Le parquet a requis jeudi devant le tribunal correctionnel de Liège une peine de 2 ans de prison avec sursis contre Alain Mathot, suspecté de faits de corruption dans le cadre de la construction de l'incinérateur de déchets à Herstal. Il a également sollicité une interdiction d'éligibilité de 8 ans, une interdiction de commercialité de 5 ans, une amende et une confiscation de minimum 720.000 euros.
Le ministère public a affirmé au cours de son réquisitoire que le marché de la construction de l'incinérateur Uvelia a été faussé par la corruption. Alain Mathot serait coauteur de faits de faux en écritures dans le cadre de la réalisation de fausses factures ayant permis à Philippe Leroy de lui remettre de l'argent en liquide à Paris dans le cadre de la corruption. Selon le parquet, un pacte de corruption a bien été scellé, même s'il n'existe pas de preuve évidente qu'une influence a été réellement exercée. La seule mission exercée par Alain Mathot, établie par convention, était de faciliter le contact entre le constructeur et des sociétés publiques. "Ce contrat ouvre la porte à la corruption. Dire le mot qu'il fallait à qui il fallait, c'est du trafic d'influence!", a soutenu le substitut Desmedt. Une influence politique infractionnelle aurait été utilisée dès janvier 2003 pour tenter d'imposer les "poulains" d'Alain Mathot comme sociétés sous-traitantes. Une série de manœuvres auraient été réalisées pour ouvrir la porte à la corruption et mettre Alain Mathot en position de négocier avec Innova. Le montant initialement prévu et destiné à Alain Mathot était de 2 millions d'euros, dont un est bien parvenu à un ami intermédiaire d'Alain Mathot pour apurer une dette familiale. Alain Mathot aurait obtenu 720.000 euros du million qui lui était directement destiné.
Selon le parquet, les voyages de quelques heures d'Alain Mathot à Paris n'avaient pas de sens touristique. Ces voyages étaient toujours précédés de contacts téléphoniques avec Philippe Leroy, qui lui remettait ses enveloppes. Le ministère public reproche aussi à Alain Mathot des préventions de blanchiment, infraction liées aux enchères publiques et fraude fiscale. Le parquet requiert une peine de 2 ans avec sursis, similaire à celle prononcée contre Philippe Leroy. Il a également sollicité une interdiction d'éligibilité de 8 ans, une interdiction de commercialité de 5 ans, une amende et une confiscation de minimum 720.000 euros.
Dans ce dossier, tout le monde a menti
En direct de Liège, Dominique Demoulin est revenue plus tôt dans la journée sur la reprise du procès d'Alain Mathot, ex-député bourgmestre de Seraing, suspecté de corruption dans la construction d'un incinérateur de déchets à Herstal.
Alain Mathot a-t-il perçu 700.000 euros de pots-de-vin en échange de l'attribution à la société française innova du marché de l'incinérateur de déchets en région liégeoise ? C'est la question posée ce matin au tribunal correctionnel de Liège. Compte rendu de notre journaliste Dominique Demoulin, en duplex pour le RTLINFO 13H :
"Le réquisitoire du parquet n'est toujours pas terminé. Vous ne connaîtrez donc pas la peine réclamée par l'accusation. Mais pour elle, Alain Mathot a bel et bien été corrompu. 'Dans ce dossier, tout le monde a menti', entame le procureur du roi. Il rejoint ainsi l'avocat d'Intradel, la société qui exploite l'incinérateur. Un petit peu plus tôt dans la matinée. Celui-ci avait estimé que le fil rouge de ce dossier complexe, c'est l'argent, enveloppé dans un halo de mensonges. Toutefois, et assez curieusement, l'avocat d'Intradel n'accuse pas Alain Mathot de corruption ou d'escroquerie. Il estime que c'était le système Innova. Innova, c'est la société française qui a obtenu le marché. Ce système consistait à arroser toutes les personnes qui avaient un petit peu de pouvoir. 'Parmi celles-là, il y avait Alain Mathot' dit le procureur du roi. Même s'il n'était à l'époque que conseiller communal, il figurait dans les conseils d'administration de plusieurs entreprises publiques et, surtout, il était destiné à remplacer son père, Guy Mathot. Pour l'accusation, il y a donc eu trafic d'influence. Il y a eu pacte de corruption. Elle en veut pour preuve la vérité évolutive d'Alain Mathot, notamment sur ses contacts avec le patron d'Innova. Dans un premier temps, Alain Mathot dit qu'il ne l'a rencontré que trois fois et qu'il ne s'occupait pas du sponsoring du club de foot de Seraing et puis par la suite il justifiera par la recherche de sponsors pour le foot ses nombreux contacts téléphoniques avec le patron d'Innova. Bref, des mensonges, beaucoup de mensonges pour l'accusation. Ce n'est évidemment pas le point de vue de la défense d'Alain Mathot."
Jean-Philippe Mayence, avocat d'Alain Mathot, dénonce "une espèce d'acharnement" à l'encontre de son client. Il s'émeut que celui-ci soit cité en urgence le jour même où il n'a plus d'immunité parlementaire. "C'est une instruction qui perdure depuis 2008. Il y a quand même véritablement des questions à se poser. Moi je me les pose depuis le premier jour", raconte-t-il.
Vos commentaires