Les mesures de confinement destinées à freiner la propagation du coronavirus en Belgique se poursuivent jusqu'au 3 mai. Pour céder une part de liberté à la population, le gouvernement a décidé de rouvrir les jardineries, magasins de bricolage et pépiniéristes. Cette décision est mal vécue par certains fleuristes, qui s'estiment lésés.
Le confinement est prolongé jusqu'au 3 mai, en Belgique. La Première ministre Sophie Wilmès l'a annoncé ce mercredi 15 avril à la suite d'un Conseil national de sécurité. Quelques mesures supplémentaires ont été prises, notamment la réouverture des magasins de bricolage et des pépiniéristes.
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Pour Pascal, fleuriste à Anderlecht (Bruxelles), cette réouverture est injuste, par rapport à son commerce. "Les grandes enseignes vont s'en mettre plein les poches", dénonce-t-il via notre bouton orange Alertez-nous. Sa principale inquiétude est de voir passer sous son nez l'un des jours les plus importants pour les fleuristes : la fête du premier mai.
Un mois de confinement déjà difficile
Voilà presqu'un mois que Pascal a été contraint, comme de nombreux indépendants, de fermer boutique. Le fleuriste bruxellois a respecté les mesures instaurées par le gouvernement afin de lutter contre la propagation du coronavirus. Les magasins non-essentiels, comme sa boutique, sont fermés. "Les sociétés avec lesquelles je travaille ont aussi arrêté leurs activités", nous raconte Pascal par téléphone. "J'ai attendu longuement, et pas un franc ne rentrait, mais récemment j'ai décidé de proposer des commandes en ligne à ma clientèle."
J'espère que la clientèle viendra
Pour faire face, le fleuriste propose des commandes en ligne, par téléphone ou via les réseaux sociaux. Pour l'instant, les rentrées d'argent liées à ces commandes sont loin d'être suffisantes pour couvrir les frais de son activité. "C'est trop peu, mais j'attends que le bouche à oreille fasse son effet", confie le commerçant. "J'espère que la clientèle viendra. Je sais que d'autres fleuristes fonctionnent aussi en ligne."
"C'est injuste pour nous"
La situation financière de son affaire étant très instable en cette crise du coronavirus, Pascal est d'autant plus outré de la décision annoncée par Sophie Wilmès. Les grands magasins de bricolage, mais surtout les pépiniéristes, pourraient, selon Pascal, constituer une concurrence déloyale aux petits commerçants. "Ce qui me révolte, c'est qu'on laisse ouvrir des jardineries où beaucoup de gens vont s'agglutiner, en disant qu'il n'y a pas de risque de contagion, alors que chez nous, petits commerçants, il n'y a jamais plus de 10 clients en même temps."
Pascal voudrait, comme le font les libraires, avoir la possibilité d'ouvrir, en contenant le flux de clients dans sa boutique : laisser entrer deux clients maximum à la fois. Pour l'instant, les mesures de confinement ne le permettent pas. "Je trouve que c'est injuste pour nous, parce que les grosses enseignes vont pouvoir travailler, et notamment vendre du muguet."
L'urgence du premier mai
Justement, tout l'enjeu de la réouverture des fleuristes se situe dans cette date fatidique du premier mai. Il s'agit d'un des jours les plus importants, avec la vente du muguet, une fleur qui ne se conserve pas longtemps, et qu'il faut donc commander vers la fin du mois d'avril. Pour Pascal, ce jour correspond à 500 à 1.000 bouquets vendus sur un week-end. "C'est un des plus gros jours de l'année", nous explique Pascal. "Et là on va perdre ça. Et d'autres vont en profiter pour gagner leur vie. Alors que c'est nos petits commerces qui font tourner le pays."
Les seuls jours où on peut faire du chiffre et travailler, on ne peut pas le faire.
Le seul espoir, pour Pascal et d'autres fleuristes, est que la décision actuelle change d'ici le premier mai. Le meilleur scénario serait de pouvoir rouvrir sa boutique et profiter du premier mai pour récupérer une partie de son chiffre d'affaires perdu durant sa fermeture. D'autant plus que la fête des mères, autre jour important pour les fleuristes, est attendue le week-end suivant le premier mai. "Si on ne peut pas ouvrir là, qu'est-ce qu'on fera ?", s'interroge Pascal. "Les seuls jours où on peut faire du chiffre et travailler, on ne peut pas le faire."
Autrement dit, sans autorisation de rouvrir d'ici la fin du mois d'avril, la situation risque de fortement s'empirer pour Pascal, et d'autres fleuristes.
"C'est bon pour les producteurs belges, mais pas pour les petits magasins"
Afin d'obtenir une réponse plus globale, nous avons contacté l'Union Royale des fleuristes de Belgique. Son directeur, Koen Van Malderen, comprend les mesures du gouvernement. "Les centres de jardinage et grands magasins auront plus de facilité à respecter les règles", commente-t-il. "Ils possèdent de grandes surfaces, les mesures de distanciation sociale et d'hygiène seront plus simples à maintenir."
À mon avis, pour les fleuristes, ce ne sera pas pour tout de suite.
Selon l'Union, ce sera plus compliqué pour les plus petits magasins. "Nous avons fait la demande pour les jardineries et les fleuristes", explique le directeur. "À mon avis, pour les fleuristes, ce ne sera pas pour tout de suite." Il y a tout de même du bon, dans cette nouvelle : "C'est bon pour les producteurs belges, mais pas pour les petits magasins. Il y a trop de fleurs dans les supermarchés, et ça nous ne sommes pas d'accord. La plupart des fleurs vendues en supermarché ne sont pas de Belgique : ça ne stimule pas les producteurs belges, ce qui est vraiment dommage car ils ont besoin d'aide. Or, les jardineries le font."
La réouverture des jardineries permettraient donc aux producteurs belges de se remettre en selle, ce qui est déjà une bonne chose, pour l'Union. "C'est au gouvernement de décider", conclut Koen Van Malderen. "La santé des gens est plus importante."
L'Union ajoute que la vente en ligne est une bonne alternative, pour les fleuristes. Cependant, ce type de vente semble mieux fonctionner en Flandre et en Wallonie, qu'à Bruxelles, selon leurs observations.
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