Jonathan est infirmier urgentiste aux cliniques universitaires Saint-Luc. Il a été envoyé à l'aéroport de Bruxelles peu après les deux explosions. Traumatisé, il réussi enfin à parler de ce qu'il a vécu. Un reportage de Nathanael Pauly et Gaetan Delhez pour RTLinfo 13h.
Le 22 mars, de nombreux urgentistes se sont rendus sur les lieux des attentats, juste après les explosions, afin de porter secours aux victimes. Jonathan, un infirmier urgentiste des cliniques universitaires Saint-Luc, en fait partie. Comme tous les autres, il a vu des images insoutenables. Il a raconté à Nathanael Pauly et Gaetan Delhez ce qu'il a vécu ce jour-là.
"C'est ma première situation de catastrophe. Je n'ai pas beaucoup de points de comparaison. Mais tout ce que je peux dire c'est que tout était optimal sur place. Les victimes ont été évacuées de l'aéroport très vite. Chacun savait ce qu'il avait à faire. Il n'y avait pas un mot plus haut que l'autre. Tout le monde se respectait. C'était vraiment optimal. Je pense que d'un point de vue théorique, tout le monde a compris comment fonctionnait le plan catastrophe avec la hiérarchie. Mais d'un point de vue psychologique, c'est vraiment très compliqué de préparer les personnes car on est humain", a expliqué Jonathan au micro de Nathanael Pauly.
"On est humain"
Jonathan a également abordé "l'après" et la reconstruction suite à la tragédie: les nuits blanches, les images horribles, les souvenirs. Si l'homme aidé par une cellule psychologique de l'hôpital, va un peu mieux, il sait qu'il va devoir apprendre à vivre avec ce drame, que les attentats de Bruxelles font désormais partie de lui. Il ne pourra jamais effacer de sa mémoire ce qu'il a vu ce jour-là. "On est humain. On n'est pas des robots. J'entendais des gens pendant l'hommage à la Bourse qui disaient: "En tout cas c'est super, je n’aurais pas pu". Mais je ne pouvais pas plus. Je n'avais juste pas le choix, j'étais là. J'avais ma casquette de soignant, j'étais obligé de le faire", a ajouté l'urgentiste.
"Les images sont là"
"Les premières nuits étaient difficiles. Je me retrouvais constamment à l'aéroport toutes les nuits. Puis, au fur et à mesure, les images sont là mais elles deviennent plus douces, plus acceptables", a raconté le secouriste. Dès son retour de l'aéroport, Jonathan a été pris en charge par l'équipe de l'unité de crise de l'hôpital. Ce soutien l'aide à avancer. "Il faut très vite apprivoiser ces images. Je pense qu'il ne faut pas les retirer, elles font partie de notre histoire", a conclu l'infirmier.
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