Le militaire armé recherché est toujours en fuite, ce vendredi matin. Jürgen Conings n'a pas été retrouvé dans le périmètre passé au peigne fin jeudi dans le parc national de la Haute Campine, a indiqué le parquet fédéral jeudi peu avant minuit. Une colonne d'environ 50 véhicules avec des militaires et des blindés de l'armée a quitté, dans la nuit de jeudi à vendredi, la porte d'entrée "De Salamander" du parc national de la Haute Campine à Maasmechelen. Plusieurs véhicules de police ont également quitté la zone.
Les forces de l'ordre sont revenues ce matin dès 7h. Les fouilles, elles, ont repris vers 8h, petit à petit. Plusieurs véhicules de police, et des véhicules de l'armée sont déployés pour reprendre les recherches dans les 12.000 hectares du parc national. Nous avons contacté le Parquet fédéral, qui nous affirme qu'il ne souhaite pas communiquer sur les mesures mises en oeuvre pour cette troisième journée de fouilles. Le périmètre de recherche est actuellement toujours le même que ce jeudi.
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Les fouilles menées dans un important périmètre du parc national n'ont mené à rien jeudi, le militaire armé en fuite Jürgen Conings reste introuvable. Depuis la fin de l'opération de recherche jeudi soir, seul un petit nombre de policiers et de soldats se trouvent toujours à la porte d'entrée "De Salamander". "Des raisons concrètes" ont amené les enquêteurs à concentrer les fouilles jeudi après-midi autour de trois zones précises du parc, a précisé le parquet fédéral à l'agence Belga. Ces recherches n'ont cependant pas permis d'appréhender l'individu en fuite et les fouilles sont interrompues pour cette nuit.
Troisième jour de fouilles
Jürgen Conings, le militaire armé se serait retranché dans le parc national de la Haute Campine, situé près de la frontière des Pays-Bas, à cinquante kilomètres au nord de Liège et à proximité de Maastricht.
Les forces de l'ordre recherchent depuis mardi soir Jürgen Conings, militaire de 46 ans répertorié comme "extrémiste potentiellement violent" par l'Organe de coordination pour l'analyse de la menace (Ocam). Le fugitif armé avait menacé de s'en prendre aux structures de l'État et à plusieurs personnalités, dont le célèbre virologue Marc Van Ranst, qu'il avait déjà intimidé par le passé.
Chaque centimètre carré, chaque arbre… Tout doit être vérifié scrupuleusement
Mercredi soir, les fouilles devaient se terminer vers minuit, mais elles se sont finalement poursuivies toute la nuit. Ce jeudi soir, cela faisait donc plus de 24 heures non stop que les recherches avaient lieu. Elles pourraient encore durer plusieurs jours. "On est ici au cœur de cet énorme domaine qui est très boisé, qui est un terrain vraiment difficile. Chaque centimètre carré, chaque arbre… Tout doit être vérifié scrupuleusement. C'est ce qui nécessite les importants moyens que vous avez vus. Tant de la police locale, fédérale, que de nos partenaires, la Défense en priorité, mais également la Protection civile, la Croix-Rouge en support", a précisé Régis Kalut, porte-parole de la police fédérale, interrogé en direct dans le RTL INFO 19H.
L'un des faits marquants s'est produit ce jeudi après-midi lorsqu'un impressionnant cortège de 400 personnes s'est dirigé vers la zone de recherches (voir notre article à ce sujet). Il était composé de policiers, de militaires et de véhicules blindés. Le cortège a emprunté une nationale très fréquentée de la région. La route a été fermée à la circulation des deux côtés et il est interdit d'y circuler.
Un périmètre de 20 kilomètres
La zone dans laquelle se déroulent les recherches s'étend sur quelque 12.000 hectares et est accidentée, avec notamment d'anciens bunkers. Les services de police et les unités de la Défense fouillent une zone d'un périmètre de pas moins de 20 kilomètres, a indiqué jeudi le directeur-coordinateur (DirCo) de la police fédérale limbourgeoise, Robin Minten. "Nous voulons être minutieux dans notre travail de recherche et avancer en toute sécurité dans une zone parfois difficile d'accès en raison des forêts, des buissons et des plans d'eau", a-t-il expliqué, avant d'esquiver toute question relative à la présence ou non du militaire fugitif dans le parc national de la Haute Campine. Il a par ailleurs dit ne pas savoir si le quadragénaire était toujours en vie ou s'il avait fui.
Le DirCo ne s'est pas étendu davantage sur la tactique utilisée pour les recherches ou encore sur le nombre d'hommes déployés sur le terrain. "Les opérations de recherche prennent du temps. Hier, nous avons rapidement balayé la zone et aujourd'hui, nous la fouillons de manière plus approfondie", a-t-il indiqué. "Il risque d'y avoir encore beaucoup de questions sur la raison pour laquelle les recherches durent si longtemps mais comme vous pouvez le constater, il s'agit d'un très grand parc naturel. C'est donc compliqué de faire une recherche rapidement", a-t-il expliqué en soulignant que les troupes mobilisées continueront à fouiller "aussi longtemps qu'il le faudra".
Aucune information n'a été donnée sur le périmètre qui a déjà été ratissé à ce stade. "Nous verrons plus tard s'il est nécessaire de poursuivre les recherches pendant la nuit. Nous voulons absolument fouiller toute la zone et voir si l'on peut ensuite s'accorder une pause ou non. Nous ne savons en fait pas si la personne en fuite se cache ou se déplace", a spécifié Robin Minten.
Ce jeudi soir, le porte-parole de la police fédérale nous a indiqué espérer "une issue heureuse pour tout le monde" et que l'homme "puisse être récupéré ou qu'il se rende, et que la quiétude puisse revenir ici dans la région".
La police néerlandaise déployée aussi à la frontière
La police néerlandaise avait précédemment confirmé que des troupes étaient postées à la frontière dans le cas où Jürgen Conings tentait de la traverser. Le long des routes régionales importantes, telles que la N730 et la N75, un policier se tient aux aguets tous les quelques mètres, prêt à intervenir si nécessaire.
Le parquet dément la présence d'une grenade
Plusieurs médias ont fait état de la présence d'une grenade dans le véhicule du militaire, retrouvé dans le parc national de la Haute Campine. Interrogé par RTL Info, le parquet fédéral dément cette information.
Le parquet fédéral confirme cependant que des coups de feu ont été entendus mercredi soir "dans la zone, mais sans pouvoir être identifiés avec précision".
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Le parc a été fermé au public dès mercredi après-midi vers 15h. La fermeture a été recommandée par l'Organe de coordination pour l'analyse de la menace (Ocam) et demandée par le centre de crise, a précisé le parquet fédéral. Elle n'est pas simple au vu de la superficie du parc - plus de 12.000 hectares de forêt et de bruyère -, qui possède en outre plusieurs points d'entrée. Pour comparer : c'est deux fois la taille de la forêt de soignes à Bruxelles (7.000 hectares), ou encore 16.000 terrains de foot les uns à côté des autres. Il existe dans cette zone des centaines de cachettes possibles.
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Le SUV de ce militaire de 46 ans, appelé Jürgen Conings, a été retrouvé mardi soir dans ce domaine. Des agents de police des unités spéciales ainsi que les services d'enlèvement et de destruction d'engins explosifs (SEDEE) ont fouillé la voiture et établi une zone de sécurité aux alentours. Vers 3h00 du matin mercredi, une dépanneuse est arrivée pour emmener le véhicule hors des bosquets. Deux heures plus tard, le personnel des laboratoires et des services déminage encore présent a quitté les lieux, suivi par la dépanneuse et la voiture incriminée. Une fois le véhicule emmené, la zone de sécurité a été levée.
Un certain nombre d'armes lourdes ont été retrouvées dans la voiture, a indiqué mercredi le parquet fédéral, qui gère l'enquête. "A l'intérieur de ce véhicule, les policiers ont retrouvé 4 lance-roquettes anti-chars de type LAW et des munitions. L'individu est probablement encore en possession d'un armement plus léger", a expliqué le porte-parole du parquet fédéral Eric Van Duyse. Ces armes se composeraient d'au minimum une mitraillette.
Son profil: un terroriste d'extrême-droite
Jürgen Conings figure sur la liste des terroristes de l'Ocam, l'organisme chargé de l'analyse de la menace terroriste, en raison de ses sympathies d'extrême droite, a indiqué mardi soir le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open Vld) sur VTM Nieuws. Cette liste compte environ 700 noms, dont une cinquantaine serait proche de l'extrême droite. "Il y a des indications qu'il est violent et, au cours des dernières 24 heures, des preuves sont apparues que l'homme représente une menace aiguë. L'homme représente une menace grave", a ajouté le ministre.
En effet, selon plusieurs médias, le quadragénaire n'est pas rentré chez lui lundi soir et sa partenaire a ensuite donné l'alarme. La police et la justice ont immédiatement pris l'affaire très au sérieux, l'homme ayant laissé derrière lui une lettre d'adieu. "Dans la lettre, il menace d'attentat les structures de l'État et plusieurs personnes", a indiqué Eric Van Duyse, porte-parole du parquet fédéral.
"Il y a des craintes que cet homme qui a reçu une formation militaire commette un acte violent contre lui-même ou contre quelqu'un", nous indique le porte-parole du parquet fédéral. En effet, selon nos confrères du quotidien néerlandophone Het Laatste Nieuws, l'homme travaillerait à la caserne de Peutie, dans le Limbourg.
Niveau de menace à 4
L'Organe de coordination pour l'analyse de la menace (Ocam) a placé mercredi le niveau de menace à quatre, soit le plus élevé, concernant cette affaire. Pour la Belgique dans son ensemble, l'analyse de l'Ocam reste inchangée, soit au niveau 2 (moyen).
Le niveau 4 ou "très grave" signifie que la menace est "sérieuse et imminente". L'Ocam effectue différents types d'analyses de la menace. Les analyses ponctuelles, comme celle-ci, concernent des événements ou personnes spécifiques. En parallèle, l'organe évalue la menace générale qui pèse sur le pays et celle-ci reste inchangée, à un niveau 2 ou moyen.
Marc Van Ranst en lieu sûr
Le virologue Marc Van Ranst et sa famille ont été transférés dans un lieu sûr, avait confirmé l'intéressé plus tôt dans la soirée à l'agence Belga. La personne armée aurait en effet proféré des menaces à l'encontre du scientifique. L'individu a récemment proféré des menaces à l'encontre de certaines cibles. Raison pour laquelle le signalement de l'individu armé a été pris au sérieux et la police est entrée en action, a indiqué Eric Cenens, le commissaire et porte-parole de la zone de police Kempenland.
Sur Facebook, Marc Van Ranst a déclaré : "Être contre les mesures covid (et les vaccins) coïncide trop souvent avec la glorification de la violence et le racisme brut. Je ne pense pas que les menaces viennent de ce coin-là presque exclusivement. Qu'une chose soit claire: de telles menaces ne m'impressionnent pas du tout."
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