La commune de Molenbeek n'a cessé d'être pointée du doigt ces derniers mois. La presse étrangère a même parlé de "base arrière des djihadistes". Comment en est-on arrivé là? Tentatives d'explications avec Jimmy Méo dans le RTLINFO 13H.
Ils se fondent dans la masse… Les recruteurs de l'Etat islamique se baladent dans les rues de Molenbeek. Ils y accostent les jeunes pour entamer la conversation. "On ne les reconnaît pas au premier coup d'œil. On voit que ce sont des musulmans, mais on ne dit pas qu'ils sont des extrémistes au premier coup d'œil, ça non. Parce qu'ils arrivent à se balader partout, que ce soit sur internet ou de vive voix, et ils ne se font jamais arrêter", explique un jeune habitant de la commune.
Très vite, les recruteurs jouent sur les frustrations de leur cible. Ils tentent de les embrigader en insistant sur l'écart entre eux et la société. "Eux-mêmes ils disent 'Viens avec moi en Syrie, ici tu as une vie de merde…' et blablabla", décrit notre jeune témoin. "Sur internet c'est la même chose, ils ne s'en cachent pas", ajoute-t-il.
Brouiller les pistes
Et pourtant, il est difficile de repérer ces acteurs déterminants du recrutement. Ils vivent sur la commune, mais font tout pour brouiller les pistes. "Ils ne donnent pas leur identité, ils changent beaucoup de téléphone avec des cartes prépayées, dont on peut difficilement les suivre. Ils changent régulièrement d'endroit", explique Olivier Vanderhaeghen, fonctionnaire de prévention à Molenbeek.
Molenbeek: pauvreté, chômage et manque d'intégration dans la société
Depuis deux ans, l'influence des recruteurs diminue à Molenbeek, mais ils continuent à y recruter. De dix départs par mois depuis la Belgique vers la Syrie en 2013, on est passé à cinq départs en 2015. "Ce sont d'abord des quartiers qui accumulent tous les indices sociodémographiques négatifs: une grande pauvreté, un taux de chômage élevé, des parcours scolaires assez difficiles", explique Sarah Turine, échevine Ecolo de la Jeunesse et de la Lutte contre l'exclusion sociale. "Ce sont des quartiers qui connaissent depuis toujours l'accueil des migrants, et qui connaissent ce que signifie le mot stigmatisation ou le mot discrimination", précise-t-elle.
Ce climat fait de Molenbeek un terreau fertile pour un sentiment de manque de reconnaissance de la société, et de méfiance réciproque entre cette jeunesse et les autorités.
Vos commentaires