Depuis février dernier, le métier d'instituteur primaire et de maternelle est officiellement déclaré comme étant en pénurie en Fédération Wallonie-Bruxelles. Bien que les écoles normales continuent à diplômer des enseignants, quarante pour cent des jeunes profs abandonnent le métier dans leurs cinq premières années d'exercice.
3.500 enseignants en pré-retraite
Face à cette pénurie criante, la ministre de l'Education Marie-Martine Schyns (cdH) a indiqué mercredi réfléchir à faire appel aux profs bénéficiant actuellement du régime de pré-retraite. Le cabinet de la ministre a précisé toutefois que ce recours aux pré-retraités, s'il se fait, ne se fera que sur base volontaire seulement. En place depuis les années 80, ces DPPR (Disponibilités pour convenances personnelles précédant la pension de retraite) permettent aux enseignants d'aménager leur fin de carrière, en leur offrant la possibilité, dès 55 ans, de travailler à 4/5e temps, tiers-temps voire à mi-temps. Ils peuvent même bénéficier d'une DPPR à plein temps à partir de 58 ans. Le régime actuel ne permet à l'heure actuelle aucune marche arrière. Une fois accordée, une DPPR ne peut être révisée ou modifiée. En 2017, un peu moins de 3.500 enseignants bénéficiaient de ce régime très prisé.
Le jour même de l'annonce, les syndicats ont manifesté leur scepticisme sur la réussite de cette initiative. "Je ne pense pas que cela aura beaucoup de succès", a prédit Joseph Thonon de la CGSP.
François: "Ils ont déjà tellement donné"
François, mari d'une enseignante, a également exprimé son pessimisme via notre bouton orange Alertez-nous. "Face à la pénurie de profs, Schyns songe à rappeler les pré-retraités ! Panique à bord ! Comme tout cela était prévisible, et n'a donc pas été anticipé par les personnages qui se sont succédé à la tête de l'enseignement francophone (Onkelinx, Nollet, Milquet, et maintenant Schyns) ! On va donc rappeler des gens qui, bénéficiant d'une mesure que leurs collègues un peu plus jeunes n'ont pas le droit d'activer, ont fui ce métier si pénible. Et ceci n'est pas un trait d'humour, ce métier est vraiment très pénible ! Il y aura bien quelques volontaires qui accepteront de reprendre le collier. Ceux-là passeront aux JT's et Schyns se précipitera devant les caméras pour les prendre en exemple. Mais l'écrasante majorité ne reviendra pas. Ils ont déjà tellement donné!", pense-t-il.
Manque de profs et classes surpeuplées
L'avis de ce monsieur s'appuie sur ce qu'il observe du travail de son épouse: "C'est déjà une fameuse épreuve en soi que de se retrouver avec 25 gosses qui ne respectent plus grand chose (j'invite tous les sceptiques à essayer une journée). Mais en plus, elle est submergée par le nombre d'élèves répartis faute de pouvoir trouver des instituteurs pour remplacer les absents qui sont de plus en plus nombreux." Mais aussi de son fils qui est en secondaire: "Mon ado n'a plus de prof de maths digne de ce nom, voire plus du tout depuis le premier trimestre de l'année scolaire. Son prof d'anglais n'est pas un enseignant et il vient de craquer sous la pression. Ces deux exemples, on peut les multiplier à l'infini dans tous les établissements primaires et secondaires en Wallonie et à Bruxelles", assure-t-il.
Vos commentaires