Le Logement molenbeekois, qui s'occupe de plus de 3.000 logements sociaux dans la commune bruxelloise, aurait de gros soucis de gestion. Il a fait l'objet d'un rapport d'audit, et ce document est accablant.
C'est une affaire qui pourrait bien ressembler à celle du Samusocial à Bruxelles. Plusieurs éléments sont pointés du doigt dans le rapport d'audit qui relate les activités du Logement molenbeekois, gestionnaire des logements sociaux dans la commune bruxelloise de Molenbeek.
Les procédures d'achat, la gestion des garanties et des charges locatives posent question. La Libre Belgique livre quelques exemples dans son édition de ce matin : entre 2013 et 2017, plus de la moitié des factures n'avaient pas de bons de commande. Ce qui signifie qu'un fournisseur a été sélectionné sans procédure de marché public pour une facture qui dépasse les 300.000 euros... N'y aurait-il pas un conflit d'intérêt ?
Plus de 500.000 euros de garanties locatives n'ont pas été placées sur un compte épargne et le décompte des charges a pris beaucoup de retard, ce qui provoque la colère des locataires.
Ce document n'est pas définitif : un rapport est attendu dans les prochains jours, mais les charges sont suffisamment graves pour faire l'objet d'une réunion aujourd'hui du comité de direction de la société immobilière de Service Public.
"Un dysfonctionnement généralisé", d'après la ministre, Céline Frémault
L'audit effectué par Ernst & Young au sein du Logement molenbeekois "est sans appel et constate des manquements extrêmement graves dans la gestion du Logement molenbeekois, notamment en matière de marchés publics, de gestion des charges locatives, de gestion du personnel et de politique salariale", confirme lundi la ministre bruxelloise du Logement, Céline Fremault. "Ces constats sont la preuve d'un dysfonctionnement généralisé", ajoute-t-elle.
"J'ai été alertée l'année dernière par différentes plaintes à mon cabinet dénonçant des agissements très interpellants de la part du Logement molenbeekois. J'ai immédiatement sommé (en novembre 2018, ndlr) la SLRB (Société de Logements de la Région bruxelloise), l'autorité de tutelle des SISP - les sociétés immobilières de service public - de commanditer un audit, confié au terme d'un marché public à la société Ernst & Young", rappelle la ministre régionale.
La ministre a reçu un rapport provisoire. "Cet audit est sans appel et constate des manquements extrêmement graves dans la gestion de cette société", poursuit Céline Fremault qui, "au vu de ces constats accablants, demande très clairement à la SLRB de prendre toutes les mesures qui s'imposent au vu de la gravité des manquements".
"Je veux que l'exercice des compétences des organes de la SISP soit suspendu et que la SLRB s'y substitue pendant la période de régularisation. Après avoir lu un tel rapport, il n'est en effet absolument plus possible d'avoir la moindre confiance dans les organes de gestion de la SISP. A ce stade, ceux-ci ne paraissent plus en mesure de redresser la situation", ajoute la ministre. Selon cette dernière, la SLRB doit aussi dénoncer "de toute urgence dénoncer" ces faits au Procureur du Roi qui mènera sa propre enquête. Un Comité de direction de la SLRB doit se réunir dans les prochaines heures. Au cours de cette réunion, "mon commissaire du Gouvernement à la SLRB réitèrera ma volonté dans ce dossier", avertit enfin Céline Fremault.
DéFI demande l'envoi d'un commissaire du gouvernement
A la suite de ces révélations, DéFI a demandé lundi la tenue d'un conseil communal extraordinaire et l'envoi d'un commissaire du gouvernement "afin de faire toute la lumière dans ce dossier interpellant".
"La confiance envers cette société est ébranlée et les éléments mis en évidence méritent des réponses concrètes", a souligné Michaël Vossaert, conseiller communal et député bruxellois. "La tutelle régionale doit jouer pleinement son rôle. A cette fin, DéFI demande l'envoi d'urgence d'un commissaire de gouvernement", a-t-il ajouté.
Ecolo réclame la tutelle de l'institution
Ecolo demande "une tutelle plus forte de la SLRB - la Société du Logement de la Région de Bruxelles-Capitale, l'institution régionale bruxelloise en charge du logement social, ndlr - sur Le Logement mokenbeekois et soutient pleinement les démarches annoncées par la ministre, qui doivent maintenant prendre corps", indique lundi le député bruxellois Ecolo Alain Maron alors qu'un audit réalisé par Ernst&Young accable le Logement molenbeekois.
Pour Ecolo, "le directeur gérant et le président doivent être immédiatement écartés s'il s'avère effectivement que des erreurs de gestion grave ont été commises". Les Verts demandent également que la commission du logement du parlement bruxellois se réunisse en urgence pour que soit présenté l'audit et entendre les commissaires et responsables de la SLRB. "Les locataires et l'enjeu majeur du logement public méritent la bonne gouvernance", conclut Alain Maron.
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