Un habitant de Libin, Bernard, a pour projet de lancer une école de pilotage de drones. Ces engins volants commandés à distance se sont fort démocratisés et apportent de nombreuses perspectives dans différents secteurs commerciaux. Seul hic, l'absence de législation en Belgique qui freine les ambitions de Bernard.
"On a la possibilité de mettre des jeunes sur le marché de l’emploi, mais c’est refusé à cause d’un bout de papier." C’est sur cette affirmation que débute le message envoyé par Bernard via notre page Alertez-nous. Cet habitant de Libin (province de Luxembourg) est passionné de drones, ces avions sans pilote commandés à distance. Devenus moins chers grâce aux techniques de miniaturisation, ces appareils se multiplient de manière exponentielle sur les terrains civils.
Un secteur d'avenir
Les drones offrent des possibilités dans une multitude de secteurs. Prises de vue, inspections techniques sur des chantiers ou moyens de transport, ils devraient de plus en plus s'inviter dans notre quotidien. Des drones légers peuvent par exemple être utilisés à des fins de cartographie, de surveillance des lignes de chemin de fer ou encore dans l'agriculture. Ils peuvent aussi servir dans la lutte antiterroriste, à contrôler les frontières et la population, ce qui peut poser d'autres problèmes, comme le respect de la vie privée. "On en verra de plus en plus. Les drones vont proliférer, que ce soit le petit engin démontable qu'on peut mettre dans son sac à dos ou l'appareil de combat à puissance de frappe maximale", indiquait Doug Barrie, expert en aéronautique militaire de l'institut international d'études stratégiques (IISS) lors d’une conférence début février.
Les Etats-Unis en avance
Sans surprise, c’est aux États-Unis que les perspectives commerciales sont aujourd'hui les plus prometteuses, fait savoir le Monde diplomatique. Le Congrès a imposé une totale ouverture de l’espace aérien américain pour octobre 2015. D’ici à 5 ans, 7500 drones envahiront le ciel, selon l’Agence fédérale de l’aviation (FAA) qui a dévoilé le 7 novembre 2013 un plan réglementaire. Au niveau mondial, le cabinet d'étude Teal Group chiffre à 89 milliards de dollars le potentiel du marché civil et militaire sur la période 2013-2022. Comme pour les engins militaires, l’Europe est à la traîne. Seule, la France semble avoir pris les devants. En France, depuis l’entrée en vigueur de la loi sur l’utilisation du drone en mai 2012, on dénombre la création de 400 entreprises. "Le drone sera à l’aéronautique ce que le mobile est devenu à la téléphonie fixe", avait indiqué Frédéric Serre, fondateur de Delta Drone, serial entrepreneur grenoblois dans une interview sur Capital.fr.
"Voici une excellente opportunité"
Il existe deux catégories principales d'utilisateurs de drones: les particuliers qui s'en servent comme d'un "jouet", sous la forme d'un loisir, et les professionnels à la recherche d'images aériennes inédites. En Belgique, ces petits engins volants téléguidés à distance souffrent d’un cadre légal dans les deux domaines. Un problème pour Bernard, directeur d’une école de communication, qui souhaite créer son établissement de pilotage: "Il y a un vide juridique qui m’empêche de créer de l’emploi. Nous entendons tous qu'il faut créer de l'emploi pour les jeunes, voici une excellente opportunité."
Bientôt une législation
Notre rédaction a pris contact avec le SPF (Service Public Fédéral) Mobilité. "L’utilisation de drones n’est pas autorisée en Belgique. Des dérogations sont néanmoins possibles dans le cadre de vols d’essai, d’expériences scientifiques et d’objectifs d’intérêt public" nous a précisé son porte-parole, Thomas de Spiegelaere. Un projet d’arrêté royal concernant les aéronefs télé-pilotés est en cours d’élaborations. Même s’il est difficile d’en connaitre les tenants et aboutissants, Thomas de Spiegelaere a accepté de lever une partie du voile. Cet arrêté comportera quatre volets :
1. L’utilisation aérienne. Où les drones pourront-ils survoler le ciel belge ? Les terrains militaires, le port d’Anvers ou encore l'aéroport de Bruxelles seront interdits de survol.
2. L’aspect technique. Des normes (poids, taille, sécurité au sol pour les civils, homologation,…) seront précisées.
3. La formation des pilotes. Amateurs et professionnels devront obtenir un permis.
4. La certification des entreprises qui souhaiteront s'aider de cette technologie.
Bernard doit prendre son mal en patience
Bernard doit donc attendre la sortie de l'arrêté royal. Les fonds pour créer son école, il les possède. Ne lui manque que l’autorisation de faire de son projet une réalité. Face à la situation, le député David Clarinval, sensible à la cause de Bernard qu’il décrit comme une connaissance, a écrit au secrétaire d’État à la mobilité, Melchior Wathelet. Aucune réponse n’a été apportée. L'attachée de presse du secrétaire d'Etat nous a expliqué que ce dernier ne communiquait pas sur les cas individuels dans les médias ou au Parlement.
"Une évolution dans la société"
À l’heure actuelle, aucune date n’est prévue pour l’arrêté royal: "On espère qu’il puisse voir le jour avant la fin avril, avant les élections, mais nous ne sommes pas maitres de l’agenda politique", a précisé Thomas de Spiegelaere, avant de conclure: "Nous sommes conscients que les drones représentent une évolution dans la société et dans la vie de certaines entreprises.
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