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Anne a accepté d'accueillir des réfugiés ukrainiens pour une courte durée mais ils sont toujours chez elle 6 mois plus tard: "On nous prend pour des pigeons"

Anne a accepté d'accueillir des réfugiés ukrainiens pour une courte durée mais ils sont toujours chez elle 6 mois plus tard: "On nous prend pour des pigeons"
 
 

Lorsque la Russie a envahi l'Ukraine en février dernier, Anne et son mari ont été particulièrement touchés par les images de civils s'entassant dans les gares avec l'espoir de fuir la guerre. "On s'est dit que ce n'était pas possible de rester sans rien faire", se souvient-elle. Comme ses enfants ont quitté la maison, l'habitante de Charleroi a plusieurs chambres libres et décide donc de s'inscrire afin d'accueillir quelques réfugiés. "Comme nous avons des petits-enfants, j'ai indiqué que nous avions des objets de puériculture", explique-t-elle. "Et donc, nous avons accueilli un couple avec leurs deux enfants de 2 et 4 ans."


 

"Nous sommes un peu comme les grands-parents"

Les parents et leurs enfants ont leur chambre ainsi qu'une salle de bain privée. "Nous avons tissé des liens affectueux avec eux", indique Anne. "Nous sommes un peu comme les grands-parents, car le couple a l'âge de nos aînés. Les enfants nous appellent d'ailleurs 'Baba' et 'Nana'."

Mais Anne et son mari avaient indiqué souhaiter mettre leur logement à disposition bénévolement pour 3 mois. Si elle a décidé de pousser le bouton orange Alertez-nous, c'est parce que les réfugiés sont toujours chez eux plus de 6 mois plus tard. "Et nous ne voyons aucune perspective", dit-elle. "Nous avons contacté les différents organismes qui s'occupent des réfugiés ukrainiens et on nous a répondu que maintenant qu'ils étaient placés, ça n'était plus de leur ressort. Mon sang n'a fait qu'un tour."

Les propriétaires sont très méfiants de leur statut de réfugiés ukrainiens et de leur confession musulmane

Le CPAS a alors indiqué aux bénévoles que c'était à eux de trouver un logement pour la famille. "Ça devait juste être un accueil d'urgence pour permettre à l'Etat de se retourner", soupire-t-elle. "Et en fait, maintenant, c'est à nous de jouer les assistants sociaux et de passer des heures au téléphone pour trouver une solution." Et pour l'instant, le couple de Charleroi n'en trouve pas. "Ils ont uniquement un revenu du CPAS donc c'est compliqué", explique Anne. " De plus, les propriétaires sont très méfiants de leur statut de réfugiés ukrainiens et de leur confession musulmane. Je ressens même parfois des réactions d'animosité à leur encontre."

"Que va-t-on faire de tous ces gens?"

Ce qu'espère Anne aujourd'hui, c'est d'être entendue par les instances. "C'est très bien d'affirmer que la Belgique est un pays accueillant", dit-elle. "Mais il ne faut pas transformer les bénévoles en pigeons. Parce qu'on nous prend pour des pigeons. Nous devons chauffer la maison la journée et nous devrons également prendre en charge leur déménagement. Et puis, que va-t-on faire de tous ces gens?"

Aucun regret

Pour autant, elle ne regrette pas d'avoir accueilli la famille. "Je ne le regretterai jamais", affirme-t-elle. "Nous nous entendons bien avec cette famille. Mais nous avons fait notre travail. À l'Etat de faire le sien maintenant. Nous voulons retrouver notre intimité. Et nous souhaitons pouvoir de nouveau accueillir nos petits-enfants et entreprendre des travaux pour héberger mes parents plus tard."

uk3


 


 

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