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"Ça n'est pas normal !": Sylvie s'insurge en voyant des pythons et des araignées en vente sur 2ememain, comment l'expliquer?

 
NAC, Serpent, araignée
 

"Incroyable ! Des pythons et des mygales sont vendus sur le site 2ememain ! Ça n'est pas du tout normal !", s'insurge Sylvie (nom d'emprunt), qui a appuyé sur le bouton orange Alertez-nous, joignant une copie d'écran de l'annonce :

L'image a de quoi interpeller, mais elle n'est pas si rare que ça. Sur des sites de revente ou même sur des réseaux sociaux comme Facebook, des publications de ce type affluent encore régulièrement. Problème : la vente d'animaux en ligne est interdite depuis 2017 en Wallonie et 2018 à Bruxelles.

Pour en acheter ou en vendre, il faut posséder des autorisations. En Région Wallonne, la détention d'animaux exotiques est soumise à la détention d'un permis d'environnement de classe 2.

Des questions se posent alors : est-ce que ce trafic peut être dangereux ? Est-il contrôlé ? Qui sont ces gens qui postent ce genre d'annonces et pourquoi ?

Des achats compulsifs

"Repti-shop" est une enseigne agréée de vente d'animaux exotiques depuis 5 ans. Son propriétaire, Arnaud, nous éclaire sur les raisons de ces annonces en ligne. "La plupart du temps, cela vient de personnes qui ont acheté un animal sur un coup de tête et qui ne se rendent compte que par après que c'est une tâche lourde de s'en occuper", explique-t-il.

Les réseaux sociaux ont accentué la situation

Car même si un animal comme un serpent ou une mygale parait plus "statique" qu'un chien ou un chat, un entretien et du matériel restent nécessaires. "Un serpent grandit, donc il faudra lui renouveler son terrarium, de la nourriture, lui procurer une température idéale. Sans compter l'argent qu'il faudra dépenser pour se procurer l'animal, il faudra donc y ajouter des coûts supplémentaires".

Les réseaux sociaux auraient-ils accentué le problème ? Du côté du Centre de Soins pour la Faune Sauvage, on est dans l'affirmative. "Disons qu'avec les réseaux, cela augmente le nombre de partages et de désinformations. Donc oui, on peut dire que ça aide les vendeurs à se montrer et les acheteurs à trouver un animal plus facilement", affirme Audrey Bosq, soigneuse au centre.

Quel profil ont ces vendeurs ?

"Les gens ne sont pas forcément au courant des notions de bien-être, du niveau de température, etc. Ce sont des achats compulsifs, sans réelles prises d'informations sur l'espèce en question", explique Audrey Bosq.

Pour Arnaud, du magasin Repti-shop, il y a deux types de vendeurs sur Internet. "Il y a ceux, comme je l'ai dit, qui ont acheté un peu trop vite et qui veulent se débarrasser de l'animal. S'ils l'ont acheté dans un commerce agréé, l'animal ne peut plus retourner dans un circuit de vente classique, donc ils utilisent Internet pour tenter de vendre et d'éventuellement faire une petite plus-value".

La deuxième catégorie que pointe Arnaud pose peut-être encore plus problème. "Puis, il y a ceux qui font un véritable trafic, qui n'ont aucune autorisation de vente et malheureusement, cela arrive de plus en plus".

Un trafic difficile à contrôler

Si certains vendeurs sont de bonne foi et ignorent tout simplement que la vente d'animaux en ligne est interdite, d'autres le savent très bien et tentent de contourner les règles.

Cela peut être dangereux pour l'humain

"Facebook et eBay, par exemple, ont rejoint la coalition pour la lutte contre le trafic d'espèces sauvages en ligne", explique Déborah Van Thournout, porte-parole de WWF. "Mais les contrôles restent difficiles, car ces trafiquants utilisent du langage codé pour ne pas se faire repérer et parlent alors "d'échanges" ou "d'adoptions".

Si ce trafic est illégal, il peut également être dangereux. "En plus de la menace globale que provoque ce trafic sur la biodiversité, il peut tout simplement être dangereux pour l'humain qui peut se retrouver confronté à des maladies exotiques qui se transmettent de l'animal à l'homme".

"Un serpent, ça n'est pas un chien"

Pour éviter les achats compulsifs et les reventes qui peuvent arriver derrière, Arnaud a de simples conseils à prodiguer. "Tout d'abord, il faut bien comprendre qu'un reptile, ça n'est pas un chien. Ce n'est pas un jouet. On ne sort pas un serpent pour lui faire des câlins. C'est un peu comme les poissons, mais sans eau : on ne leur fait pas de câlins non plus".

Du côté de Repti-shop, on s'affère également à faire de la prévention pour éviter de revoir un animal vendu se retrouver sur une annonce internet quelques mois plus tard. "Dès qu'un client franchit la porte, on lui demande quelles sont ses attentes, son envie. On prévient des coûts, des responsabilités que ça implique. Ensuite, on pose beaucoup de questions sur l'accueil qui sera réservé à l'animal et à partir de là, on voit si le client est propice à en acquérir un".


 

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