’a plus aucune aide. On ne pourra pas tenir comme ça encore 2 mois. C’est une véritable catastrophe", ajoute l’homme à bout.
Calogero tient cependant à préciser qu’il est conscient que la situation sanitaire est grave et que le virus est bien réel. Mais il considère que la crise du coronavirus a été prise à la légère au départ et qu’à cause de cela, de nombreuses personnes, comme lui, se retrouvent au bord du gouffre. "Le gouvernement, qui n'ose pas prendre de mesures fortes, nous tue à feu doux", lance le Wallon.
"Les gens ont peur d'aller chez le coiffeur"
Le cas de Calogero est loin d'être isolé. Depuis le début de la crise, les coiffeurs voient une baisse importante du nombre de leurs clients. Selon une enquête menée par la fédération des coiffeurs belges (Coiffure.org), 15% des coiffeurs ont perdu plus de 30% de leur chiffre d'affaires en juillet et en août, 24% ont perdu de 20 à 30% et 27% de 10 à 20% de leurs revenus.
De nombreuses personnes auraient peur d'aller chez le coiffeur. Pourtant, le risque de contamination y est faible, selon le secteur. L'accès aux salons est restreint et le coiffeur comme le client portent un masque.
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