En plein confinement, des émeutes ont éclaté samedi après-midi à Anderlecht après la mort d'un jeune. Adil, 19 ans, a été tué à scooter alors qu'il tentait d'échapper à un contrôle de police. Pendant la nuit, des incidents ont encore eu lieu, comme nous l'a expliqué le bourgmestre. Ce dimanche, la police a modifié sa stratégie d'action pour éviter tout incident.
La commune d'Anderlecht, à Bruxelles, a connu une nouvelle flambée de violence samedi, suite à un contrôle de police qui a mal tourné vendredi (un jeune a voulu l'éviter, s'est enfui en scooter et est mort suite à un accident de la route).
Ce dimanche, la situation a été nettement plus calme dans les rues anderlechtoises. Lors d'une conférence de presse tenue ce dimanche vers 17h30, le bourgmestre a d'abord tenu à expliquer la façon dont la situation avait été gérée la veille. "A ce stade de la journée, nous n'avons pas dû constater d'incidents sur le territoire, de violences comme on a pu en connaître ce samedi. Sur la philosophie d'action de la police, hier on était parti du principe de laisser une chance au rassemblement de se faire dans la dignité et de faire un moment de recueillement avec circulation en cortège modéré. Donc nous n'étions pas intervenus de manière préalable. On a laissé se former le regroupement. Par contre, dès qu'il y a eu le premier jet de pavé, nous sommes évidemment intervenus dans la seconde pour cadenasser les rassemblements et encadrer les violences", a indiqué Fabien Cumps.
Le mayeur a ensuite précisé que la stratégie avait été modifiée pour ce dimanche. "La police a adopté une stratégie différente, puisqu'on partait du principe que s'il y avait un rassemblement, il serait forcément générateur de violence. Donc nous avons dès le début occupé le terrain et nous n'avons pas laissé la possibilité de s'organiser les rassemblements. Dès qu'un petit groupe se formait, il y avait intervention de nos forces de l'ordre. Jusqu'ici, ça a donné de très bons résultats puisque le calme règne sur la commune", a explique le bourgmestre.
Près de 100 arrestations de samedi à ce dimanche
Après le bourgmestre, c'est le chef de corps de la zone de police Bruxelles Midi qui s'est exprimé. "Quelques chiffres, hier en tout et pour tout, avec cette nuit, nous avons arrêté 65 personnes. De ces 65 personnes, 30% sont de notre zone, les autres sont hors-zone. Il y a dans le même ordre d'idée une trentaine de pourcent de mineurs. Aujourd'hui, parce que ça évolue tout le temps, on est à une trentaine d'arrestations. Jusqu'à présent, tout se passe dans le calme et nous n'avons encore connu aucune altercation violente", a indiqué Patrick Evenepoel.
Rappel des violences de samedi
Des émeutes avaient donc éclaté samedi après-midi, dans le quartier autour de la station de métro Clémenceau. De nombreux actes de violence avaient été perpétrés: des jeunes de la commune et d'autres quartiers s'étaient réunis suite à un appel lancé sur les réseaux sociaux pour protester contre la mort du jeune de 19 ans. La police avait été attaquée et une arme avait même été volée dans un véhicule (voir les détails).
On pensait que tout s'était calmé en début de soirée, mais il y a encore eu des problèmes par la suite. "Vers 20h, la situation était sous contrôle sur l'ensemble du territoire. Nous avons eu une nouvelle flambée de violence, assez limitée, vers 22h, avec des jets de pierres sur un commissariat (des vitres ont été brisées), mais cela a très rapidement été réprimé par la police", nous a expliqué Fabien Cumps, bourgmestre d'Anderlecht, dimanche matin. "Durant la nuit, le feu a été mis à quelques véhicules et à du mobilier urbain. Trois arrestations supplémentaires ont eu lieu. Donc au total, 45 hier et 3 cette nuit".
La police a des chiffres plus alarmants. "Il y a encore eu, au cours de la nuit, quelques rassemblements d'une dizaine de personnes et des véhicules ont été incendiés. Les faits ont abouti à une dizaine de nouvelles arrestations portant le total à 57 jusqu'à présent", a indiqué dimanche matin Adeline Roty, porte-parole de la zone de police Bruxelles-Midi.
D'après le Parquet de Bruxelles, deux mineurs ont été mis à disposition du parquet et seront déférés devant le juge de la jeunesse. Motifs: rébellion armée et port d’arme prohibée (jet de cocktail Molotov) pour des faits dans l’après-midi ; incendie volontaire (d'un véhicule de police) pour le mineur qui a agi durant la nuit.
"Quelque chose prend feu à Anderlecht près de l'abattoir", nous a écrit un témoin vers minuit, via le bouton orange Alertez-nous.
La police précise que "tous les scénarios restent ouverts", autrement dit d'autres incidents pourraient encore se produire ce dimanche. "Nous avons prévu la mise en place d'un dispositif d'intervention renforcé et nous pouvons faire appel à la police fédérale et aux autres zones de police de Bruxelles si nous avons besoin d'appui supplémentaire", a précisé la porte-parole de la zone de police Bruxelles-Midi.
Concernant l'arme volée, l'enquête est encore en cours.
Des images de samedi en début de soirée:
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