Un détenu est décédé mardi vers 21h25 à la prison de Lantin à la suite d'une violente rixe avec un autre prisonnier dans l’annexe psychiatrique de la prison, révèlent les titres Sudpresse ce mercredi. L'information a été confirmée par le substitut de garde du parquet de Liège et l'administration pénitentiaire. Pour les syndicats, la grève a joué un rôle dans ce drame.
Un meurtre a eu lieu à la prison de Lantin, mardi soir. Le procureur du Roi a confirmé que le dossier concernant ce meurtre avait été mis à l'instruction.
Voici ce que la justice peut dire jusqu'à présent: le suspect est Abderrahman B. O., un homme âgé de 31 ans. Il était dans l'attente d'un placement vers un établissement de Défense sociale.
Mardi soir, les gardiens ont distribué les médicaments dans l'aile psychiatrique aux alentours vers 21h30. Ils ont aperçu à travers le passe-plat de la cellule un corps sous une couverture. Ils ont menotté Abderrahman B. O. et ont constaté des traces de lutte évidentes dans la pièce.
"Très violente"
"Une agression très violente avec utilisation de couverts en plastique et tout particulièrement d'une chaise qui a été fracassée à de nombreuses reprises sur la tête du détenu qui en est décédé", détaillait Philippe Dulieu, le procureur du Roi de Liège, au micro de Vincent Jamoulle et David Muller dans le RTLINFO 13H.
L'auteur, détenu pour des faits de violence, est connu pour sa radicalisation.
Les raisons des actes commis ce mardi ne sont toujours pas définies, l'auteur devant encore être entendu dans les heures à venir. Selon le procureur, une dispute entre les deux détenus aurait eu lieu deux jours auparavant.
Durant les faits, une émeute et un début d'incendie sont survenus au sein de l'établissement pénitentiaire. Toutefois, aucun lien ne peut être établi avec la grève actuellement en cours.
La grève a-t-elle joué un rôle?
"Cela devait arriver", estime Sébastien Graeff, délégué CSC. "Les détenus placés dans l'aile psychiatrique sont des patients", précise Sébastien Graeff. "Depuis le début de la grève, ils sont soumis au même régime que les autres détenus: pas de sorties, pas d'activités, pas de visites. Ces personnes souffrent de pathologies mentales et le moindre changement dans leurs habitudes peut faire monter la pression. Cela devait arriver et Marc Brisy, le directeur de la prison, avait déjà tiré la sonnette d'alarme", poursuit-il.
"Une enquête judiciaire est en cours, il faudra déterminer si le co-détenu était responsable de ses actes", ajoute le délégué CSC. "Je sais que les patients de l'aile psychiatrique continuent à être pleinement suivis médicalement, même en temps de grève. Par contre, ces personnes sont parfois compliquées à gérer. Les policiers et les militaires font ce qu'ils peuvent mais ils ne sont pas spécialement formés pour encadrer ce type de détenu." "De tels faits sont évidemment dommageables", estime Sébastien Graeff.
"Cependant, cela ne devrait pas entraver le mouvement de grève."
"Dire que c'est la cause principale, ça non"
Pour le parquet, le lien avec les grèves n'est pas évident. "Le contexte évidemment est propice à ce type de débordement. Maintenant dire que c'est la cause principale, ça non", estime Philippe Dulieu.
Même son de cloche du côté de la CGSLB. "Des bagarres dans les prisons, il y en a toujours eu", expliquait Yves Dethier, agent à Lantin et délégué CGSP dans le RTLINFO 13H. "Si on avait travaillé normalement, je ne pense pas que ça ne serait pas arrivé."
Sans un incendie dans une autre aile...
Les deux détenus étaient suivis par un psychiatre, y compris pendant la grève qui touche les prisons wallonnes et bruxelloises depuis maintenant trois semaines, a affirmé la porte-parole Kathleen Van De Vijver. Mais au moment de l'agression, un incendie s'est déclaré dans l'aile réservée aux femmes. Le personnel présent dans l'annexe psychiatrique s'est donc déplacé pour éteindre le feu.
Le ministre de la Justice Koen Geens a exprimé sa "profonde tristesse" à l'annonce du décès. Koen Geens souhaite exprimer ses profondes condoléances aux proches de la victime.
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