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"Cette plaque nous choque profondément": Gilles aperçoit une immatriculation personnalisée avec une référence nazie, quelles sont les règles en la matière ?

 
 

"Voir une plaque d’immatriculation AH – 88, c’est assez choquant. N’importe qui s’intéressant un minimum à l’histoire sait de quoi il s’agit". En appuyant sur le bouton orange Alertez-nous, Gilles a souhaité faire part de son étonnement vis-à-vis de certaines plaques d’immatriculation personnalisées. Peut-on tout écrire ? Qui contrôle ce système ?

Alors sur les routes de Bruxelles, "à proximité de Bruxelles-Nord, pour être plus précis", Gilles a la surprise de constater que la voiture juste devant lui portait une plaque d’immatriculation personnalisée assez… étonnante.  "Cette plaque nous choque profondément", explique-t-il dans un premier temps. "Comment la DIV a-t-elle autorisé une telle plaque ? Il n’y a pas de contrôle lorsqu’on commande une plaque personnalisée ?"

C’est difficile de croire à une coïncidence

En effet, l’inscription peut choquer : AH renvoie aux initiales d’Adolf Hitler et le chiffre 88 est un lien vers la lettre H, huitième lettre de l’alphabet et faisant référence à l’expression Heil Hitler. "Je n’ai pas pu voir la personne au volant, mais autour de moi, les autres voitures n’avaient pas l’air de s’en offusquer, personne n’a klaxonné par exemple…", explique Gilles. "Mais les gens qui prennent ce genre de plaques savent que c’est un code, que cela passera inaperçu pour la plupart des usagers de la route".

Si l’inscription est en effet un code, on pourrait alors penser qu’il s’agisse d’une autre référence, beaucoup moins honteuse. Mais pour Gilles, il est tout de même difficile de croire à une coïncidence. "Cela pourrait être les initiales de quelqu’un qui s’appelle Adrien H. et qui serait né en 1988, par exemple. Mais il me semble que difficile de croire que cela n’est pas fait exprès, et avec de mauvaises intentions".

Autre jour, autre plaque étonnante

Gilles semble avoir un don pour repérer des plaques pas comme les autres. Quelques jours plus tard, il tombe sur un véhicule immatriculé Tities. Ce mot anglais plutôt familier pourrait être traduit par nichons dans notre langue. "C’est à se demander comment les contrôles sont effectués ! C’est moins choquant que la première plaque, mais cela reste assez particulier de voir un mot pareil sur nos routes".

Pour rappel, depuis 2014 en Belgique, une plaque d’immatriculation personnalisée peut être demandée par un conducteur, moyennant un coût supplémentaire de 1.000 euros. Les plaques personnalisées doivent toujours au moins contenir une lettre et la combinaison ne peut dépasser les 8 caractères. Ces immatriculations ne sont d’ailleurs pas autorisées pour les cyclomoteurs, les taxis ou encore les tracteurs agricoles.

Des demandes pourtant vérifiées

Selon le site du SPF Mobilité, toute combinaison est pourtant vérifiée par un agent de la DIV. Une liste noire, que le demandeur n’est pas en mesure de voir avant sa demande, a été dressée et serait consultée avant l’approbation de la DIV. En 2016, RTL Info avait déjà été questionné le SPF Mobilité, qui parlait à l’époque de « zone grise » à propos des demandes d’immatriculation comme Dutroux ou SS.

Nous avons retenté l’expérience en 2022. Sur le site du SPF Mobilité, la rédaction de RTL Info a tenté de voir si certaines combinaisons suspectes étaient acceptés ou non par le site.

Comme on peut le voir, si Hitler et Staline n’ont pas leur place sur une plaque d’immatriculation, « Dutroux » est autorisé. Lorsqu’on tente de rentrer la plaque repérée par Gilles, on nous propose simplement une alternative, la plaque étant, de fait, déjà prise.

En ce qui concerne la plaque « Tities », son pendant francophone est, lui aussi, proposé par le site du SPF Mobilité.

"Il y a des contrôles, mais il est nécessaire de les renforcer et nous souhaitons que la DIV redouble de vigilance concernant les demandes de plaques personnalisées", admet Litte Frooninckx, porte-parole de Georges Gilkinet, ministre de la Mobilité. "Certaines combinaisons sont tout de même déjà interdites. Par exemple, Al Qaida, KKK, des insultes, ou encore « Police » pour des raisons évidentes. Cependant, l’exemple de la plaque AH-88 est compliqué à gérer, car cela aurait pu être des initiales et une date de naissance".

Si des contrôles sont donc faits, il reste cependant des failles. Les renforcements demandés par le cabinet du ministre sont probablement les bienvenus : depuis 2016, les demandes de plaques d’immatriculation n’ont cessé de croître, comme l’indique le tableau ci-dessous.


 

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