C'est un problème pour de nombreuses personnes qui viennent travailler à Ixelles en voiture et dont l'employeur ne met pas de parking privé à disposition. Depuis juin dernier, le sud de la commune est passé en "zone bleue", et il est interdit, si on n'y réside pas, de rester garé plus de deux heures dans les rues de cette zone. L'échevine de la Mobilité comprend qu'il s'agit d'une situation délicate pour ces travailleurs, mais n'a pas d'autre choix: il y a plus de voitures que de places disponibles, et elle dit vouloir garantir le parking pour les habitants.
Une enseignante qui travaille sur la commune d’Ixelles a décidé de cliquer sur le bouton orange Alertez-nous afin de nous faire part de son mécontentement. Elle travaille dans le sud d’Ixelles, secteur qui est devenu une "zone bleue" depuis juin dernier. En d’autres termes, dans ces rues, le stationnement pour les visiteurs est gratuit, mais limité à deux heures maximum. "Je dois durant la journée sortir de ma classe toutes les 2 heures en laissant mes élèves sans surveillance sinon c'est une amende qui m'attend", se plaint l’enseignante qui a préféré rester anonyme.
Nous avons soumis ce cas à Caroline Désir, l'échevine de la Mobilité à Ixelles qui nous explique que depuis 2009, le plan de stationnement évolue en fonction des observations de terrain. Dans la commune, il y a trois zones de stationnement:
1. Les zones rouges, qui correspondent aux zones commerciales et où le stationnement est payant et limité à deux heures.
2. Les zones grises sont moins chères, et on peut y rester 4h30.
3. Les zones bleues, elles, sont gratuites, mais le stationnement est limité à 2 heures.
"Beaucoup de riverains se plaignaient"
Avant, la rue où l’enseignante travaille n’était soumise à aucune restriction, mais cela posait des problèmes aux habitants, explique l'échevine: "Beaucoup de riverains se plaignaient du report de stationnement dans leur rue. C’était réglementé jusqu'au cimetière d’Ixelles et pas au-delà. On a instauré une zone bleue, qui est la moins contraignante dans la hiérarchie des stationnements. On peut stationner gratuitement pendant deux heures. Cela permet d’éviter les voitures ventouses qui restent toute la journée en voirie, ce qui est typiquement le problème de cette dame. On a des réactions, comme à chaque fois qu’on instaure une zone. Mais les riverains sont très contents, qu’il y ait une rotation du stationnement".
"Avoir chaque mois des amendes, ça pèse lourd dans les dépenses pour une famille!"
Alors que nous rédigions cet article, nous avons aussi reçu le témoignage de Françoise, qui est coiffeuse à Ixelles: "Il n'y a que deux options, parking payant et disque bleu. Pour le premier, les agents de Vinci Park passent 2 ou 3 fois par jour. Je dépends d'une clientèle et d'un patron, je n'ai parfois pas l'occasion d'aller repayer... et paf une amende... voire deux la même journée! Pour la deuxième, dito, pas toujours le temps d'aller changer le disque. Pas moyen d' avoir un abonnement, ni à la commune, ni chez Vinci. Avoir chaque mois des amendes, ça pèse lourd dans les dépenses pour une famille! Et on a pas tous l'occasion de prendre les transports en communs. Voilà... j'en ai marre de travailler pour "rien"", confie-t-elle.
Il y a trop de voitures, et les places ne sont pas extensibles. Si on veut faire un plan de stationnement efficace, on doit organiser la rotation
"Les gens qui viennent travailler en voiture et qui la laissent en voirie toute la journée, ce n’est pas possible"
L’enseignante a cherché à obtenir une dérogation à la commune, sans succès: "A Ixelles, on a fait le choix depuis de nombreuses années de ne pas délivrer de cartes professionnelles. On a actuellement 16.000 places réglementées sur la commune et on a déjà 18.100 cartes de riverain délivrées en 2016. On a donc plus de cartes de riverains que de cartes de stationnement. Il y a trop de voitures, et les places ne sont pas extensibles. Si on veut faire un plan de stationnement efficace, on doit organiser la rotation".
L'échevine nous explique qu'un calcul a été effectué pour mesurer l'impact des travailleurs qui viennent quotidiennement sur Ixelles: "Cela fait 44.000. Si on imagine qu’un sur deux serait motorisé, on peut imaginer qu’on délivrerait 20.000 cartes supplémentaires et là, notre plan de stationnement, on peut le jeter à la poubelle. On protège les riverains pour faire en sorte qu’ils puissent rentrer chez eux après le travail. Les gens qui viennent travailler en voiture et qui la laissent en voirie toute la journée, ce n’est pas possible."
Pour le cas des écoles communales, des parkings ont été mis à disposition. Les agents communaux ont été encouragés à privilégier d'autres formes de mobilité, mais bénéficient de deux parkings au nord et au sud de la commune. Autrefois, des cartes étaient délivrées aux commerçants, mais cela a été arrêté, puisque c'était discriminatoire par rapport aux autres professions, nous précise-t-on.
Changer son disque pour rester plus longtemps, c'est interdit!
Comment faire quand on travaille dans la commune, qu’on doit s’y garer chaque jour, et que l'employeur ne dispose pas d'un parking ? "Je me rends compte que ce n’est pas facile. Tout le nord d’Ixelles a été placé en zone grise, et les gens se sont d’abord demandé comment ils allaient faire, et ont trouvé des solutions, ont pris les transports en commun, des garages hors voirie… on ne peut pas étendre les rues et les places de stationnement à l’infini", commente l'échevine.
Caroline Désir rappelle au passage qu'il est interdit de rester stationné plus de deux heures en changeant simplement son disque. En effet, l'article 27 du code de la route sur les zones bleues stipule bien que le véhicule "doit avoir quitté l'emplacement de stationnement au plus tard à l'expiration de la durée de stationnement autorisé".
"C'est surtout un problème de courtoisie", commente Benoît Godart, porte-parole de Vias. "Si cette réglementation est faite pour que tout le monde puisse à un moment donné ou un autre stationner, le but n’est pas atteint". Si un automobiliste change son disque pour stationner plus longtemps, et que les faits sont constatés par la police, à quoi s'expose-t-il? "C'est une amende du premier degré, donc 58€ de perception immédiate".
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