Cela fait maintenant 3 ans et demi qu'Annie veut faire isoler sa façade avant, dans un souci de gain d'énergie. Alors que nous traversons une crise énergétique sans pareille, elle s'interroge : pourquoi sa commune continue-t-elle à lui refuser son permis ? Elle a poussé le bouton orange Alertez-nous pour dénoncer ce "non-sens".
Lorsqu'on arrive dans la rue où habite Annie, à Jumet (Charleroi), et qu'elle explique qu'on lui refuse de faire isoler sa façade avant, une question peut venir tout de suite à l'esprit : pourquoi la maison voisine d'Annie, elle, a pu être isolée ? En effet, pour les voisins d'Annie, il n'y a pas eu de problème, la maison, qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celle d'à côté, a pu être isolée. De quoi faire jalouser Annie…
"Cela fait plus de trois ans que je veux isoler, comme ma voisine, ma maison", explique-t-elle, dépitée. "Ma maison n'est pourtant pas plus belle ou plus moche que celle de ma voisine, mais on me dit que c'est pour une question d'équilibre, qu'il manquerait une fenêtre sur la façade pour que ce soit bien équilibré. Qu'est-ce que c'est que ces critères ?", s'exclame-t-elle.
En hiver, mes toilettes sont glacées, personne n'ose y aller
À l'intérieur de son domicile, Annie se chauffe au pellet. Si elle est très contente de ce moyen de chauffage, elle veut pouvoir en économiser davantage. "Avec ce mur non isolé, je perds énormément de chaleur. Quand il fait bien froid, j'utilise un sac de pellets pour deux jours. Avec une isolation, je pourrais encore diminuer cette cadence".
Son constat est très clair : son mur de façade intérieur est complètement gelé dès que les températures baissent. "Mes toilettes se trouvent également contre ce mur et en hiver, on aurait peur d'y aller, il fait vraiment très froid, les personnes qui viennent rendre visite n'osent presque pas y aller !"
Un combat contre les pouvoirs publics
Pour Annie, ces décisions sont d'autant plus stupides au vu de la période que nous traversons. "On nous parle de climat, d'économie d'énergie, de faire attention. Et quand on veut faire quelque chose, on nous le refuse pour une question d'esthétisme. Quand je suis allé voir l'urbanisme, on m'a répondu que c'était non, et que ça ne servait à rien de revenir".
"J'avais gardé quelques économies pour ma façade, mais les matériaux ne cessent d'augmenter, et bientôt, je ne m'en sortirai plus... J'ai encore 2 ans et demi à travailler avant ma prépension, j'espérais faire le reste de mes travaux avant cette date, mais on me le refuse", déplore-t-elle.
Pire encore, ces refus de bâtir coûtent de l'argent en plus à Annie. "Avec toute la paperasse accumulée et les papiers que j'ai dû rendre pour faire ma demande, j'en suis au moins à une cinquantaine d'euros dépensés, et comme j'ai dû le faire deux fois, ça tourne bien autour des 100 euros".
En quoi consiste une isolation extérieure d'une façade ?
Pour isoler une façade avant, plusieurs systèmes existent, mais Pierre Renaux, gérant de la société d'isolation Sematec, nous explique le système standard. "Ce sont des plaques de polystyrène qui vont venir habiller la façade", explique-t-il. "Elles sont collées et chevillées sur le support et son épaisseur qui les rend efficace niveau thermique".
Car les plaques, si elles sont très légères, prennent pourtant bien de la place : elles font jusqu'à 14 centimètres de large, puis jusqu'à 16 centimètres lorsqu'elles sont recouvertes de couche pour les rendre plus solides et résistantes aux chocs thermiques et physiques. C'est notamment cette taille qui freine les pouvoirs publics d'accorder des permis de bâtir pour isoler les façades.
"En effet, c'est plus rare de voir des permis être accordés pour des isolations de façade avant", précise le gérant de Sematec. "Elles sont, en général, plus belles que les façades arrière, et c'est donc plus compliqué d'avoir les autorisations des pouvoirs publics, plus réticents à ce sujet".
Pierre Renaux pointe deux avantages concrets à l'installation de ces isolations de façade : une économie de chaleur concrète et une qualité de vie améliorée. "Grâce à cette isolation, la chaleur est maintenue à l'intérieur, ce qui donne encore plus un aspect cocooning à la maison, et donc une qualité de vie du domicile améliorée".
Alors, pourquoi bloquer ces commandes ? Par l'intermédiaire de sa porte-parole, le ministre wallon de l'Urbanisme, Willy Borsus, admet qu'il y a "matière à réflexion". "Nous réfléchissons à ce sujet important, car les techniques évoluent et le besoin lié à la crise énergétique est très présent. Nous devons donc faciliter les isolations notamment par l'extérieur du bâtiment, tout en gardant un équilibre raisonnable avec les aspects d'urbanisme et d'esthétique".
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