Prévue quelques jours après les attentats du 22 mars, elle avait été reportée pour des raisons de sécurité. La marche contre la terreur et la haine a finalement lieu cet après-midi à Bruxelles. Deux cortèges, partis l'un de Molenbeek, l'autre de la gare du Nord à 14h, se retrouveront rue Antoine Dansaert pour ensuite converger vers la Bourse et enfin la place Fontainas. Un rassemblement sous haute sécurité où les sacs à dos sont interdits. Mais si 15.000 personnes étaient attendues, force était de constater en début de rassemblent que ce nombre ne sera pas atteint.
La marche contre la terreur et la haine, une marche citoyenne en réaction aux attentats du 22 mars, se tient aujourd'hui à Bruxelles. Elle a pour point de rassemblement le boulevard Albert II à la hauteur du boulevard Baudouin où les participants étaient attendus à partir de 13 heures. Il s'achèvera sur la place Fontainas, où plusieurs discours seront prononcés aux environs de 16h30.
Moins de monde que prévu: 7.000 personnes
Quelque 15.000 personnes étaient attendues dans le centre de Bruxelles pour cette marche. Plus de 160 organisations avaient confirmé leur présence. Mais nos journalistes sur place, Nathanaël Pauly à la gare du Nord et Arnaud Gabriel à Molenbeek, en direct dans l'édition spéciale de RTL-TVI, ont constaté que si de plus en plus de personnes arrivaient aux lieux de rendez-vous, ce nombre de 15.000 risque fort de ne pas être atteint. Le chiffre de 500 personnes était cité vers 14h00... Finalement, 30 minutes plus tard, les estimations de nos équipes étaient de 1000 participants Gare du Nord et 500 à Molenbeek. La police, elle, parle de 3.000 personnes en tout à 14h30. Le cortège est arrivé sous les applaudissements à la place de la Bourse vers 15h30. Aucun incident n'a été signalé par la police, qui a annoncé finalement un nombre de 7.000 personnes après comptage, soit un peu moins de la moitié des participants espérés. Luk Vandenhoeck, coordinateur pour Hart Boven Hard, parle lui de 10.000 participants. Il faut dire que certaines associations ont contacté les organisateurs pour décliner finalement l'invitation, par peur pour leur sécurité.
"On ne veut pas laisser les représentants musulmans seuls dans ce combat"
Des drapeaux belges et des fleurs ont coloré la manifestation. Quelques chants de solidarité ont été entonnés. Des élèves de Molenbeek-Saint-Jean ont porté des messages de paix, entre autres "Pas au nom de l'Islam". Des représentants des différentes confessions et de la laïcité ont marché ensemble, des roses blanches en main, derrière la bannière "Together in peace", à savoir les Eglises catholique, orthodoxe, protestante et anglicane, l'islam à travers notamment la présence du président de l'Exécutif musulman, le judaïsme avec entre autres le grand rabbin de Bruxelles et Sylvain Peeters, co-président du Conseil central laïque. "On marche ensemble main dans la main pour l'avenir de notre société et le vivre-ensemble dans la paix", a soutenu Jan de Volder, coordinateur du comité "Together in peace". "L'islam vit une grande crise intérieure, avec des massacres entre musulmans. Les grandes victimes du terrorisme sont encore des musulmans. Les terroristes qui prétendent agir au nom de l'islam ne sont évidemment pas de bons musulmans. On ne veut pas laisser les représentants musulmans seuls dans ce combat. C'est important qu'ils se disent contre ce terrorisme, mais on veut le faire ensemble. C'est dans l'unité et dans la diversité qu'on peut combattre un discours qui veut polariser la population européenne."
"La population de Molenbeek particulièrement touchée"
Le manque de participants n'entame pas la ferveur de ceux qui sont là. Des témoignages de solidarité, venant d'enfants ou d'habitants de Molenbeek, ont déjà montré le ton global de cette marche: "Tous ensemble, on n'a pas peur". "Nous trouvons important de partir de Molenbeek aussi", explique Fatima Zibouh, politologue et habitante de Molenbeek. "La population de Molenbeek a été particulièrement touchée par les attentats et leurs conséquences. Nous trouvions dès lors important de partager un moment ensemble pour pouvoir aller de l'avant. Nous voulons apporter un message positif d'inclusion, de dialogue, d'implication et de participation."
Deswaef contre les mesures du gouvernement
Le président de la Ligue des Droits de l'Homme Alexis Deswaef a fait passer son message: "Aujourd'hui, certains veulent diviser la société, ou profiter d'événements dramatiques pour faire passer un agenda, qui n'est pas conforme avec le monde que nous voulons laisser à nos enfants. Il faut arrêter de stigmatiser des communautés, les juifs, les réfugiés et en premier lieu la communauté musulmane. Il est scandaleux d'entendre notre ministre de l'Intérieur dire ces derniers jours qu'une part significative de la communauté musulmane a dansé à l'annonce des attentats à Bruxelles. On ne lâche pas bombes comme ça, c'est du populisme pour surfer sur la peur des gens et pour diviser. Les mesures prises et annoncées par le gouvernement dans la lutte contre le terrorisme posent question notamment sur l'atteinte à la séparation des pouvoirs et sur l'installation d'une surveillance de masse. Les terroristes étaient connus des services de police. Donc, ce n'est pas un manque de données, mais un problème dans leur utilisation et leur croisement. Une lutte efficace contre le terrorisme est nécessaire pour vivre en sécurité, mais elle doit passer par une surveillance ciblée. On ne veut pas abandonner les libertés fondamentales pour une illusion de sécurité."
"Les travailleurs et les voyageurs de la Stib, victimes de la même folie meurtrière, sont unis dans la douleur mais déjà debout contre la haine et la terreur", a exprimé un représentant du personnel de la Stib.
Salah Echallaoui, président de l'Exécutif musulman a tenu à adresser un message à la jeunesse. "En réponse à la violence impitoyable qui touche des innocents, il faut resserrer les rangs, au-delà de nos différences, trouver les moyens de préserver l'humanité de notre société et préparer un nouvel avenir. La stratégie de la terreur veut polariser les communautés les unes contre les autres. Cette stratégie de la violence et du nihilisme est aussi une lutte pour conquérir les "hearts and minds" de notre jeunesse. Nous nous devons de réagir. Alors que certains inculquent la haine de l'autre et incitent à la violence, nous devons enseigner avec fermeté le respect des autres et l'amour de la paix aux nouvelles générations."
Des politiciens étaient également présents, dont le vice-Premier ministre CD&V Kris Peeters, ou la commissaire européenne CD&V Marianne Thyssen. On y comptait aussi de nombreux représentants du PS, d'Ecolo ou du PTB, au premier rang desquels se trouvait le président socialiste Elio Di Rupo.
Charles Michel recevra les intervenants à la fin du parcours
Le Premier ministre Charles Michel et les vice-premiers ministres recevront à l'issue de la marche contre la terreur et la haine une délégation de victimes, de proches de celles-ci et des organisateurs de la manifestation, indique le cabinet du Premier ministre. La rencontre aura lieu aux environs de 17h30 en fonction du déroulement de l'événement.
Cet événement, organisé en réaction aux attentats qui ont frappé Bruxelles le 22 mars dernier, faisant 32 morts et des centaines de blessés, devait initialement avoir lieu le 27 mars mais avait été postposé après une mise en garde des autorités face à "une possible menace".
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