Jérémy a poussé le bouton orange Alertez-nous pour dénoncer le sentiment d’insécurité qui règne actuellement à Huy. Ce commerçant tient une sandwicherie depuis 5 ans dans le centre-ville et il constate que des problèmes de drogues, de bagarres et d’agressions sont de plus en plus récurrents. Il appelle aujourd’hui les autorités à prendre des actions concrètes pour rétablir le calme dans la commune, sans quoi il craint devoir mettre la clef sous la porte.
"Je suis commerçant à Huy et cela fait des mois que nous sommes envahis par les dealers, les voleurs, les toxicomanes… Des mois que l’on se plaint aux autorités communales, mais rien ne change", nous écrit Jérémy via le bouton orange Alertez-nous.
Ce commerçant tient une sandwicherie depuis 5 ans dans le centre de Huy. Et de la fenêtre de son établissement, il constate peu à peu qu’une forme de criminalité s’installe dans sa ville. "Bagarres à répétition, agressions à coups de taser ou de couteau sont devenus notre lot quotidien, déplore-t-il. Cette semaine, une bagarre entre une quinzaine de personnes a éclaté à 18h, bloquant l’accès à mon restaurant durant près d’une heure. Les clients fuient la zone car c’est devenu une zone de non-droit."
Les clients nous disent clairement qu’ils n’osent plus venir, ils ont peur de se faire agresser
Ce phénomène est apparu voilà quelques mois. Des trafiquants d’origine tunisienne se disent "rois de la ville". Ils traversent les rues de Huy à bord d’une voiture, arme chargée et tirent en plein milieu de la nuit. Le tout filmé par l’un d’eux et ensuite diffusé sur les réseaux sociaux. Même en plein jour, ces personnes "sèment le trouble", estime Jérémy. "A ce rythme, les commerces ne tiendront plus très longtemps", poursuit-il.
Ce commerçant assure en effet que depuis qu’un sentiment d’insécurité règne à Huy, les clients se font de plus en plus rares. Ils ne viennent, par exemple, plus après 18h par peur. Résultat ? Plus personne pour le service du soir et un chiffre d’affaires en diminution pour Jérémy. "Les clients nous disent clairement qu’ils n’osent plus venir, ils ont peur de se faire agresser. Si rien n’est fait, je vais devoir arrêter. J’espère vraiment que les choses vont bouger sinon le travail de plusieurs vies sera mis à la poubelle et le centre-ville hutois déserté", avertit-il.
Ce commerçant a déjà pris sa décision : à la fin de son bail, il ne le renouvellera pas. "J’irai voir dans une commune voisine, où on sera plus écouté, où il fait plus propre…", glisse Jérémy. Et il n’est pas le seul à le dire. Dans la rue, d’autres commerçants pensent la même chose. "Pour moi, la ville sera toujours belle, je resterai toujours à Huy. Mais si ça continue comme ça, mon commerce, par contre, il ira dans une autre ville", affirme Xavier, gérant d’une épicerie fine.
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La ville de Huy comparée à Chicago
Mais comment cette petite ville touristique, à la réputation paisible, est-elle devenue le repère de certains trafiquants de drogue ? Geoffrey, un autre commerçant, nous a montré le carrefour stratégique des dealers. Là où tout s’organise. "Comme par hasard, il n’y a personne aujourd’hui", commente-t-il.
Si les lieux sont déserts le jour de notre tournage, l’endroit reste néanmoins dangereux, selon Geoffrey. "Ces comportements amènent une criminalité qu’il n’y avait pas avant", affirme-t-il. "Des dégradations sur des véhicules, des vols dans les véhicules… Ils rentrent même apparemment par les toits ouvrants des voitures des touristes. Les habitants disent que c’est Chicago, franchement."
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Pour se faire entendre, les commerçants ont d’ailleurs lancé une pétition, espérant ainsi faire bouger les choses. "Pour le moment, il y a à peu près 500 personnes qui ont signé la pétition", informe Xavier. Mais selon eux, la police "minimise" ce qu’il se passe réellement dans les rues de Huy. "La police ne fait rien, tout simplement", dénonce Jérémy. Et de s’expliquer : "Quand on a essayé de braquer mon commerce, la police m’a dit de mettre une bombe de déodorant à côté de la caisse", nous dit-il, scandalisé. "Donc il y a des gars qui exhibent des 9 mm et des tasers dans la rue, mais moi, je dois me défendre avec une bombe de déodorant."
Des actions concrètes de la police
Les commerçants réclament aujourd’hui des actions concrètes de la part de la police. "On voudrait avoir une intervention sur les lieux de deals parce qu’en faisant ça, on va diminuer toute la criminalité qui est sous-jacente à ça", avance Geoffrey. Pourtant, la police de Huy assure être "parfaitement consciente des problèmes qui existent." Selon le chef de corps faisant fonction, des actions sont menées quotidiennement pour endiguer le phénomène, mais "les résultats attendus par les autorités ne sont pas toujours ceux escomptés", regrette Steve Jasselette. "Quand on ramène ces personnes et qu’on fait les devoirs utiles par rapport à ces personnes, l’instance fédérale nous donne des instructions, qui sont souvent la relaxe. Nous nous conformons aux directives", explique-t-il.
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La police a aussi augmenté la présence de patrouilles dans les quartiers problématiques, et d’autres opérations plus lourdes pourraient être envisagées dans les prochaines semaines. Mais pour ne pas compromettre les enquêtes et dossiers en cours, Steve Jasselette n’est pas autorisé à nous en dire davantage. Les seuls conseils qu’il donne aujourd’hui aux habitants de Huy sont "d’être patient, contacter les services police pour tout problème et attendre les résultats des enquêtes et dossiers en cours."
"Un véritable havre de paix"
De son côté, le bourgmestre de Huy tente de rassurer : "Les gens ont généralement un sentiment d’insécurité là où il y a une sécurité plus importante. Le sentiment d’insécurité est inversement proportionnel à la sécurité réelle. Dans toutes les études, c’est comme ça", souligne Eric Dosogne.
Il avoue néanmoins que des problèmes de deal sont présents un peu partout dans sa ville. Mais que les autorités font tout pour y remédier. "On vivait véritablement dans un havre de paix. Aujourd’hui, la réalité nous a peut-être un peu rattrapé mais nous allons tout mettre en œuvre pour que nous retrouvions ce havre de paix", conclut le bourgmestre.
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