Le roi Philippe s'est rendu jeudi matin à la prison de Huy pour y effectuer une visite de travail. Arrivé sur le coup de 10h00, le souverain a été accueilli par la direction de l'établissement pénitentiaire, les membres du personnel, le bourgmestre de Huy Eric Dosogne et le gouverneur de la province de Liège Hervé Jamar.
Accompagné du ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne, le roi s'est rendu dans l'un des plus petits établissements pénitentiaires du pays afin de s'informer sur l'impact du coronavirus au sein de la prison et pour soutenir le personnel, les détenus et leurs familles.
Depuis le mois de mars, il n'y a eu que 5 cas au sein de cet établissement pénitentiaire. Et ce, grâce notamment à une mesure: la fin des visites. Une mesure qui ne réjouit personne. ""Les mesures imposées durant cette période sont strictes et nous avons l'impression de vivre une double peine. Le contact avec nos proches reste problématique dans ces conditions", a expliqué un détenu au souverain. Pour voir leurs familles, ils ont droit à 2 x 20 minutes de visio-conférence par semaine.
Les agents, aussi, ont exprimé leur crainte de travailler dans un tel milieu confiné. "Parfois, la situation est très compliquée", a dit l'un d'eux au roi Philippe.
Dehors, une petite délégation s'est rassemblée devant la prison. Elle représente Le Collectif Anti-Carcéral, Clac, et le Collectif Familles de Détenus de 12 prisons belges. Les manifestants se sont rassemblés pour dénoncer les "conditions indignes" dans les prisons. "Depuis 8 mois, les détenus et leurs proches souffrent de conditions indignes, du silence des autorités et s'organisent pour dénoncer la réalité à l'intérieur des murs", ont clamé les manifestants, souhaitant être entendus dans leurs luttes menées au quotidien. "Des manifestations ont eu lieu, les autorités compétentes et commissions de défense ont été averties à de nombreuses reprises des dysfonctionnements actuels et rien ne change".
Six revendications
Six revendications sont soutenues par les personnes présentes jeudi matin. Tout d'abord, elles revendiquent la concertation obligatoire des détenus et leurs proches dans toute décision de gestion à intérêt collectif en milieu pénitentiaire: "Une mesure qui se doit immédiate, pour pouvoir réagir à la situation particulière d'aujourd'hui, et pérenne dans le temps, pour rendre la prison moins violente, en tout temps". Ensuite, les personnes revendiquent un droit inconditionnel aux visites: "Ces derniers mois, les détenus et leurs familles ont eu en moyenne deux semaines de contact physique". La troisième demande est liée aux conditions de vie: "Les mesures sont plus restrictives en prison qu'à l'extérieur, alors que la détention est une privation de liberté et non de dignité! Plusieurs prisons n'ont pas de toilettes dans la cellule, pas d'eau courante, pas de douche alors qu'une des mesures sanitaires recommandées est de se laver régulièrement les mains au savon. Nous exigeons un minimum de qualité de vie, que cela soit au niveau financier, sanitaire ou social".
De quoi pousser les personnes à réclamer une cohérence dans les mesures sanitaires, entre ce qui est demandé à l'intérieur des prisons et ce qui se passe à l'extérieur, entre ce qui est exigé des détenus et ce qui est exigé des agents pénitentiaires et entre ce qui est interdit aux détenus et ce qui n'est pas rendu possible pour améliorer leurs conditions sanitaires. Enfin, les proches et les détenus revendiquent le retour des aménagements de peines, des permissions de sortie, des congés pénitentiaires et la libération d'un maximum de détenus afin de protéger leur santé en retrouvant un environnement sain. "Ces revendications viennent d'une réalité brute vécue au quotidien par 10.000 personnes et leurs familles. Elles sont issues d'une lutte désespérée menée par des détenus, des familles et des personnes solidaires depuis des mois".
Une lettre a été rédigée à l'intention du ministre de la justice et du Roi.
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