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"Nous sommes dévastés": après six ans d'attente, la demande d'adoption de Patrick et Renaud est refusée alors qu'ils ont "tout pour être heureux"

 
 

"Nous sommes dans l'incompréhension", expliquent Patrick et Renaud. Ils ont décidé d'appuyer sur le bouton orange Alertez-nous pour raconter leur histoire. Ces deux hommes sont en couple depuis 14 ans et mariés depuis 7 ans. Ayant envie de fonder une famille, le couple se lance donc dans une procédure d'adoption à la fin 2016. 6 ans plus tard, on leur annonce que les demandes effectuées ne sont pas favorables et que leur candidature n'a finalement pas été retenue, malgré des avis positifs en amont. L'adoption, un réel parcours du combattant?

Patrick et Renaud forment un couple heureux depuis maintenant pratiquement 15 ans. Mariés, propriétaires et disposant tous les deux d'un travail, ces deux hommes habitants Francorchamps ont tout pour être heureux. "Pour combler notre nid, nous nous sommes lancés dans des procédures d'adoption. Nous avons tout pour être heureux, mais fonder une famille faisait vraiment partie de nos envies", explique Patrick.

Le couple se lance alors dans la grande aventure de l'adoption et commence à remplir les premières formalités. "On doit procurer des certificats d'aptitude et un jugement du tribunal qui nous déclare aptes à accueillir un enfant. C'est seulement après ces premières étapes que l'on peut contacter les centres d'adoption. Ensuite, ils nous font passer des examens psycho-médico-sociaux pour vérifier notre capacité d'accueil. C'est beaucoup de paperasse et des démarches lourdes en temps et en argent".

De fait, Renaud et Patrick avaient déjà tout planifié. "On se demandait déjà comment on partirait en vacances à trois, on avait déjà prévu de changer nos horaires de travail. On savait qu'on allait devoir changer de vie totalement".

Un refus qui ne passe pas

En juillet, le couple reçoit enfin le courrier tant attendu: celui qui doit pouvoir lui permettre d'être accepté et placé sur une liste d'attente avant d'accueillir un enfant. Sauf que la réponse reçue s'avère être négative.

"Ça a été le choc, car jusqu'ici, tout se passait bien", explique Renaud. "Le tribunal nous déclarait aptes, indirectement, on nous avait fait comprendre que ça devait être bon pour nous, et puis finalement tout s'écroule".

Les raisons invoquées viennent de la psychologue, qui ne les a pas jugés aptes à pouvoir accueillir un enfant dans leurs vies. "Premièrement, on nous dit que l'on ne serait pas assez disponible par rapport à notre travail". Patrick est pompier professionnel tandis que Renaud exerce la fonction d'aide-soignant. "Mais on nous dit ça, alors que nous avions des lettres de recommandations de nos patrons respectifs, qui expliquaient bien que des changements d'horaires étaient tout à fait possibles."

"Ensuite, la psy explique qu'elle ne nous voyait plus attendre plus longtemps. Sauf que l'attente administrative, et l'attente de l'enfant ne sont pas les mêmes ! Si l'on est placé sur une liste d'attente, on sait qu'un jour, un enfant arrivera, on aurait pu attendre encore 3 ou 4 ans s'il le fallait. Notre envie est bien plus forte que l'attente", s'exclame Renaud.

L'adoption, une course contre la montre

Avec ce nouveau refus, le couple se pose désormais la question : faut-il continuer les démarches ? "Il arrivera un moment où nous serons "trop vieux" pour pouvoir rentrer dans les critères d'adoption. Puis, nous avons déjà dépensé tant d'énergie, tant d'argent… On doit se poser la question si on veut recommencer tout à zéro", explique Patrick.

"Faire une croix sur l'enfant, on n'y pense pas encore", reprend Renaud. "Mais on se pose la question de voir si on ne pourrait pas faire appel à une autre voie, comme le recours à une mère porteuse par exemple".

"Le refus ne vient jamais d'une seule personne"

Pour comprendre les raisons de ce refus et les critères mis en place dans le cadre d'une adoption, nous sommes allés rencontrer Frédéric Lethé, directeur de l'autorité centrale communautaire, qui gère l'adoption en Fédération Wallonie-Bruxelles.

On n'adopte pas un enfant en trois semaines

"La première phase de l'adoption est celle qu'on appelle la phase de préparation", explique-t-il. "Cela permet d'informer sur ce qu'est l'adoption et si cela correspond bien à l'envie des candidats. Ensuite, il y a la phase d'évaluation, lors de laquelle on juge si le candidat est apte à pouvoir adopter et accueillir un enfant, et après cela, le candidat peut entamer les démarches et contacter des organismes d'adoption".

Frédéric Lethé est clair : ce processus ne se fait pas sur des critères précis. "On traite de l'humain, on n'a pas une check-list avec des points à remplir, c'est au cas par cas. On va juste essayer de voir les facteurs à risques, voir ce qui est le mieux pour l'enfant : plein de questions seront posés. La procédure peut paraître longue, en effet, mais elle est nécessaire, on n'adopte pas un enfant en trois semaines ou deux mois".

Si Patrick et Renaud avaient l'impression que la psychologue, qui les a jugés inaptes, n'avait pas bien saisi leur démarche, Frédéric Lethé tient à préciser ce point. "Ce n'est jamais l'œuvre d'une personne qui va décider de tout et d'accepter ou refuser une candidature. C'est un travail d'équipe, c'est collégial".

Le fait que Renaud et Patrick forment un couple de même sexe aurait-il eu un poids dans la balance ? Une fois de plus, on est clair sur ce point du côté de l'ACC. "Non, à aucun moment. Ces candidats sont un couple comme un autre, des potentiels parents comme les autres. Le fait qu'ils soient du même sexe n'intervient en rien".


 

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