N'y-a-t-il vraiment pas eu de surmortalité en Belgique en 2021? C'est la question que nous nous sommes posée après avoir reçu de nombreuses alertes allant en ce sens. Si c'est le cas, comment peut-on expliquer cette absence de surmortalité alors que le coronavirus, lui, est toujours présent? Enquête.
"Selon Statbel - l’Office belge des Statistiques - le nombre de décès annuel global en 2021 reste dans des limites stables depuis plus d’une dizaine d’années et se situe à +/- 1% de la population, qui malheureusement perd la vie sur une année", nous a écrit Florin. Il n'est pas le seul à nous avoir envoyé ce type de message, qui sous-entend la suite: "Il est évident qu’un décès et toujours à déplorer et que les causes de décès doivent être combattues, mais ne nous trompons pas d’objectif: imposer pendant 2 ans à une grande partie de nos concitoyens (tant de restrictions) à cause d’une maladie n’a rien à voir avec la 'bonne gouvernance' vantée par notre gouvernement et la bonne gestion de la crise Covid clamée sans cesse depuis 2 ans", estime Florin. En clair: le coronavirus en 2021 n'aurait pas provoqué de surmortalité, et toutes les mesures prises seraient donc excessives. Un raccourci un peu trop simple ?
Un pic en 2020
Outre le fait que les mesures sanitaires, depuis deux ans, ont toujours eu pour objectif principal, selon nos dirigeants, d'éviter la surcharge des hôpitaux, nous avons décidé de vérifier cette histoire de mortalité. Sur le site de Statbel, on peut observer qu'en 2020, le nombre total de morts sur l'année a atteint le chiffre record de 126.481 décès. En 2021, ce chiffre était descendu à 112.028 décès. Pour comparaison, en 2018, la troisième année dans le classement, la Belgique avait comptabilisé 110.341 décès. La Belgique semble donc, en 2021, revenue à une année de "normale" de mortalité. Comment peut-on expliquer cette diminution très importante par rapport à 2020?
La grande différence est la campagne de vaccination
Moins de mortalité dans les groupes à risque
Selon Wesley Van Dessel, porte-parole de Sciensano, la première raison est facile à trouver: c'est la vaccination qui a permis cette diminution. "La grande différence est la campagne de vaccination qui a commencé au début de 2021 dans laquelle la priorité a été donnée à protéger les populations les plus à risque d'attraper une forme grave de la COVID et de mourir". Wesley Van Dessel avance encore une autre explication : "Nous avons également vécu une période de surmortalité importante en 2020 dans les groupes les plus faibles. En combinaison avec une meilleure protection par la vaccination, cela a donné suite à une réduction de la mortalité dans ces catégories, et notamment la catégorie d'âge des 85+".
Le déplacement de la mortalité
Mais il y aurait une autre raison, plus "technique". Dans un rapport d'août 2021, déjà, les chercheurs parlaient déjà d'un phénomène appelé harvesting effect. Ce phénomène est aussi connu en anglais sous le nom de mortality displacement, qu'on peut traduit par déplacement de la mortalité. Le déplacement de la mortalité, c'est lorsqu'une période de surmortalité est suivie par une période de sous-mortalité. Qu'est-ce-qui explique cette sous-mortalité? Selon Sciensano, les personnes les plus vulnérables sont décédées au début de la pandémie; leur mort, qui serait donc probablement arrivée plus tard dans le temps, a donc été avancée.
Comment peut-on être sûrs que le vaccin est à l'origine de la diminution?
À l'heure actuelle, il est impossible d'affirmer avec certitude que la vaccination est l'origine principale de la diminution de la mortalité. Comme le précise le site de l'AFMPS (Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé), pour tester l'efficacité d'un vaccin, on vérifie s'il permet d'éviter la contamination mais aussi s'il permet aussi que les symptômes développés en cas de maladie soient moins graves. Néanmoins, le site de l'AFMPS précise aussi: "Les données sur ces groupes à risque [personnes âgées, patients aux antécédents cardiaques ou pulmonaires, patients diabétiques ou patients obèses] sont en cours d’évaluation et il faudra un nombre suffisant pour permettre une interprétation statistique et confirmer l’efficacité dans ces groupes."
Malgré tout, toujours selon le site de l'AFMPS, les premières données concernant l'efficacité du vaccin sont encourageantes: "Les recherches menées par Sciensano montrent qu'en Belgique, les infections COVID-19 chez les personnes totalement immunisées sont peu nombreuses et souvent asymptomatiques. Ces résultats sont une indication importante de l'efficacité des vaccins COVID-19 en Belgique." De quoi peut-être retrouver, bientôt, une vie normale.
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