"Les agents de sécurité doivent acheter leur uniforme de leur poche depuis 3 ans", s’indigne Julien (prénom d’emprunt car il veut garder l'anonymat), un gardien du centre fermé de Vottem à Herstal. "Il y a des nouveaux qui n’ont pas les moyens d’acheter leur équipement eux-mêmes. Notre salaire n’est pas bien lourd, c’est presque la moitié de notre salaire mensuel qui est dépensé dans notre équipement", s'offusque ce Liégeois d’une quarantaine d’années via notre bouton orange Alertez-nous.
"Avant, on nous fournissait des vestes, des pulls, des chemises et des chaussures de sécurité. Ça représentait un budget de 600 € pour les nouveaux et 450 € pour les anciens. Mais tout a basculé d’une année à l’autre", raconte Julien. Jean-Marc Delfosse, le secrétaire permanent du syndicat CSC Services publics confirme qu'"en effet les employés doivent payer leur équipement de leur poche (...) Les employés qui ont rendu leurs notes de frais avant le 14 novembre seront donc remboursés avant la fin de l’année 2019. Pour les autres, il faudra attendre début 2020", explique-t-il avant de saluer une direction qui "n’était pourtant pas obligée de rembourser car il n'y avait pas de cadre légal, elle a fait un pas vers nous."
Cette situation devrait cependant bientôt prendre fin : "Pour les années suivantes, nous avons conclu un accord avec la direction pour qu'une indemnisation réglementaire soit mise en place", rassure le syndicaliste. Jean-François Jacob, le directeur du centre fermé de Vottem, confirme que "cela fait 2 ans qu’il a été convenu avec les syndicats d’accorder la possibilité d’octroyer une indemnisation réglementaire avec laquelle les membres du personnel pourront acheter eux-mêmes leurs uniformes."
L'accord évoqué a été noué il y a donc deux ans. Pourquoi n'est-il pas encore d'application ?
"Plusieurs avis ont été demandés, notamment celui de l'inspecteur des finances, du budget et en ce qui concerne la fiscalité. Des ajustements ont ensuite été apportés à la décision afin de se conformer à ces avis", détaille le directeur du centre fermé de Vottem. On attend désormais un dernier avis, celui du Conseil d'État. Ce sera pour bientôt, précise le directeur.
En attendant que l'accord soit enfin d'application, les travailleurs doivent sortir l'argent de leur poche pour leurs vêtements. Et selon Julien, certains de ses collègues ne peuvent pas sortir la somme nécessaire, même s'ils seront remboursés ensuite. "Certains jeunes n’ont pas 600 € à dépenser dans du matériel de travail. C’est presque la moitié de leur salaire du mois qui y passe. Le délai de remboursement est trop long et ils se mettent dans une situation précaire en avançant cet argent", argumente-t-il.
Depuis que l’équipement n’est plus fourni, Julien affirme avoir cessé de suivre le "dress code" imposé par le centre fermé à ses gardiens : "On nous impose le bleu marine et le bleu ciel alors qu’aucun effort n’est fait. Je ne vois pas pourquoi je respecterais leurs envies alors qu’ils ne s’intéressent pas aux nôtres."
Julien accuse les syndicats d'être à la botte du patronat. "Lorsqu’on sait qu’ils concluent ce genre d'accord avec la direction sans consulter les employés, j’ai du mal à comprendre s’ils cherchent vraiment notre bien-être", déclare-t-il.
Un problème commun à tous les centres fermés de Belgique
Le directeur du centre fermé de Vottem tient à souligner que cette situation n'est pas spécifique à son centre: "L'accord, qui est actuellement examiné par le Conseil d'État, a été conclu avec les syndicats pour tous les centres. Les employés de Vottem ne sont pas les seuls à vivre cette situation." Le personnel de sécurité des 7 centres fermés de Belgique sont donc dans la même situation que Julien et son équipe: dans l'attente que le Conseil d'État rende sa décision en la matière.
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