On associe la tomate au soleil et à la chaleur, mais la Belgique (surtout la Flandre) en produit beaucoup, toute l'année. Et quand la loi de l'offre et de la demande s'en mêle, on se retrouve face à des situations étonnantes: des tomates qui traversent l'Europe du nord vers le sud...
Phillippe n'en revient pas. En vacances à Alicante avec sa famille, il se rend dans un supermarché afin d'y faire quelques courses. Dans le rayon des fruits et légumes, le pensionné de Froyennes découvre des tomates... belges. Et lorsqu'il voit leur prix, il peine à y croire. "Des tomates belges vendues en Espagne à 1€10 le kilo, de qui se moque-t-on ?", s'exclame le père de famille via le bouton orange Alertez-nous.
"C’est incroyable, on est dans un pays chaud et en Belgique, je ne sais pas si on peut trouver des tomates à ce prix-là. Ça m'étonne qu’on livre des tomates belges en Espagne et que chez nous, on trouve des tomates made in Espagne", ajoute Philippe.
Le pensionné se rend assez souvent en vacances en Espagne. Selon lui, c'est la première fois qu'il se retrouve face à des tomates venues de Belgique. La famille a finalement opté pour ces tomates qui étaient, selon elle, "moins chères que les autres". "Elles avaient bon goût, j’ai même trouvé que pour des tomates belges, elles étaient goûteuses, pas dures à l’intérieur comme elles sont parfois", conclut-il.
L'Espagne importe de plus en plus de tomates
Alors, un accident ou une tendance, cette tomate belge à 1€ le kilo en Espagne ? Selon des données rapportées par la Fédération espagnole des associations de producteurs-exportateurs de fruits, légumes, fleurs et plantes vivantes, l'Espagne importe effectivement de plus en plus de tomates (+8% en 2021). C'est même le fruit dont les importations ont le plus augmenté l'an dernier. Depuis quelques années, l'Espagne réduit ses cultures réservées à la production de tomates, offrant ainsi une opportunité à la Belgique d'exporter les siennes. Parmi les raisons qui poussent l'Espagne à renoncer à cette production: ses coûts de production très élevés.
La tomate est l'un des légumes les plus cultivés en Belgique
La coopérative belge de fruits et légumes BelOrta fait partie de celles qui exportent leurs tomates vers l'Espagne. Comme nous l'explique son porte-parole Glenn Sebregts, le volume produit en Belgique, qui avoisine les 160.000 tonnes, est suffisant pour fournir d'autres pays que la Belgique. "Les gens associent immanquablement les tomates au Sud, alors qu'il s'agit également de l'un des légumes les plus cultivés en Belgique", réagit le porte-parole. Selon lui, les tomates belges n'ont d'ailleurs rien à envier aux pays méditerranéens.
Des tomates belges tout au long de l'année
Concrètement, la Belgique exporte des tomates depuis de nombreuses années. En 2021, le volume s'élevait à 187.924 tonnes au sein de l'Union Européenne et à 29.272 hors UE. Au fil des années, ces nombres ont considérablement augmenté jusqu'à atteindre 241.404 tonnes en 2020 (au sein de l'UE) et 19.468 tonnes hors UE. La Belgique exporte principalement vers l'Espagne, la France puis les Pays-Bas. Les tomates belges représentent 16% des importations espagnoles, juste derrière les tomates portugaises et néerlandaises.
Comment l'Espagne parvient-elle à vendre ces tomates importées pour 1,10€ le kilo ? BelOrta l'ignore. "Nous n’avons pas de vue sur le mécanisme de tarification des fournisseurs espagnols", nous répond son porte-parole.
Du côté de la Fédération wallonne de l'horticulture, on nous explique que la production wallonne est quant à elle principalement réservée à une consommation locale. Ce sont des petits producteurs dont le volume produit ne permet pas d'exporter à l'étranger. Contrairement à la Flandre où les importantes productions permettent d'avoir un marché basé sur l'exportation. Grâce à ses cultures sous serre, la Flandre est capable de produire durant des périodes plus longues, qu'importe la saisonnalité. Il est possible de "se procurer les tomates belges tout au long de l'année", affirme la coopérative BelOrta.
Cette année, les producteurs wallons ont d'ailleurs dû faire face à une récolte abondante de tomates belges. Problème : malgré l'offre importante, la demande est en baisse. Les producteurs se retrouvent donc contraints de brader les prix pour ne pas perdre leurs récoltes :
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