Le coronavirus en Belgique plonge, pour la deuxième fois, des milliers d’indépendants dans l’incertitude. Les coiffeurs, qui pratiquent un métier de contact, se sentent particulièrement délaissés. Au contraire d’autres professions, ils n’ont pas la possibilité de réaliser des ventes à distance. Et à Bruxelles et en Wallonie, pour l’instant, ils n’ont pas droit à une prime de fermeture.
Sébastien a trois salons de coiffure à Bruxelles "fermés pour cause de non-essentiel", nous écrit-il via le bouton orange Alertez-nous. Le patron s’inquiète de cette deuxième période de fermeture qui pourrait s’éterniser : "Nous sommes bien partis pour rater le meilleur mois de l’année, qui est décembre". Ses 10 travailleurs sont en chômage temporaire, il a dû se séparer de cinq employés.
Le trentenaire estime que les coiffeurs "sont les grands oubliés de cette pandémie" et ne comprend pas pourquoi il n’a pas droit à une prime de fermeture corona, un peu à l’image de ce qui se fait pour l’horeca. "Les autres commerces non essentiels peuvent encore faire du click and collect pour essayer de s’en sortir ne serait-ce qu’un peu, même si cela ne suffit pas bien sûr. Mais qu’en est-il des indépendants coiffeurs, des esthéticiennes, des barbiers ? Rien, à part le droit-passerelle", affirme-t-il.
Que faut-il faire? Tricher? Pour ma part, c'est non
Le professionnel craint qu’il y ait beaucoup de faillites dans le secteur et pointe le fait qu’une partie de la population ne comprend pas non plus cette fermeture : "Les gens ont besoin d’être bien dans leur peau, coiffés et rasés… surtout pour les personnes seules, souvent c’est leur seul contact de la journée et encore plus en période de fêtes". Et les tentations sont multiples, dit-il "car les clients nous appellent pour venir les coiffer à domicile. Que faut-il faire? Tricher ? Pour ma part, c’est non... Le jeu n’en vaut pas la chandelle".
Sébastien critique également la distinction faite entre les commerces : "Ce qui est encore plus choquant c’est de voir que les fleuristes et d’autres magasins comme Action ou Kruidvat, restent essentiels et ouverts".
Une aide en Flandre, quid de Bruxelles et de la Wallonie?
Patrick Dumont, le vice-président de la Fédération nationale des coiffeurs belges, confirme que la situation pour les travailleurs du secteur est très compliquée : "C’est une catastrophe et il y a une inégalité car du côté de la Flandre, les indemnités sont acquises". Mais il ne perd pas espoir pour autant : "En Wallonie et à Bruxelles, ce n’est pas encore défini, il n’y a pas encore de décision", quant à une éventuelle nouvelle prime covid pour cette deuxième vague de fermeture liée à la crise sanitaire. Il a, lui aussi, des craintes pour l’avenir et s’attend à "énormément de faillites".
Il explique que quand l’activité a pu reprendre entre mai et octobre, il y avait des pertes entre 35 et 50% de chiffre d’affaires, selon l’implantation. Et les salons situés dans les villes auraient le plus souffert. Le vice-président de la Fédération pointe également l’importance du mois de décembre pour la coiffure et déclare "rester extrêmement vigilant sur un éventuel déconfinement le 13 décembre… Et dans quelles conditions se fera-t-il ? Car, par exemple, avoir un seul collaborateur avec un seul client dans le salon, c’est impensable et pas rentable". Il considère aussi "qu’il y a eu très peu de contaminations dans les salons de coiffure, par le biais du travail".
Du côté du cabinet de la Secrétaire d’Etat bruxelloise à la Transition économique, Barbara Trachte, on indique qu’il n’y pas de mesure spécifique pour les coiffeurs. Par contre, la Région est en train de réfléchir à un mécanisme d’aide pour l’ensemble des commerces fermés, a priori via une prime.
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