Pourquoi son assureur a-t-il pris une telle décision, et comment peut rebondir cette automobiliste qui présente un bonus malus à zéro.
"J'ai eu quatre accidents, de janvier 2014 à maintenant. Et voilà, je me retrouve sans assurance", nous a écrit Pascale, 55 ans, via le bouton orange Alertez-nous.
Jusque-là, on imagine naturellement que Pascale ne roule pas prudemment et que, logiquement, sa compagnie d'assurance ait pris la décision de ne plus couvrir cette automobiliste "à risque". Et pourtant, le cas de Pascale, enseignante à Brugelette, est loin de ce cliché.
En effet, elle était en droit lors des quatre accidents dans lesquels elle a été impliquée, et présente un bonus malus de zéro. "A chaque accident j'étais en droit", insiste Pascale avant de détailler les quatre incidents dans lesquels elle a été, bien malgré elle, impliquée. "Une fois, un homme a reculé contre moi dans un embouteillage, alors que j'étais à l'arrêt. La fois suivante, c'était dans un carrefour. Deux voitures se sont percutées, et l'une d'elle est venue me heurter, alors que j'étais aussi arrêtée. Le troisième, c'est ma fille, inscrite en conductrice occasionnelle, qui utilisait la voiture, et une dame l'a percutée. Et enfin, le quatrième, c'est mon voisin qui est rentré ivre et qui a accroché ma voiture", détaille-t-elle avant de préciser que les autres automobilistes n'ont jamais contesté leurs torts. "Je n'ai jamais eu de souci pour les constats. A chaque fois il était évident que j'étais dans mes droits et j'ai été remboursée".
Cela dépend de la compagnie, et de son portefeuille
Pour François De Clippele, porte-parole Assuralia (l’union professionnelle des entreprises d'assurances en Belgique), un tel cas n'est pas exceptionnel. "Cela arrive assez fréquemment et cela dépend très souvent de la compagnie et de la santé de cette compagnie, de son portefeuille", nous indique-t-il avant d'ajouter: "L'idée, c'est que si une personne est souvent impliquée dans un accident, elle cause des frais administratifs. Et donc la compagnie fait usage de son droit de résilier un contrat et de décider de ne plus assurer une personne".
Et en effet, s'il est obligatoire de rouler avec une assurance, aucune compagnie n'a l'obligation de vous assurer. A l'inverse, un client n'a aucune obligation non plus. Il peut choisir la compagnie de son choix. On est donc dans un système concurrentiel où chaque compagnie tente de se montrer la plus attrayante, et où chaque automobiliste essaie de se faire passer pour le "meilleur" conducteur.
Evidemment, une fois qu'on se fait renvoyer par une compagnie, les choses se compliquent. "Maintenant, dès que je me présente dans une autre institution, on me refuse. Une fois qu'il y a un assureur qui résilie votre contrat, les autres vous refusent", déplore Pascale.
Fâchée, elle est allée demander des explications à sa compagnie, où elle était depuis 17 ans et dont elle espérait dès lors plus de compassion. "Cela me coûtait 95 euros par mois pour une voiture qui a 9 ans. J'avais l'omnium, mais aussi une assistance. Et ils m'ont dit que c'était à cause de ça. Je l'ai utilisée trois fois en plusieurs années, en plus des accidents. C'était pour faire réparer des petits éclats dans le pare-brise ou encore d'autres petit dégâts. Mais en même temps, on entend partout que si on a un éclat dans le pare-brise, il faut le faire remplacer avant que cela ne s'aggrave. Donc moi, ayant une omnium et une assistance, je fais la réparation dès que j'observe quelque-chose d'anormal. Si j'avais su, j'aurais plutôt à chaque fois sorti un billet de 50 euros".
Il faut "faire valoir son historique"
Pour François De Clippele, la situation de Pascale n'est pas "sans espoir". Il a d'ailleurs livré un conseil à faire valoir pour tous les clients qui cherchent une compagnie d'assurance. "Il faut garder à l'esprit que le marché de l'assurance est un marché concurrentiel. Il faut faire valoir son historique et mettre en avant le fait que les accidents dans lesquels une personne a été impliquée ne sont pas de sa faute".
Pour notre témoin, les recherches ne se sont pas encore avérées fructueuses. Elle est allée frapper à la porte de trois autres compagnies. Résultat: trois refus. Et chez son ancien assureur, il semble que la négociation ne soit pas possible. "En 17 ans, il y a eu une dizaine de dossiers à mon nom. L'explication qu'on m'a donnée, c'est que le système dit 'stop'. Et j'ai beau faire ce que je veux, c'est comme ça, malgré le fait que j'étais toujours en droit".
Pour débloquer la situation, une autre voie est encore possible: passer par un courtier. "Un courtier est un professionnel du secteur. Et c'est vrai que ce type d'intermédiaire sait mieux à quelle porte aller frapper. Mais aussi, ils ont un certain portefeuille de clients et ceux-ci ont parfois plusieurs produits à faire valoir, comme des assurances vie, des assurances familiales, ou incendie. Cela leur donne un certain poids pour convaincre ou pour négocier. Et en tant que professionnels, qui normalement connaît bien chacun de ses clients, ils savent aussi très bien quels arguments avancer", conclut François de Clippele.
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