Mis sous pression depuis plusieurs jours dans le scandale du Samusocial, Yvan Mayeur a annoncé ce jeudi qu'il allait démissionner du poste de bourgmestre de Bruxelles. La présidente du CPAS de la Ville de Bruxelles Pascale Peraïta (PS) a également décidé de remettre sa démission, a indiqué le cabinet de la présidence du CPAS, à l'agence Belga, se refusant à tout commentaire.
Yvan Mayeur s'est réuni ce jeudi soir avec la majorité de la Ville de Bruxelles (majorité PS, sp.a, MR, Open VLD) dans un lieu "discret". D'après nos informations, des tractations sont en cours pour déterminer qui reprendra la présidence du CPAS de Bruxelles. Selon nos sources, le Mouvement Réformateur réclamerait ce poste.
Mais qui succédera à Yvan Mayeur à la tête de la capitale? Les deux noms les plus cités sont ceux de Karine Lalieux, actuelle échevine de la Culture et de la Propreté publique, et de Philippe Close, actuel échevin des Finances, du Personnel et du Tourisme.
Le scandale du Samusocial
Comme celle que le bourgmestre Yvan Mayeur a présenté ce jeudi soir, en réunion de majorité, la démission de Mme Peraïta est en lien direct avec le dossier de la gestion du Samusocial, au sein duquel celle-ci fut très active depuis plusieurs années, et en particulier avec l'attribution de jetons de présence aux membres du conseil d'administration, mais surtout du bureau dont elle faisait partie. A ce titre, M. Peraïta à perçu l'an dernier plus de 17.000 euros, selon les commissaires du gouvernement bruxellois, sur une base qui semble avoir été en réalité forfaitaire - à peu près la même somme chaque mois- d'autant qu'il n'ont trouvé de trace (ordres du jour, p-v.) des réunions auxquelles son censés se rapporter les jetons.
Yvan Mayeur est au coeur des récentes révélations sur la gestion controversée du Samusocial à Bruxelles. Il aurait notamment, avec l'ex-patronne de l'association Pascale Peraïta, perçu en 2014 et 2015 deux tiers du budget prévu pour les administrateurs de cette asbl. Le bourgmestre bruxellois affirme avoir perçu "en net, avec les ponctions en fiscalité, 700 euros par mois". "Nous sommes face à une débat entre la question de la légalité et de l'éthique. Un homme politique ne peut plus se contenter de dire qu'il est dans la légalité, sans prendre en compte les questions morales", a commenté Rudi Vervoort, ministre-président de la région bruxelloise.
Un rapport accablant
Un document obtenu par le journal Le Soir mettait en cause la gestion de l'asbl. Il indique, entre autres, que "l'absence de procès-verbaux des réunions du bureau, de mails de convocation à ces bureaux et à tout le moins d'un registre de présences, et le caractère quasiment fixe des montants mensuels versés aux administrateurs, suggèrent que l'octroi des jetons de présence s'est davantage décliné sous la forme d'une rémunération forfaitaire mensuelle", et ce en contradiction avec les statuts de l'asbl.
La répartition des jetons entre les administrateurs est par ailleurs jugée "inégale", étant donné qu'Yvan Mayeur et Pascale Peraïta ont perçu ensemble, "en 2014 et 2015, deux tiers du montant total des jetons de présence octroyés à l'ensemble des administrateurs". A titre d'exemple, Mme Peraïta et M. Mayeur ont chacun perçu 18.900 euros brut en 2015, soit un total de 37.800 euros sur un budget de 56.000 euros.
Le rapport dévoilé par Le Soir pointe également deux irrégularités. "L'octroi des jetons de présence soulève des interrogations complémentaires à l'absence de preuve de la tenue effective des réunions du bureau", d'après les commissaires gouvernementaux, qui notent en outre que "les compétences exercées par les trois directeurs de l'asbl, conformément à leurs profils de fonction respectifs, peuvent difficilement être distinguées des fonctions dévolues aux administrateurs membres du bureau et à raison desquelles ces derniers mentionnent avoir perçu des jetons de présence".
Le gouvernement bruxellois crée une cellule de crise
Le gouvernement bruxellois a décidé jeudi de créer une cellule de crise composée de représentants des différents ministres du gouvernement pour veiller à assurer la continuité opérationnelle du Samusocial, en concertation avec le conseil d'administration démissionnaire.
Il a par ailleurs pris acte du rapport incomplet de ses commissaires à propos de la gestion de l'asbl privée subventionnée par les pouvoirs publics à hauteur de 98%. Il ressort notamment de ce document que la rémunération par jetons de présence des membres du bureau repose sur une base plus forfaitaire et fictive que sur une comptabilisation de réunions effectives. Ce rapport sera transmis au parlement bruxellois en vue des travaux de la future commission d'enquête qui doit être installée. Selon le ministre-président bruxellois, le gouvernement régional ne demande pas la démission d'Yvan Mayeur du maïorat de Bruxelles et de Pascale Peraita, à la présidence du CPAS, car il ne lui appartient pas de le faire et parce que "c'est à un autre niveau que cela doit se décider".
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