Depuis deux semaines, les bourgmestres des communes sinistrées par les inondations sont sur tous les fronts. Ils doivent gérer un nombre considérable de problèmes à court et moyen termes. Des journées interminables et fatigantes. Pourtant, ils ne sont qu'au début de leurs peines. Nous avons suivi les bourgmestres d'Esneux et de Trooz dans l'une de leurs nombreuses journées marathon.
L'une de nos équipes rencontre Laura Iker vers 9h ce jeudi matin. Ce n'est pas l'aurore, mais lorsque les nuits ne durent que trois ou quatre heures depuis plus de deux semaines… Il est normal d'avoir les yeux qui collent, et les nerfs à fleur de peau. "Oui je suis fatiguée. D'ailleurs faites attention, car je risque encore de pleurer… Enfin, pas pleurer, mais d'avoir une montée de larmes. C'est épuisant", confie la bourgmestre d'Esneux.
Elle participe à une réunion, la première d'une longue série, mais aussi peut-être la plus importante. Tous les services sont autour de la table, et tous les problèmes également. Face à notre caméra, les participants gèrent tous les détails, petits ou grands.
La bourgmestre est elle-même sinistrée. Elle a eu 60 centimètres d’eau au rez-de-chaussée. "Ce n'est rien par rapport à certains, mais là c'est toujours en état, pratiquement. Heureusement, mes enfants avec leurs amis ont nettoyé la maison. Mais quand je suis rentrée quatre jours après, en ouvrant les tiroirs il y avait encore de l'eau à l'intérieur", explique Laura Iker.
Je ne supporterais pas psychologiquement les retours négatifs
Une autre de nos équipes a pris la direction de Trooz. Là, c’est toute la maison communale qui est inondée. Alors Fabian Beltran a déplacé sont centre de crise à la police de Beaufays. La moitié de son personnel est également sinistré. "Toutes les décisions qui sont prises, qu'elles soient en matière de communication, en matière de marché, en matière de désignation et d'attribution… tout doit passer par moi. Et donc je dois tout valider. Donc c'est une masse d'informations qui arrivent. Quelqu'un vous parle dans l'oreille droite pendant que quelqu'un d'autre vous parle dans l'oreille gauche, alors que vous êtes au téléphone et en train de répondre à un mail. Voilà, c'est mon quotidien depuis deux semaines", confie le bourgmestre de Trooz.
Fabian Beltran nous dit qu'il aimerait être plus sur le terrain, mais sa place est dans les réunions pour gérer la crise. Parfois, cela s’accompagne de critiques. "J'ai demandé qu'on ne me donne que les retours positifs, parce que je ne supporterais pas psychologiquement les retours négatifs. Même s'il y a peut-être des gens qui ont des choses à me reprocher, mais personne n'est parfait", explique-t-il.
S'il n'y a pas d'électricité, venez à la maison pour recharger vos GSM
Le bourgmestre, c’est un peu le chef de village. Il connait au plus près les personnes à qui il faut annoncer de mauvaises nouvelles et proposer des solutions. Nous revenons à Esneux, où Laura Iker rencontre quelques habitants. "Au départ, on pensait qu'elle s'en foutait et qu'elle ne faisait rien. Depuis qu'on a eu la réunion avec elle, on voit que ça avance", réagit une dame. "Je leur ai dit, effectivement, s'il n'y a pas d'électricité, venez à la maison pour recharger vos GSM. Même si je n'ai plus d'électricité dans le bas non plus, mais on se débrouillera", nous indique la bourgmestre.
Si vous ne connaissez qu’un homme ou une femme politique, c'est très probablement votre bourgmestre. Il est le niveau de pouvoir le plus proche du citoyen. Et dans le cas des communes sinistrées, le seul à avoir les pieds dans les mêmes problèmes que vous.
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