Depuis de nombreuses années, la commune d’Anderlecht doit faire face à d’importants problèmes de propreté. C'est le cas notamment dans la rue Van Soust où vit Hafida. "Des déchets en tout genre jonchent le sol. On retrouve des lunettes de toilette, des cannettes, des bouteilles, des cartons et j'en passe". Elle dénonce le manque de civisme de certains habitants de sa commune. Les autorités annoncent un nouveau plan et des mesures renforcées pour 2021.
Ces dernières années, plusieurs habitants d'Anderlecht ont déploré la malpropreté dans leur rue ou aux alentours via notre bouton orange Alertez-nous. Dépôts clandestins près du parc du Peterbos, des immondices dans le quartier de Cureghem,... Les exemples ne manquent pas et les autorités peinent à lutter contre les monceaux de déchets dans certains endroits.
Cette fois, c'est la rue Van Soust qui est pointée du doigt pour sa malpropreté. Hafida vit depuis un an dans un appartement et le "spectacle" auquel elle assiste la frustre au plus haut point.
S’il faut en arriver à balayer la rue soi-même, il y a un problème quelque part
Des cartons à pizza, des canettes, des lunettes de toilette,... Hafida dit retrouver régulièrement des déchets divers et variés en sortant de son domicile.
"Je suis sûre et certaine que des habitants dans la rue manquent de civisme", indique-t-elle. "A côté de ça, j’ai l’impression que la commune ne fait rien pour réprimander. Les balayeurs de rue se font très rares. C’est dégueulasse. S’il faut en arriver à balayer la rue soi-même, comme je l'ai déjà fait, il y a un problème quelque part", fustige-t-elle.
L’entretien de cette longue rue laisse à désirer selon elle. Pour appuyer ses propos, elle nous joint quelques photos:
Ça me dégoute de vivre là
"Notre rue est rarement propre", poursuit-elle. "Au départ, je me suis dit que c’était occasionnel, mais là, ça me dégoûte de vivre là", confie-t-elle. "Imaginez, vous rentrez chez vous et il y a plein de poubelles et des encombrants qui sont au pas de votre porte. Quand les encombrants ne sont pas collectés, vous savez comment ça se passe. Il y avait récemment une lunette de toilette cassée en mille morceaux parce qu’un véhicule avait roulé dessus en se garant. Cela restait là, sans intervention... J’ai donc dû les ramasser moi-même. Les déchets finissent pas se mélanger, ça colle par terre..."
Elle conclut: "Une voisine qui vit depuis plus longtemps que moi dans le quartier constate que la situation ne change pas depuis longtemps. Je viens de Ganshoren où c’était tout le temps nickel. Je n’ai pas l’habitude de vivre dans un environnement comme celui-ci."
Certains en profitent pour déposer à côté du sac, la poussette, le parapluie et le petit meuble
Bien consciente que les dépôts sauvages constituent une source de frustration importante au sein de la population, le collège communal a décidé de prendre le problème à bras-le-corps et d'en faire une priorité depuis le début de cette législature.
"La rue Van Soust est très longue et il y a des tronçons où il existe des réalités très différentes. On connaît des problèmes dans certaines parties de la rue", reconnaît Allan Neuzy, l'échevin de l'Entretien de l'Espace public à Anderlecht.
"Effectivement, nous observons des problèmes de dépôts clandestins. Nous avons déjà dû intervenir et souvent. Il y a des endroits bien connus, et je m’en réfère au diagnostic du Plan propreté où on a bien déterminé les points noirs, où les gens prennent l’habitude d’aller déposer leurs dépôts clandestins. On en a cartographié une bonne partie", précise-t-il.
Allan Neuzy donne un exemple de ce qui est régulièrement observé dans la commune. "Le jeudi soir par exemple, c’est le jour des sacs jaunes et sacs blancs. Et il y a beaucoup trop de gens qui ne comprennent pas la règle et déposent leurs sacs trop tôt, le jeudi matin et non le jeudi soir. D’autres en profitent alors pour déposer à côté du sac, la poussette, le parapluie et le petit meuble en plastique qui était dans la salle de bain et qu’on a voulu changer... Effectivement, ça donne un aspect très négligé avec les problèmes de propreté qui sont liés."
Un bon paquet de nouvelles caméras vont arriver en plus en 2021
Quels dispositifs mis en place pour lutter contre la malpropreté?
L'échevin rappelle une nouvelle fois que les caméras mobiles ont prouvé leur efficacité dans la lutte contre la plaie des décharges sauvages. Par le passé, des individus ont pu être ainsi identifiés par l'intermédiaire de leurs plaques d'immatriculation saisies par la caméra. Les autorités placent ces dispositifs durant quelques semaines aux endroits où des immondices sont régulièrement jetés.
"Les caméras mobiles tournent, mais la commune compte 120.000 habitants, c’est énorme. Un bon paquet de nouvelles caméras vont arriver en plus en 2021 pour réagir plus vite et être présents à plus d’endroits qu’actuellement", annonce-t-il.
Un budget exceptionnel et des mesures fortes
Comme les moyens déployés actuellement n'ont toutefois pas encouragé certains citoyens à faire plus attention à leur environnement, Anderlecht va passer à la vitesse supérieure.
Dès 2021, il y aura plus d'éboueurs et plus de recyparcs mobiles. Pour ce nouveau plan stratégique propreté, un budget exceptionnel de plus de deux millions d’euros sera consacré.
L’échevin de l’Entretien des espaces publics Allan Neuzy nous détaille les mesures qui seront mises en place.
1/ 70 nouveaux ouvriers d'entretien
La mesure phare est l’engagement en janvier prochain de 80 personnes, dont 70 ouvriers d’entretien, afin d'augmenter les heures de nettoyage. (un renforcement du service propreté d’environ 50%)
"L'objectif est que l’entretien des rues soit assuré 7 jours sur 7 et de 7h à 21h. C’est une grosse mesure", souligne Allan Neuzy. "Au niveau financier, cela aura énormément d’impact. J’espère que ça va fameusement améliorer le nettoyage des voiries, espaces verts,… Le but est qu’on voit encore plus le personnel communal en train d’entretenir l’espace public."
2/ 8 "mini-recypark" par semaine
Chaque semaine, la commune va installer au total 8 déchetteries mobiles. Celles-ci feront le tour de différents quartiers. Le système n'est pas neuf mais il va être clairement renforcé (400 passages de mini-recyparcs par an au lieu de 20 actuellement).
"Le dépôt clandestin ne vient pas uniquement d’une méconnaissance de la règle mais aussi parce qu’il y a un besoin d’évacuer des encombrants et que tout le monde n’a pas la possibilité d’aller en voiture jusqu’au recyparc", indique l'échevin de l’Entretien des espaces publics. "Il faut donc augmenter le nombre de moyens pour s’en débarrasser. On ne parle pas ici du gros canapé ou du frigo, mais aussi du petit encombrant. On va ainsi augmenter de manière très importante le nombre de mini-recyparcs. On ira dans les quartiers tous jours, sauf peut-être le dimanche, et on offrira la possibilité aux citoyens de venir déposer tout type de déchets. On va aller forcément dans les endroits qui posent le plus problème."
3/ La répression des actes de malpropreté renforcée
Anderlecht veut également que la répression des incivilités soit renforcée. Un investissement dans de nouvelles caméras est aussi prévu.
"Actuellement, l'amende s'élève à 150 euros pour un sac blanc sorti au mauvais endroit. Pour un dépôt clandestin, c'est 330 euros le mère cube (m³)", rappelle Allan Neuzy.
"Dans le cadre du plan propreté 2021, on va augmenter les montants pour que le pollueur paie encore plus", prévient-il. "L’augmentation sera importante. Je laisse le conseil communal statuer là-dessus, mais je souhaiterais m’aligner sur les montants de la Ville de Bruxelles (500 euros le dépôt clandestin par m³ et 200 euros le sac)."
Le financement de ce plan propreté (2,3 millions d'euros) sera par ailleurs possible via "une réforme fiscale citoyenne".
"Les additionnels à l'impôt des personnes physiques (IPP) passeront de 5,9% à 5,5%, le précompte immobilier sera revu à la hausse (3.000 à 3.250 centimes), mais compensé par une prime communale (40€) pour les propriétaires qui occupent leur bien", précise Allan Neuzy qui affirme que ces mesures n'auront "pas d'impact sur la grande majorité des Anderlechtois". Ce changement fiscal aura donc des effets pour les propriétaires de plusieurs biens immobiliers ou les citoyens qui n’occuperaient pas leur bien.
"On voulait mettre le paquet pour la propreté", conclut l'échevin, qui espère que la population sera sensible à ce nouveau plan propreté.
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