Philippe Devos, le président du conseil médical du CHC MontLégia (Liège), était l'invité de Fabrice Grosfilley sur Bel RTL à 7h50.
L'intensiviste Philippe Devos est venu plutôt rassuré dans les studios de Bel RTL. Selon lui, "en termes de contaminations, la vague Omicron est derrière nous, dans les hôpitaux, elle est bientôt derrière nous". Il y voit le résultat du "cocktail" entre le vaccin et le peu de virulence du variant Omicron : "Visiblement on hospitalise très peu, et tant mieux".
Pourtant, les chiffres d'admissions de cas de Covid dans les hôpitaux restent relativement hauts, comment l'expliquer ? "Il y a encore à peu près 80 personnes hospitalisées pour le groupe CHC, mais dans ces 80, il y a toute une série de gens qui ont une PCR positive, mais qui ne sont pas malades, et qui sont à l'hôpital pour autre chose". En ce qui concerne les soins intensifs, les admissions semblent stables : "On a quand même une vingtaine de patients qui ont le Covid et une pneumonie à Covid, mais ce chiffre est stable depuis le 30 décembre. On n'a pas d'augmentation ou de diminution de cette vingtaine de patients. Chaque fois qu'on en sort un, on en rentre un nouveau. Donc il y a beaucoup moins de contaminés".
Ce phénomène doit être mis sur le dos de la particularité de ce nouveau variant, et selon Philippe Devos, il convient de compter les hospitalisations différemment, ce qui permettrait d'atteindre le code jaune du baromètre plus rapidement. : "Je pense qu'il faudrait uniquement compter les malades du Covid, ceux qui ont la pneumonie et pas ceux qui sont PCR positifs. Dans mon hôpital, les malades Covid, c'est un tiers des chiffres. Si on imagine que c'est la même chose pour les autres hôpitaux, on peut y être demain. La difficulté, c'est que visiblement il y a des hôpitaux qui pataugent, qui ont des chiffres pas du tout logiques. L'état nous a demandé de revoir les chiffres et de retravailler là-dessus. Je pense qu'ils ont la même idée que nous, mais qu'ils attendent que ça bouge un peu. Ce qu'on cherche à dépister, ce sont les gens qui viennent pour une pneumonie à l'hôpital. Les hôpitaux sont censés donner ce chiffre, mais visiblement certains ont des difficultés à le donner. J'espère que ça va se régulariser d'ici à un jour ou deux".
"Le baromètre vient trop tard, et de manière pragmatique je n'y crois pas"
Actuellement, les mesures sont décidées sur base d'un baromètre, dont la couleur change, entre autre, selon le taux d'hospitalisation. Pour rappel, nous sommes pour le moment en code rouge, car il y a plus de 150 admissions quotidiennes et 500 lits occupés en soins intensifs. Pour atteindre le code orange, il faudrait comptabiliser entre 65 et 149 hospitalisations, et que le nombre de patients en soins intensifs soit entre 300 et 500. Enfin, le code jaune est activé lorsque l'on compte moins de 65 hospitalisations par jour, et moins de 300 lits en soins intensifs.
Il ne faut cependant pas presser des assouplissements prématurés pour Philippe Devos. Si selon lui "ça sera bientôt le moment", il s'agit plutôt d'assouplir progressivement, car "ramasser tous les gens susceptibles de tomber en soins intensifs en une semaine" n'est pas souhaitable. Cependant, le baromètre empêche ce genre d'assouplissements : "C'est difficile de dire qu'on met en place un baromètre valable pour des mois, et puis tout à coup, décider qu'on ne suit plus le baromètre la semaine d'après. Le baromètre vient trop tard, et de manière pragmatique je n'y crois pas".
D'autre part, l'utilisation du Covid Safe Ticket est dépassée pour le médecin. Philippe Devos a rappelé "que la vaccination protège de la contamination de manière pas super efficace avec Omicron", et que le masque est aujourd'hui plus efficace contre les contaminations, "donc le CST a de moins en moins de sens". Quant à ses vertus contraignantes, qui poussent certains à se faire vacciner, Philippe Devos préfère l'éducation : "depuis le début, je suis sur la même ligne qu'il faut éduquer les gens plutôt que les contraindre, il faut expliquer".
Quel avenir pour cette pandémie ? Il sera peut-être plus radieux, mais difficile de prévoir sur le long terme : "Peut-être qu'Omicron est la dernière vague du Coronavirus, peut-être pas, personne ne le sait. Je pense qu'on va passer un bon été, mais l'hiver prochain, c'est trop loin pour pouvoir faire des tirs sur la comète. Peut-être qu'on aura besoin de faire un booster adapté au variant tous les ans, en octobre, comme pour la grippe".
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