A 59 ans, Alain Lorent, ancien directeur européen dans le secteur agro-alimentaire, se lance un nouveau défi. Le 20 décembre 2019, il inaugure le Félicien. C'est une immense brasserie française de 1.250 mètres carrés répartie sur 3 niveaux à Suarlée dans la province de Namur. Un univers où l’écocuisine et le slow food sont la règle, les restes recyclés, les producteurs locaux favorisés et les vegans et les végétariens n’ont que l’embarras du choix sur la carte. Un énorme investissement pour cet homme d’affaires qui déclare y avoir mis 1.250.000 euros de fonds propres et emploie pas moins d'une quarantaine de personnes à temps-plein en CDI.
"Un démarrage fulgurant"
Le concept a rencontré d’emblée un grand succès. Mais c’était sans compter le coronavirus. "Trois mois après son ouverture, nous avons dû fermer. C’est grâce à un démarrage fulgurant que nous avons pu tenir le coup", estime le Namurois.
Nous avons servi au cours des 4 mois de réouverture presque 40.000 couverts !
Début juin, alors que le déconfinement s’amorce, Alain Lorent rouvre son établissement et les clients affluent à nouveau.Fort de son expérience dans le secteur agroalimentaire, le businessman investit 15.000 euros supplémentaires pour respecter scrupuleusement les règles sanitaires : "Nous avons investi dans des plexiglas, des produits désinfectants, des distributeurs automatiques… Tout le monde portait des masques. Nous en procurions même aux clients qui n’en étaient pas équipés. Nos tables étaient séparées d’au moins 2 mètres. Les gens nous disaient qu’ils se sentaient en sécurité dans cet espace…"
"On s’est adapté et on a été très rigoureux", explique le gérant. Et cette technique a payé selon lui : "C’était presque toujours complet. Nous avons servi au cours des 4 mois de réouverture presque 40.000 couverts ! Aucun client ni membre du personnel n’a été contaminé suite à la rigueur de la tenue des protocoles", estime le Namurois.
Puis il a fallu fermer à nouveau, suscitant l'incompréhension d'Alain. "Il est fort exagéré d’incriminer le secteur de la restauration comme vecteur de la pandémie", considère-t-il, avant de développer son point de vue : "Les mesures prises en Belgique sont basées sur des études qui viennent des Etats-Unis et du monde entier, or elles ne reflètent pas la mentalité de consommation belge. Aux Etats-Unis, dans 60% des établissements, les clients mangent avec leurs mains, au Maroc, c’est 100%, ce n’est pas comparable avec notre secteur Horeca."
"Une fermeture qui n'était pas inévitable"
Selon lui, la fermeture du secteur de la restauration n'était pas inévitable. "Des contrôles plus stricts auraient pu permettre au secteur de poursuivre ces activités", pense le gérant du Félicien. "En 4 mois d'été, je n'en ai vu aucun", renchérit le Belge.
Et ce n’est pas le seul reproche qu’il fait aux autorités du pays. Pour lui, les aides de la deuxième vague se font trop attendre. "Elles sont nécessaires. C’est encore un peu confus. Il est urgent que les aides promises suivent car depuis 6 semaines, il n’y aucune aide à l’ horizon où en tout cas, concrète, passées au moniteur pour mise en application immédiate..."
En attendant le principal de ses pensées se concentre sur ses employés au chômage économique et au futur de son établissement. "Je suis de tout cœur avec mes employés forcés d’être au chômage économique. Ce n’est pas facile d’être dans cette situation. Nous communiquons ensemble chaque semaine."
Lui-même contaminé par le coronavirus depuis 2 semaines, le restaurateur avoue avoir été fortement touché par la maladie.
"Je ne crois pas en une 3ème vague"
Et quid du futur? Alain Lorent espère rouvrir au plus tard à la fin du mois de février. "Je ne veux pas croire à une 3ème vague. Je pense qu’il va y avoir le vaccin et qu’on peut compter sur l’expérience acquise des médecins dans le traitement des patients. J’espère qu’il va quand même y avoir une plus grande prise de conscience et davantage de contrôles des autorités à l’avenir. Après je pense qu’il faudra voir aussi voir s’il y a encore des retours de vacances à prendre en compte dans la balance… Mais je crois qu'on apprend des erreurs du passé. Ce sera donc autant de décisions déterminantes pour le futur."
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