Un rassemblement est organisé mercredi matin à Liège contre les violences commises envers des policiers. Les 600 participants réclament des peines exemplaires à l'égard des auteurs, avait indiqué lundi Fabrice Discry, délégué permanent SNPS (Syndicat National du personnel de Police et de Sécurité), à l'initiative de cette action.
"Nous demandons que la tolérance zéro soit effective depuis le Parquet jusqu'au tribunal d'application des peines. Les policiers ont toujours au travers de la gorge la libération du meurtrier de notre jeune collègue policière Kitty Van Nieuwenhuysen qui est inacceptable. On ne libère pas de tueurs de flics. Et c'est ça le message que nous voulons passer aujourd'hui", explique Fabrice Discry, délégué permanent pour le syndicat national du personnel de police et de sécurité, au micro de Mathieu Langer.
Ce rassemblement, qui se veut national, se déroule sur la place Saint-Lambert et ce, en marge de l'audience devant le tribunal correctionnel relative aux faits de Tiège (Jalhay). En octobre 2018, des individus poursuivis après avoir tenté d'échapper à un contrôle ont ouvert le feu à l'arme de guerre contre des policiers. Deux agents avaient été touchés.
"On devait être présent pour donner un signal, d'une part d'abord aux familles des victimes parce que je pense que c'est un élément essentiel. Dire qu'on est là, qu'on est là pour les soutenir. C'est le premier message qu'on voulait faire passer et c'est pour ca qu'on a décidé d'être présent aujourd'hui. Le deuxième signal important à donner au monde politique est que le monde politique doit aujourd'hui prendre conscience que sa police, mais plus largement sa justice, a besoin qu'on réinvestisse (...) Nous avons besoin de réinvestissement dans les services publics parce que la violence n'est pas uniquement à l'égard des policiers mais on la retrouve partout (...) on le retrouve dans le milieu des pompiers, des services d'urgences, dans certains hôpitaux. Donc pour nous aujourd'hui, c'est un signal à double sens (...) Il est grand temps d'intervenir pour pouvoir faire en sorte d'assurer un service public de qualité", a expliqué Eddy Quaino, permanent CGSP pour la police, au micro de Mathieu Langer.
"Dans le milieu policier, au sein des familles, le choc que nous avons eu, après nos collègues Lucile et Soraya, mais aussi Amaury et ici Maxime dernièrement, ce sont des signaux auxquels, aujourd'hui, on se devait de répondre par la présence pour pouvoir les soutenir. On a des collègues qui sont blessés tous les jours dans toute une série d'interventions. Ici, on met en évidence évidemment les faits les plus graves, mais tous les jours, des policiers et d'autres agents de la fonction publique sont victimes de violences. Et donc, c'est ça qu'on doit, aujourd'hui, mettre en évidence pour faire en sorte que le politique prenne des actes forts pour pouvoir renforcer les services publics", a-t-il ajouté.
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"Ce qu'on constate avec les années, c'est que ce sont toutes les couches sociales qui ne nous respectent plus. Avant, c'était plutôt, les petites frappes, les malfrats, et ca, c'était le jeu... Maintenant, c'est vraiment à tous les niveaux. Que ce soit de la haute société ou malheureusement, des familles qui sont paupérisées, c'est toujours : "Vous ne faites rien, vous ne réagissez pas, vous ne nous respectez pas". Alors que c'est absolument faux. Moi, je sais que je fais mon métier du mieux que je peux avec le respect pour tout un chacun", a confié Annick Debroux, policière à Liège. "Il y en a tellement dans mes collègues qui se font agresser tant verbalement que physiquement", a ajouté la policière.
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"Nous avons été lourdement touchés, et pas seulement à Liège (...) C'est une succession de faits dramatiques et donc je pense que maintenant, il faut que ça cesse. Ce n'est pas une manifestation contre la magistrature, que du contraire... C'est une manifestation de soutien pour que les magistrats disposent de moyens complémentaires parce que nous sommes dans la même galère. Eux aussi veulent que la barque soit parfaitement orientée. C'est un soutien aussi pour notre collègue Maxime, qui est devenu bien malgré lui, un symbole", a précisé Christian Beaupère, Chef de Corps de la Zone de Police de Liège.
"Nous rendrons solennellement hommage à nos collègues abattus l'an dernier à Liège et à Spa, nous penserons à Maxime qui lutte pour sa vie et soutiendrons nos collègues blessés lors des faits de Tiège. Nous demanderons des peines exemplaires en cas de violence à l'égard des policiers et, dans l'accord de gouvernement, des moyens pour nos services de police. Nous en avons marre des actes de violence à l'égard des policiers. Marre aussi des économies dans les services publics en général et dans la police et la justice en particulier", avait insisté Fabrice Discry ce mardi. A cette action du SNPS, intitulée "Touche pas à mon flic", se joignent la CSC Services publics et la CGSP.
"Faire en sorte qu'il y ait des policiers en suffisance"
Ensemble, ils insisteront sur le fait que cela fait plusieurs années que la recrudescence de violences envers des policiers est dénoncée. "Depuis 2015, la police a payé un lourd tribu, que ce soit à Charleroi, Liège, Spa ou Bruxelles. Il y a vraiment un sentiment d'impunité et c'est de plus en plus difficile pour les collègues de travailler dans ces conditions. S'attaquer à un policier, c'est s'attaquer à l'Etat et c'est inadmissible! Nous demandons donc des peines exemplaires à l'encontre des auteurs de violences envers des policiers. Cela doit être une priorité du nouveau gouvernement", souligne Raoul Moulin, secrétaire coordinateur police à la CSC Services Publics.
Et de s'étonner qu'aucune initiative n'ait été prise, même si le gouvernement fédéral est en affaires courantes, suite à l'intervention policière du 9 septembre dernier au cours de laquelle un policier liégeois, Maxime Pans, a été blessé par balle à la tête. "La première mesure à prendre est de faire en sorte qu'il y ait des policiers en suffisance. Alors qu'il manque plus de 3.000 policiers sur l'ensemble du pays, le budget annuel prévoit 800 policiers par an, parfois avec un petit boni. Ce n'est pas cela qui va remédier à ce manque récurrent. Il faut une véritable politique d'engagements et de moyens".
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