Les ennuis judiciaires continuent pour Mohammed Errazi, un ancien conseiller communal PS de Jette. Lors d’un premier procès, il a été condamné à payer 125.000 euros de dommages et intérêts à une personne qu’il a agressé physiquement suite à une altercation sur la route. En 2015, en appel, la somme à été allégée mais il a cependant été contraint de payer 95.000 euros à la victime. Le Tribunal correctionnel de Bruxelles vient de condamner l’ancien élu à trois mois de prison ferme pour avoir organisé son insolvabilité.
Tout commence en septembre 2007 par une banale altercation entre un automobiliste trop pressé et un piéton furieux d’avoir failli se faire écraser. Ce dernier s’appelle André Van Duren, c'est un infographiste ucclois.
La prise de bec entre les deux hommes se transforme en violente agression de la part du politicien qui l'assène de coups et le propulse dans une vitrine. La tête de la victime heurte lourdement le sol.
Pour ces faits graves, Mohammed Errazi est condamné lors d’un premier procès et également en appel. Il bénéficie cependant d'une suspension du prononcé [ndlr: cela signifie que le juge estime que les faits qui vous sont imputés sont établis mais qu'il suspend la décision pendant une période de mise à l’épreuve].
Il doit également payer 95.720 euros à la victime. Hors depuis février 2016, l’ancien conseiller communal ne verse que 100 euros par mois à André Van Duren (frais d’huissiers compris).
Dans la décision rendue cette semaine, le Tribunal correctionnel souligne le fait que Mohammed Errazi bénéficie pourtant de moyens financiers comme l’atteste notamment ses dépenses.
Le jugement précise que les enquêteurs ont mis en évidence le fait que le compte bancaire, sur lequel étaient prélevées les dépenses des cartes de crédit et les allocations familiales versées, ne mentionnait pas de dépenses d’alimentation. Et quasiment aucune dépense en grande surface ne figurait sur les relevés.
En revanche, dès qu’une somme importante créditait le compte, elle était quasiment immédiatement retirée en espèces.
Le Tribunal arrive donc à la conclusion que le prévenu dispose de revenus non officiels et qu’il organise minutieusement son insolvabilité afin de ne pas dédommager sa victime. Les magistrats notent: "Le prévenu n'assume donc pas les conséquences de ses actes en tentant de ne pas rembourser, ou totalement a minima, le préjudice résultant d'actes qu'il a posés. Le fait que le prévenu ait été par le passé mandataire politique aurait dû pourtant créer chez lui une empathie pour ses concitoyens et leur bien-être."
Me. Benjamin Bluard, l’avocat de la partie civile, constate que le jugement se base sur des faits extrêmement précis et détaillés: "Cette décision est très bien motivée par le Tribunal. Et cela, après un long combat entamé par monsieur Van Duren. Malheureusement, il gardera toujours des séquelles permanentes de cette incroyable agression ultra-violente".
L'ancien conseiller communal PS de Jette est condamné à trois mois de prison ferme et 6000 euros d’amende. Avec les intérêts, Mohammed Errazi doit verser plus de 130.000 euros à André Van Duren.
Le prévenu, qui est défendu par Me. Pierre Monville, dispose de la possibilité d'aller en appel de la décision concernant l’organisation de son insolvabilité.
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