La tension est montée d'un cran ce jeudi matin sur le site de la société Logistics à Nivelles. Les travailleurs, qui ont appris mercredi le licenciement de 549 personnes, bloquent toujours l'accès à l'entreprise. Les syndicats réclament que la direction vienne "s'expliquer" en personne devant les travailleurs. Dans l'après-midi, la situation était plus calme sur place. Les syndicats tentent d'étendre le blocage aux sites flamands du groupe.
Deux jours de blocage et quelques rebondissements... mais foncièrement, pas beaucoup d'avancées. Ce jeudi après-midi, l'atmosphère sur le site est plus calme. Les syndicats n'ont cependant pas dit leur dernier mot. "Il y a la fatigue, parce que ça devient long. Mais la motivation est toujours là. On continue le plan. On va faire ce qu'on a dit qu'on allait faire, c'est-à-dire cibler carrefour", réagit Didier Lebbe, secrétaire permanent de la Centrale nationale des employés (CNE, CSC).
Le plan est de bloquer d'autres dépôts, prévoir des actions devant les magasins de l'enseigne et faire du bruit, mais sans annoncer quand. "C'est mieux d'y aller quand on n'est pas attendu. Quand on est attendu, ils prennent les devants", confie Didier Lebbe.
Ce matin, la situation était plus tendue. Une remorque pleine de cartons a été incendiée. Les pompiers ont dû intervenir.
Avant cela, la directrice du site de Nivelles a passé une partie de la nuit dans les locaux, sa voiture encerclée par des camions. Elle aurait fini par s'enfuir grâce à un trou dans le grillage.
Entretemps, les esprits se sont apaisés. Nous avons interrogé Mourad, qui travaille sur place depuis 13 ans. Il est dépité mais se dit prêt à reprendre le travail. "Est-ce qu'on a le choix? Franchement. Est-ce qu'on va rester ainsi en block-out? C'est pas possible", nous confie-t-il. C'est en tout cas l'objectif des syndicats, notamment de la CNE, très présente sur le site.
De son côté, Kuehne+Nagel, le groupe dont dépend Logistics Nivelles, a réagi par communiqué. La société dit comprendre l'émotion liée à l'annonce de son intention de fermer le site nivellois, mais ne pas accepter la violence. Les responsables invitent les représentants du personnel à entamer "au plus vite" la phase de consultation de la loi Renault, qui encadre les licenciements collectifs. La direction souhaitait une réunion la semaine prochaine. Aucun syndicat n'a toutefois accepté la proposition.
Vers une action coordonnée avec le site de Kontich
Ce soir peu après 19H, notre journaliste envoyée sur place a décrit la situation dans le RTL INFO 19H. "Beaucoup plus calme, et même bon enfant si j'ose dire. Cela fait deux jours que je discute avec les travailleurs. Ce qui transparait, c'est un esprit de famille, une sorte de solidarité. On comprend que ce soir ils ont envie de se rassembler pour ne pas faire face seul", a indiqué Hanan Harrouch en direct.
L'action des travailleurs et des syndicats reste cependant bien un blocage. "D'ailleurs il devrai prendre une tournure plus élargie d'ici ce vendredi, avec une collaboration probable avec les syndicats du site de Kontich, près Anvers. Les deux sites partagent la même directrice. Une directrice toujours très choquée par ce qu'elle a vécu cette nuit, et qui ne souhaite pas s'exprimer ce jeudi soir. Les syndicats attendent pourtant toujours des explications de sa part. Ils l'accusent même de négligence, d'avoir laissé le site à l'abandon et d'avoir, quelque part, laissé faire l'incendie de ce matin", a précisé notre journaliste.
Il est donc possible que les dépôts de Kuehne+Nagel de Kontich et de Malines soient également touchés par des grèves et des blocages.
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