L'offre lui semblait alléchante: 2 grands conteneurs à un prix intéressant sur la plateforme Marketplace. Philippe voulait les offrir à l'association caritative dont il est membre, mais il ne verra jamais la couleur de ces conteneurs. Surpris par l'arnaque dont il a été victime, le Sonégien a décidé de témoigner via le bouton orange Alertez-nous.
Philippe a connu une mésaventure en voulant faire preuve de générosité. Vice-président du comité de Télévie Soignies, il lui est venu l'idée de faire une acquisition bien utile pour l'association caritative: "J'ai voulu acheter deux conteneurs maritimes, afin de stocker le matériel destiné à nos événements", nous explique-t-il.
Le matériel de l'association se trouve dans son garage. Il souhaite le libérer en acquérant, avec son argent, deux conteneurs. Pour cela, il consulte la célèbre plateforme de vente de Facebook: Marketplace. Philippe y trouve son bonheur, à un prix qu'il juge intéressant : 1900€.
Il voulait que je lui verse un acompte
Sans tarder, il contacte le vendeur sans se douter, dans un premier temps, d'une quelconque escroquerie : "Je pensais qu'il était honnête, car c'était un compte bancaire en Belgique. Le numéro commençait par BE", justifie Philippe. "J'ai dû donner mon adresse pour qu'il puisse me livrer. Il voulait que je lui verse un acompte". Le vendeur lui demande 850€. "Je n'étais pas trop d'accord au début", admet Philippe qui finit par craquer, et procède au virement.
Quelques jours passent, le vendeur reçoit les sous de Philippe, mais ce n'est pas assez : "Il m'a demandé le solde complet". À ce moment-là, c'en est trop pour Philippe, qui refuse de débourser 1900€ sans avoir vu la couleur du conteneur promis : "Je lui ai dit qu'avant de le verser, j'aimerais bien avoir mon conteneur sur mon terrain".
À ce moment-là, j'ai compris que c'était une arnaque
Philippe se rend compte, trop tard, de l'escroquerie
L'escroc tente donc de mettre la pression sur Philippe, en jouant la carte de l'urgence : "Il me disait 'le camion ne démarre pas sans le virement', mais moi, je lui disais que je ne payerais pas le solde sans le conteneur". Il va jusqu'à lui envoyer une photo du camion présumé, mais un détail fait comprendre Philippe, qu'il vient de se faire avoir. "C'était un camion américain. À ce moment-là, j'ai compris que c'était une arnaque. Ces camions-là n'existent pas en Europe". Il fait référence à la forme allongée du capot, alors que nos camions européens sont cubiques.
Après plusieurs échanges, l'arnaqueur finit par abandonner, en bloquant Philippe sur Facebook, rendant ainsi le dialogue impossible.
Philippe s'empresse de s'adresser à sa banquière, qui lui explique ne pas pouvoir agir : "Elle m'a dit : 'vous avez signé électroniquement, c'est de votre faute'". Au commissariat de police, on ne se montre pas surpris par son malheur : "Des arnaques sur Marketplace, il y en a beaucoup", lui dit-on. "Ils m'ont dit qu'ils feraient le nécessaire, mais qu'il ne fallait pas se faire trop d'illusions", ajoute Philippe.
Résigné à ne plus revoir son argent, Philippe ne cache pas sa déception et met en garde sur ces pratiques : "Je suis profondément triste et déçu, mais des gens comme ça, il y en a plein. Je suis sûr qu'il y a d'autres personnes qui se feront avoir", déplore-t-il.
Une pratique courante sur les plateformes de vente
Les arnaques sur Marketplace sont nombreuses. La plateforme est très utilisée par les arnaqueurs, comme nous l'explique le commissaire, de la police fédérale, Olivier Bogaert, de la cellule Computeur Crime Unit. "Ils essayent de profiter de la réactivité de leurs utilisateurs", justifie-t-il.
Dans le cas de Philippe, Olivier Bogaert estime que "la rencontre en présentiel préalable au payement est à mettre en évidence". Le commissaire conseille, avant tout payement, de demander à voir le produit avant. "Si la personne dit que ce n'est pas possible, là, il faut jouer la méfiance absolue", ajoute-t-il.
De plus, Olivier Bogaert recommande de vérifier l'identité du vendeur. Une méthode consiste à télécharger sa photo de profil, et à effectuer une recherche inversée sur Google. "On peut constater que la photo en question est celle d'un autre profil, ou une photo qui a pu être récupérée sur Internet, et qui est utilisée pour se faire passer pour une personne tierce", explique le policier.
Des mules financières ?
Philippe explique également avoir eu confiance en voyant un numéro de compte bancaire belge. Au commissariat de police, l'hypothèse de la "mule financière" est évoquée. Mais de quoi s'agit-il ? "Une mule est une personne qui, consciemment ou non, permet l’utilisation de son compte bancaire et/ou de sa carte bancaire et de son code PIN par des criminels à des fins de blanchiment d'argent.", explique Febelfin, la Fédération belge du secteur financier. Un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur.
En 2021, la même organisation révèle que 14% des jeunes sont prêts à jouer un rôle de mule. Souvent, un gain d'argent les convainc : "Les criminels promettent aux mules qu'elles vont pouvoir gagner de l'argent rapidement", justifie la fédération. Les jeunes sont d'autant plus visés par ces escrocs. Ces derniers ont l'habitude de "recruter" aux portes des écoles, dans les lieux festifs, dans les gares, mais aussi en ligne.
D'autres scénarios ont aussi été observés par l'équipe de la Computer Crime Unit de la police fédérale : "Ils vont prendre contact avec un certain nombre de personnes, en se faisant passer, par exemple, pour une ASBL et en disant 'nous sommes installés en Allemagne ou en France, seriez-vous d'accord de recevoir les montants, et de nous le transférer ensuite ?'. Les mules reçoivent à ce moment-là le montant en question et le transfèrent", explique Olivier Bogaert.
Ce faisant, les escrocs profitent d'un certain anonymat, car "cela rend beaucoup plus complexe le fait de pouvoir les identifier et de les localiser", ajoute-t-il.
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