Une enquête a été ouverte contre cinq policiers de Charleroi. Ils auraient organisé une sorte d’expédition punitive en dehors de leurs heures de service suite à un vol commis au sein du commissariat.
Cinq policiers ont été auditionnés dans les bureaux du parquet de Charleroi. Il s’agit de trois membres du PSO, le Peloton de Sécurisation de l'Ordre Public, et deux de la Canine.
L’un d’entre eux s’est fait voler un sac par un homme qui sortait du cachot. Pour interpeller le suspect, le policier volé a alors organisé avec ses collègues, en dehors des heures de service, une descente qui ressemble à une expédition punitive. "A partir du moment où c’est totalement personnel et qu’on appelle des copains pour intervenir, je pense qu’on peut parler d’expédition punitive", remarque Etienne Gras, avocat pénaliste. "Il me parait important de dire que les policiers sont policiers tout le temps. Même s’il ne sont pas en service. Ils peuvent constater et intervenir sur des infractions mais il faut que ça soit en flagrant délit. Ce n’est pas attendre un petit peu de temps pour aller régler un problème personnel".
La notion de flagrant délit est sujette à débat
Le vol, qui a eu lieu ce week-end, est constaté via des caméras de surveillance. La notion de flagrant délit, qui pourrait justifier l’interpellation par le policier volé, est sujette à débat. "Le flagrant délit est l’infraction qui vient de se commettre ou qui est en train de se commettre", explique Fabian Lauvaux, avocat pénaliste. "Imaginer une interpellation plusieurs heures après et dans un contexte qui est complètement différent ne répond pas, pour moi, au condition du flagrant délit". Pour son collègue Etienne Gras, il s’agissait de régler ses comptes : "Les policiers ont une obligation légale de dénoncer tout fait infractionnel dont ils ont connaissance. Ici ce qu’il s’est passé, c’est qu’on a retardé la déclaration du fait infractionnel pour pouvoir régler ses comptes".
L’interpellation semble s’être mal terminée. Le suspect a déposé plainte. Il possède un certificat médical attestant, selon lui, de violences policières.
Une information est en cours auprès du parquet de Charleroi pour coups et blessures et une enquête disciplinaire ouverte au sein de la police locale.
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