À l'instar d'autres grandes villes européennes, Bruxelles va interdire l'accès aux véhicules les plus polluants. Le but est d'améliorer la qualité de l'air, source de problèmes de santé, dans notre capitale, l'une des plus embouteillées du continent. L'ensemble de la région bruxelloise (voir carte ci-dessous) se transformera donc progressivement en une zone appelée "zone de basses émissions", une LEZ (pour Low Emission Zone en anglais).
La mise en place commencera le 1er janvier prochain avec l'exclusion des plus vieux quatre roues diesel, c'est-à-dire ceux qui ne répondent à aucune ou à la plus vieille norme européenne (la 1). Puis, un an plus tard, en 2019, ce seront les voitures et utilitaires de la norme européenne 2 qui ne pourront plus rouler dans Bruxelles. Et ainsi de suite, la zone de basse émission se fermant à de plus en plus de véhicules diesel mais aussi essence (voir tableau). Un réseau de 140 caméras s'assurera du respect de la règle. Les motos ainsi que certaines catégories comme les poids-lourds ou véhicules d'urgence seront exemptés. Enfin, il sera quand même possible de pénétrer dans Bruxelles avec un véhicule prohibés au maximum 8 jours par an, moyennant le paiement d'un "pass".
Une camionnette impeccable dont il avait personnalisé l'intérieur pour les besoins de son métier
La camionnette VW Transporter T4 diesel d'André, 59 ans, frigoriste depuis bientôt 40 ans, dispose encore d'un sursis de deux ans. En 2020, son utilitaire de 15 ans, répondant à la norme EURO 3, ne pourra plus entrer dans Bruxelles. L'habitant de Rixensart ne pourra plus aller réparer les chambres froides des boulangeries, boucheries ou petits hôtels de la capitale comme il le fait depuis quatre décennies.
André devra se séparer de son véhicule à... un an de la retraite. "Je ne vais quand même pas racheter une nouvelle camionnette pour une année qu'il me restera à travailler", nous a-t-il écrit via le bouton orange Alertez-nous. La séparation forcée est frustrante. "Cette camionnette est tout à fait impeccable, elle est pas rouillée rien, mais bon malheureusement elle a 15 ans", décrit-il. Et puis surtout, sa camionnette n'est pas une simple camionnette. "À l'intérieur, tous les rayonnages pour l'outillage et les pièces ont été faits par mes soins. C'est du sur-mesure, c'est moi qui l'ai fait. Je ne sais pas transvaser ça comme ça, c'est faisable mais c'est un gros boulot", détaille-t-il au téléphone.
Les moins riches mais les plus pénalisés?
Le coup de gueule d'André naît d'un sentiment d'injustice. Il y a encore peu, on incitait à acheter diesel. Maintenant, c'est le contraire. Et en frappant d'abord les plus anciens, on pénalise une petite minorité, celle qui n'a pas les moyens de s'acheter un nouveau véhicule. "La personne nantie qui peut s'acheter une Porsche Cayenne, elle a le droit de rouler. Il y a quand même quelque chose qui ne va pas", estime le frigoriste, d'autant plus déçu qu'il a toujours pris soin de sa camionnette. Le quinquagénaire ne veut pas négliger les problèmes de pollution mais, dit-il, "les véhicules plus anciens ne représentent même pas 1% du charroi routier, ce n'est pas ça qui va faire la différence au niveau de la pollution", juge André.
Rappelons que la zone de basses émission concernera un nombre croissant de véhicules, année après année. Dans huit ans, en 2025, seuls les diesel obéissant à la norme européenne la plus stricte, la 6, pourront encore circuler à Bruxelles.
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