Des volants subtilisés à Anderlecht. Des airbags dérobés à Seraing. L’an dernier, la rédaction s’était penchée sur une vague de vols un peu particuliers. Dans tous les cas, un point commun : plusieurs véhicules visités dans un court laps de temps et aucune trace extérieure d’effraction. Il y a quelques semaines, c’est la région de Braine-l’Alleud qui a été visée par les voleurs. Une fois de plus, le professionnalisme des auteurs fait froid dans le dos.
Vincent a 37 ans. Il est en train de rénover la maison dans laquelle il compte bientôt installer sa petite famille. Au moment des faits, il travaillait en horaires décalés. "Je suis rentré vers 22h30 et le lendemain matin, je voulais être tôt sur mon chantier. Un peu avant 8 heures, j’étais en train de charger mes affaires dans mon véhicule". C’est en installant une boite-frigo sur le siège passager de son break qu’il se rend compte du problème. "Je vois un plastique par terre et je pense d’abord que c’est mon fils qui a cassé quelque chose. Je regarde plus attentivement, je lève les yeux et là, je me rends compte que l’autoradio, le GPS et l’airbag ont disparu".
"Le labo m’a dit qu’on était six à avoir été volés"
Quand il réalise qu’il a été cambriolé, Vincent va d’abord prévenir sa voisine. Elle aussi roule en Volkswagen. Et l'intuition du jeune papa était bonne: dans le véhicule de la voisine, le constat est le même : plus de GPS et plus d’airbag. "Quand le labo est passé dans l’après-midi, ils m’ont dit qu’on était six propriétaires de VW à avoir été volés dans les mêmes circonstances".
Vincent s’est alors souvenu des articles qu’il avait lus, sur RTLinfo.be, traitant de délits similaires. Il a appuyé sur le bouton orange Alertez-nous pour faire part de sa mésaventure. "J'ai été également victime d'un vol d'airbag et du système audio/GPS. Pourtant pas de bris de glace, la porte n'avait pas été forcée et était toujours fermée à clé" nous écrivait-il à l'époque.
Comment sont-ils entrés ?
Ces vols sont généralement perpétrés par des bandes organisées. Des bandes qui savent parfaitement s’y prendre pour causer un minimum de dégâts. D’abord pour pénétrer dans le véhicule. "Rien n’était ouvert. Les portières, le coffre : tout était fermé. C’est comme s’ils avaient fait un tour de magie à la David Copperfield, se désole Vincent. Je ne sais pas comment ils ont fait mais ils n’ont rien abîmé". Une certaine expertise, les outils adéquats… Cela ne suffit pas à entrer dans une voiture sans casse et à la refermer ensuite. "Vous n’imaginez pas à quel point ils sont efficaces, avance, un peu dépité, un concessionnaire VW. Pour ouvrir les voitures, c’est triste à dire mais il y a des boitiers universels qui existent. Les voleurs ont des espèces de télécommandes. Une fois qu’ils trouvent la fréquence qui correspond au véhicule, ils peuvent l’ouvrir sans effraction".
Ils ont les bons outils… et ils travaillent vite
Entrer dans la voiture, c’est une chose. Extraire les éléments voulus proprement, c’en est une autre. "Ils savaient parfaitement comment procéder, suppose Vincent. Ils ont tout emporté mais n’ont presque rien cassé. Pour retirer l’airbag, il faut des outils spéciaux. Ils étaient équipés et savaient précisément comment faire". Une théorie appuyée par notre concessionnaire : "Ils ont le matériel adéquat, savent parfaitement quelle vis enlever…et ils travaillent vite". Difficile donc de s’en protéger, si ce n’est les conseils habituels de prudence : stationner son véhicule dans un endroit sûr et bien éclairé, fermer correctement sa voiture et ne pas laisser d’objets de valeur visible.
Voler un airbag, pour en faire quoi ?
Dans le cas qui nous occupe, l’objet du vol peut prêter à sourire. Quel intérêt peut-on trouver à un airbag en pièces détachées ? "L’argent évidemment, s’exclame notre concessionnaire. C’est le genre de matériel qui peut coûter très cher. Neuf, un airbag ça monte entre 700 et 1000 euros. Alors à la revente en seconde main, ça peut sans doute encore valoir la moitié". Et si les malfrats visent des marques et des modèles spécifiques, ce n’est pas innocent. "Ce sont des bandes organisées qui fonctionnent presque à la commande. Ils ont des voitures accidentées à réparer, une série de voitures d’une telle marque. Il y a une bande qui vient remplir un camion avec des airbags volés des marques correspondantes. Ce qui est fou, c’est que ces voitures, une fois réparées, vont revenir alimenter le marché de l’occasion chez nous !"
Les chiffres baissent d’année en année
La région de Braine-l’Alleud n’est pas plus visée qu’une autre par ce phénomène. Le nombre de faits répertoriés comme "vols dans ou sur un véhicule" sont comparables à ceux d’autres villes de taille semblable. Les chiffres pour l’année 2016 ne sont pas encore complets mais la tendance à la baisse observée ces dernières années semble se poursuivre (de 207 cas en 2010 à 130 en 2015). Nous avons contacté la zone de police de Braine-l’Alleud pour en savoir plus sur ces statistiques, pour savoir s’ils pouvaient expliquer la baisse d’infractions enregistrées. Après de nombreuses tentatives, la police locale s’est contentée d’une réponse laconique : "Ce sont des informations qu’on ne transmet pas".
Au niveau national, les statistiques de la police fédérale pour 2015 font également état d’une baisse des vols commis dans ou sur un véhicule. Entre 2010 et 2015, leur nombre est passé de 76 976 à 55 490. En 15 ans, ce nombre a été presque divisé par deux. Problème : ces statistiques englobent tous les larcins commis dans des véhicules et pour les délits qui nous concernent, la police ne dispose pas de chiffres plus précis.
Comment expliquer la baisse ?
Cette diminution s’explique simplement. Les campagnes de sensibilisation sont de plus en plus efficaces et poussent les citoyens à appliquer les méthodes de prévention. Ils verrouillent leurs voitures et ne laissent pas trainer d’objets de valeurs : pas de butin, pas de voleur ! Par ailleurs, de plus en plus de parkings disposent de systèmes de caméras. D’après la police, l’objet le plus convoité dans les vols dans ou sur un véhicule est encore toujours les systèmes GPS.
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