A la veille de la Toussaint, Philippe Vanhadenhoven s’est rendu dans le cimetière de Lasne, rue du Champ des Vignes en compagnie de sa mère pour se recueillir sur trois tombes familiales. Choqué, il raconte que la sépulture de sa grand-mère a disparu et a été remplacée par une portion de terre labourée.
"Quand je me suis présenté avec mes six pots de fleurs, j’ai trouvé sur ma droite, en rentrant dans le cimetière, un champ labouré. J’étais choqué de voir que la tombe de ma grand-mère avait disparu", nous raconte, via la page Alertez-nous, Philippe Vanhadenhoven qui venait fleurir les tombes familiales en compagnie de sa mère au cimetière de la rue du Champ des Vigne à Lasne, dans le Brabant wallon. Ce samedi de veille de Toussaint, cet habitant de Lambusart (Hainaut) a donc déposé ses fleurs sur un sol nu sans savoir où étaient les restes de sa grand-mère, là où un an plus tôt encore, il les avait couchées sur sa sépulture. Tous les aïeux de Philippe enterrés dans ce cimetière de Lasne n'avaient cependant pas subi le même sort: "J’ai été me recueillir sur les tombes de mon arrière-grand-père et de mon grand-père, respectivement combattants lors des première et seconde guerres mondiales et là, rien d’anormal puisque leurs tombes militaires se trouvent en pelouse d’honneur", précise l'homme âgé de 50 ans.
Pourquoi la sépulture a-t-elle été retirée ?
Lors du décès d'Anna Bulher en 2008, les différentes options d’inhumation proposées à la famille de Philippe étaient les suivantes: une inhumation en pelouse ordinaire pour une durée de 5 ans non renouvelable (100 euros), un enterrement dans une concession en pleine terre pour une durée de 30 ans renouvelable (3500 euros) ou, enfin, une concession avec caveau pour une durée de 30 ans renouvelable (l'alternative la plus onéreuse, à 5000 euros). Et c'est la première option qui avait été gardée. "On a retrouvé dans nos archives le document prouvant que l’inhumation de madame Bulher a eu lieu en terrain non concédé, sur une pelouse dite ordinaire, valable pour cinq ans et non renouvelable" nous a déclaré le service de l'état civil que nous avons joint par téléphone.
La commune n'a pas retrouvé de trace du courrier de Philippe
Cinq ans après l'inhumation, la commune pouvait donc retirer cette sépulture. Gérant d’une entreprise de décontamination après incendie et président du club de basket de l’US Lambusart, qui évolue en D3, Philippe fait chaque année le tour des cimetières. Lors de sa visite de l'an passé, il était tombé sur un avis posé sur la sépulture de sa grand-mère. Il nous raconte s’être alors empressé de contacté la commune: "J’avais eu un contact par téléphone et j’ai rédigé un courrier". Le quinquagénaire voulait connaître les conditions de renouvellement. Mais il dit ne jamais avoir eu de nouvelles. La bourgmestre de la Lasne, Laurence Rotthier lui a répondu par email suite à nos appels téléphoniques: "Nous n’avons pas retrouvé trace de votre courrier". La lettre de Philippe n'aurait de toute façon rien changé au destin de la sépulture. "Nous n’aurions pu y répondre favorablement vu qu’une pelouse ordinaire ne peut être renouvelée", a encore expliqué la maïeur à Philippe.
Où sont les restes de la grand-mère de Philippe?
"Je trouve choquant et scandaleux qu’on ait retiré des gens pour que cette portion de terre devienne une pelouse et qu’on ne me dise pas où est ma grand-mère", s'indignait Philippe au retour du cimetière et qui nous amène à cette seconde question: mais qu'est-il advenu des restes de la grand-mère de Philippe? Ils n'ont pas quitté le cimetière et ont été déplacés vers l’ossuaire, à l'instar de ceux des autres défunts des concessions non renouvelées et de ceux se trouvant en pelouse ordinaire. "Une stèle commémorative a été placée par nos soins sur notre ossuaire, celle-ci reprend les noms des personnes y reposant afin que les familles puissent encore venir s’y recueillir", explique la bourgmestre de la Lasne, Laurence Rotthier. Il y a quelques mois, la province du Brabant wallon a procédé à l’installation d’ossuaires dans de nombreux cimetières de ses communes, suivant le décret funérailles et sépultures de la Région wallonne. Le nom d'Anne Bulher, la grand-mère de Philippe, figure d'ailleurs bel et bien sur cette stèle placée devant l'ossuaire. Mais ça, Philippe ne le savait pas.
L'an prochain, le petit-fils pourra à nouveau déposer des fleurs au plus près de sa grand-mère, au pied de la stèle où se trouve gravé son nom. En attendant, il ruminera sans doute encore quelques temps sur la mauvaise surprise de Toussaint et l'amertume qu'il en a gardé envers la commune brabançonne: "Une dépouille doit rapporter de l’argent ou elle se trouve à la poubelle. J'ai des membres de ma famille dans d’autres lieux en Wallonie et, ce n'est pas la même vision des choses", estime le Hennuyer.
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