Depuis l’interdiction de fumer à l’intérieur des bars et des restos, Franck 44 ans et son épouse Sabine 48 ans, tous les deux fumeurs, ne savaient plus quoi faire de leurs mégots de cigarettes. Une idée a germé dans leur esprit : un étui pour paquets de cigarette muni d’un tiroir récupérateur de mégots.
Choqués par l’état du bord de mer près de chez eux, truffé de mégots de cigarettes, Franck et Sabine, couple de quadragénaires du sud de la France, eux-mêmes fumeurs, ont imaginé il y a trois ans un moyen ingénieux de ne plus devoir balancer à terre leurs mégots: faire de leur paquet de cigarettes un cendrier.
Le principe est simple: un étui pour paquet de cigarettes qui comporte un tiroir récupérateur au-dessous et dans lequel on range son mégot une fois sa clope grillée. Par une petite pression sur l’étui, on ouvre son réservoir et on y met son mégot. On referme ensuite le tiroir et le tour est joué. Ce dernier, peut contenir jusqu’à 15 mégots. Il faut ensuite le vider dans une poubelle ou un cendrier. Les créateurs estiment qu'au total l'étui, conçu en carton rigide et recyclable, pourra récolter jusqu'à 2000 mégots avant que l'utilisateur ne doive en acheter un neuf. Ils ont baptisé leur étui "Own Box", le meilleur ami du fumeur éco-responsable.
4300 milliards de mégots par an
D’abord employé dans une centrale nucléaire pendant trois ans, Franck s'est reconverti comme indépendant dans la décoration d’intérieur avec sa femme. Tous deux présentaient certaines qualités pour leur nouvelle activité: "Je suis assez manuel et mon épouse est artiste-peintre", dit-il. Aucun des deux n’a de diplôme ou d’expérience dans le domaine de la création de produit mais ils n'en doutent pas, leur Own box correspond à un réel besoin. Sur le site internet de leur étui écologique, ils livrent ces chiffres astronomiques: 4300 milliards de mégots de cigarettes sont jetés dans la nature et dans les rues chaque année, soit 137.000 mégots par seconde… Des mégots qui ne se dégradent pas très vite: "S’il faut environ 6 minutes pour fumer une cigarette, il ne faut pas moins du double pour qu’il se désagrège dans la terre. En outre, un seul mégot suffit à polluer 500 litres d’eau et mettra 5 ans pour se désagréger dans la mer", assène Franck.
"Personne n’est sensibilisé au problème. C’est un fléau. Toutes les villes se battent contre cela. Pas seulement pour les mégots, mais pour tout ce qui est micro déchets", nous explique-t-il encore. Bref, il est grand temps de sensibiliser la population, estime notre interlocuteur.
Breveté mais pas encore commercialisé
Afin de rendre leur objet plus "sexy", notre couple de décorateurs d'intérieur l'a rendu entièrement personnalisable sur ses 200 cm² de surface, songeant notamment à des entreprises ou des organisateurs d'événements qui pourraient s'en servir comme d'un outil de marketing: "On peut réaliser tout type d’infographie pour faire de la communication, de la sensibilisation ou carrément lui donner un côté fun et mode", s’enthousiasme Franck. Reste maintenant à le vendre et en faire une réussite commerciale. Il y a deux ans, leur produit a été breveté mondialement. Après en avoir fabriqué mille exemplaires promotionnels l’année dernière, Franck et Sabine espèrent aujourd’hui pouvoir le commercialiser à grande échelle. Comme d'habitude, l'argent est le nerf de la guerre. "Nous avons fait quelques études de marché et le produit plaît vraiment. Mais il manque pas mal de fonds pour commencer à en fabriquer et pour le commercialiser", raconte Franck.
Pour se lancer il y a 3 ans, les inventeurs ont cassé leur tirelire et bénéficié de prêts via certains de leurs proches. Mas il leur faudra plus de fonds pour passer à la vitesse supérieure. Le couple a décidé de faire appel au crowdfunding (consiste à proposer aux gens, via internet, d'investir dans le projet, souvent avec de petites sommes d'argent) pour donner un coup de pouce à la Own Box. Leur public cible est large, du particulier aux mairies, des maisons du tourisme aux hôtels, en passant par les bureaux de tabacs ou encore les stations de ski.
"On espère pouvoir se lancer dans la commercialisation d’ici le 2ème semestre 2015. On a déjà plusieurs demandes provenant de Paris, Genève ou encore de Slovénie. Depuis le début de l’aventure, l’espoir n’a jamais fané. On va s’y mettre au lance-pierre", raconte Franck, déterminé à s'attaquer à la montagne des 4300 milliards de mégots annuels qui souillent notre planète.
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